Tour du monde en famille : comment préparer ses enfants ?
0| Mis à jour le 7 juin 2022
Le tour du monde en famille, fragilisé pendant deux ans à cause de la pandémie de coronavirus, est de nouveau sur le devant de la scène. De nombreux parents sont prêts à sauter le pas et à emmener leurs enfants à l’autre bout du monde. Mais comment préparer ses enfants à cette année un peu particulière ?
Comment organiser un tour du monde en famille ?
Partir en tour du monde avec ses enfants, s’ils ont plus de trois ans, c’est déjà caler les dates du voyage par rapport au calendrier scolaire. Le plus simple et le plus courant est de partir pendant l’été une fois l’année scolaire terminée (entre fin juin et début septembre) et de revenir avant le début de la rentrée scolaire suivante (entre fin juin et début septembre…mais pas trop tard afin de réacclimater vos enfants à la vie en France). Ainsi, dans cette configuration, vos enfants ne « rateront » qu’une année en classe.
Partir sur une année civile entière, de janvier à décembre, est une assez mauvaise idée car vos enfants rateraient deux trimestres du niveau inférieur et un trimestre du niveau supérieur (ex : deux trimestres de CE1 et un trimestre de CE2). De quoi désorienter rapidement vos enfants et de les mettre (peut-être) dans une situation délicate vis à vis de leurs camarades.
Pour les parents, on vous fait confiance mais voici quelques conseils pour poser une année sabbatique.
Question paperasse, pensez à obtenir les visas nécessaires dans les pays qui l’exigent, à prévenir votre banquier, à déclarer votre départ au centre des impôts, à obtenir un permis de conduire international et à souscrire une assurance « tour du monde » pour toute la famille.
A la question, faut-il acheter un billet tour du monde ? Voici les retours d’expériences de ceux qui ont dit « oui » et de ceux qui ont dit « non ».
Dans quel sens faire son tour du monde ? D’est en ouest comme Phileas Fogg et Passepartout dans le roman de Jules Verne. Ou plutôt d’ouest en est comme les marins du Vendée Globe ? Voici les retours d’expériences de ceux qui ont commencé par les Amériques et de ceux qui ont commencé par l’Asie.
Adepte de la vanlife, voici 5 conseils pour aménager vous-même votre van. Et parce que nous ne sommes pas avare en conseils, voici 5 astuces pour réussir son tour du monde en van.
Comment préparer ses enfants à un tour du monde ?
Pour répondre à ce questionnement, nous avons fait appel à Anne Juteau, psychologue à Paris.
Quand et comment annoncer à ses enfants le projet de tour du monde en famille ?
C’est essentiel que les parents aient réfléchi au pourquoi. Pourquoi ce projet ? Pourquoi c’est important pour eux ? Qu’est-ce qu’ils en attendent ?
Il n’y a pas de règle mais c’est important d’amener le projet progressivement. Il faut amener les enfants sur l’idée d’un grand voyage tous ensemble, comme une aventure familiale. Où ils rêveraient d’aller, qu’est-ce qu’ils aimeraient découvrir, quelles expériences veulent-ils vivre, qui rencontrer ? Puis, les intéresser peu à peu à un projet possible, afin qu’ils se sentent impliqués, écoutés et pris en compte.
Plus ils sont grands, plus c’est important d’en parler en amont afin de les impliquer et ainsi avoir l’adhésion au projet. S’ils sont petits ce sera surtout important d’expliquer le projet quand il sera déjà bien avancé avec des choses claires, prévisibles et des repères.
Comment « vendre » le projet d’un tour du monde à ses enfants ?
C’est la suite logique de la question précédente. C’est avant tout un projet des parents, et pour le « vendre » aux enfants, il est vraiment nécessaire que ce projet soit déjà bien réfléchi et pensé par les parents. Il est essentiel qu’ils puissent se montrer rassurants, et qu’ils puissent répondre aux questions et inquiétudes éventuelles de leurs enfants. Pour cela il est important de montrer sur une carte, de matérialiser où on va aller, comment on va y aller, quand, combien de temps (utilisez un calendrier !), qu’est ce qu’on va y voir, y trouver…
On peut matérialiser le trajet, les impliquer, leur faire dessiner la route, les moyens de transports… Pourquoi pas avec des enfants de primaires ou de maternelles faire un pré-carnet de voyage, avec dessins, collage… afin que les petits sachent davantage à quoi s’attendre, et que les plus grands s’intéressent au projet de façon plus concrète et donc plus rassurante.
Un tour du monde avec les enfants, est-ce que ça demande de l’entraînement ?
Que ce soit un voyage court ou long, cela implique des questionnements, des réponses à apporter aux enfants, quelque chose de réfléchi en amont si on veut que cela se passe bien. Donc il me semble que « l’entrainement » n’est pas une démarche nécessaire, à moins que le parent ait lui même besoin de se rassurer dans la réalité sur comment pourrait se passer un grand voyage en famille. Si la famille n’est pas prête, c’est peut-être un projet à repenser.
Proposer quelque chose de prévisible et réaliste à l’enfant, ne pas lui vendre que du rêve, c’est important d’être vrai et qu’il puisse s’attendre à certaines choses. Il y aura des belles surprises et aussi des imprévus, mais dans un cadre prévisible, il pourra mieux les supporter.
Il est souhaitable qu’un parent « suffisamment bon » comme le dit Winnicott, c’est à dire un parent qui fait par essais et erreurs mais dans l’intérêt de son enfant, saura voir et se rendre compte au cours du voyage ce qui est trop difficile pour ses enfants et donc rectifier le trajet, la durée, les journées… On prévoit un cadre rassurant qui permet de projeter, mais on adapte ce cadre en fonction de la réalité du voyage.
Comment faire comprendre aux enfants qu’ils n’auront temporairement plus de maison, ni de chambre, qu’ils doivent se séparer de la plupart de leurs jouets ?
C’est très important de parler avec les enfants de ce qui va changer pour eux, de ce qui peut éventuellement manquer mais qu’ils retrouveront au retour. Il ne faut surtout pas éviter de parler de cela, ils pourront bien mieux le supporter si on en parle avant. Prendre du temps pour les aider à choisir sur ce qu’ils aimeraient emmener, sur ce qui est vraiment important pour eux, et sur ce qui est possible en fonction des impératifs du voyage.
Plus ils sont petits, plus cela va peut être demander du temps pour qu’il puissent accepter de se séparer de certains objets. Ecoutez leurs arguments, essayez d’être emphatique avec ce que cela leur fait de quitter leur maison, leur chambre, leurs jouets, qui représentent leur base connue, rassurante et sécurisante. Vous pouvez leur expliquer qu’ils vont garder cela dans leur tête, que ces souvenirs, ces endroits, ces objets, ne vont pas disparaitre de leur tête, ne vont pas s’effacer et que pendant le voyage ils pourront les retrouver en y pensant, ou en emmenant des photos, des dessins… Ce sont des souvenirs rassurants, retrouvables dans la tête pendant le voyage, et en vrai à leur retour.
Comment expliquer à ses enfants la rupture avec l’école, l’instit’ et les camarades de classe ?
Il faut prendre le temps de bien parler des changements que le voyage va impliquer au sujet de l’école car un enfant passe beaucoup de temps à l’école. C’est une partie importante de sa vie qui va totalement changer pendant le voyage. Prendre en compte son attachement ou non à l’école ou à ses amis, discuter de : ses peurs de ne plus être un bon élève au retour, ou au contraire son enthousiasme à ne plus aller en classe, le manque de ses copains et la peur qu’ils l’oublient et ne l’aiment plus à son retour…
Vous pouvez lui proposer des solutions pensées en amont avec lui pour les devoirs : comment vous allez lui faire suivre les cours durant ce voyage, dans quelles matières ? Expliquez que ce que vous avez prévu sera rassurant, ça évitera le sentiment de tomber dans un grand vide angoissant. Car quand on parle de voyage à un jeune enfant, il pense aux vacances. Or, un long voyage n’est pas uniquement une parenthèse de loisirs. Ce sont des expériences qui seront pleine d’enseignements et d’apprentissages.
Garder le contact avec les amis, et aussi les proches est bien sûr capital pour l’enfant, pour le rassurer, pour maintenir le lien tout au long du voyage, lui signifier qu’il ne va pas tout perdre. Pour cela vous pouvez envisager des contacts réguliers, prévus, et donc attendu par les enfants.
C’est important de rendre les enfants acteurs du projet en amont et pendant le voyage par l’intermédiaire par exemple d’un carnet de voyage, d’un blog dans lequel l’apprentissage scolaire peut tout à fait y trouver son compte, de leur donner le rôle de photographe, vidéaste, de géographe, d’archéologue, de géologue…des choses pour les intéresser, les impliquer. Les échanges Whatsapp ou Zoom peuvent être parfois aussi prévu avec ses camarades dans un projet de classe. Vous pouvez en parler avec l’enseignant de l’enfant afin de voir ce qui pourrait être intéressants pour les enfants, ceux qui partent et ceux qui restent en classe.
Comment réagir lorsqu’un enfant n’adhère pas au projet ? Comment lui faire accepter la décision sans le contraindre ?
Essayez de lui faire parler de ses peurs, de ce qu’il refuse afin comprendre au mieux son point de vue. Vous pourrez alors vous montrer plus rassurant sur certains aspects que vous aurez entendu, et peut être modifier ou adapter certaines choses en fonction de ses craintes. C’est important que l’enfant se sente entendu même si pour autant c’est le parent qui décidera vraiment de faire ce grand voyage en famille. Plus il est grand, plus ce sera peut être difficile de quitter ses amis, le manque social sera plus couteux pour lui. Il faudra donc d’autant plus veiller à ce qu’il puisse maintenir une bonne communication avec ses amis.
Pourquoi ne pas prévoir de retrouver des proches, de la famille ou des amis à certaines étapes du voyage s’ils sont disposés à vous rejoindre le temps des vacances ? Cela permettrait de maintenir un lien plus fort, plus réels et de rassurer ceux qui sont embarqués dans le voyage et ceux qui restent (ex : les grands-parents, les oncles, tantes, cousins des enfants).
Y-a-t-il un âge ou un niveau scolaire moins propice au départ en tour du monde ?
C’est peut être plus judicieux d’éviter les années scolaires charnières, de changements d’établissements comme le CP, la 6ème, la seconde. Ce sont des années où on se fait de nouveaux amis, où les groupes se constituent. Il sera peut être plus difficiles de s’intégrer en revenant. Ce sont aussi des années d’apprentissage importantes et de changements pour l’enfant, qu’il a attend ou appréhende.
Ensuite, il faut prendre en compte les difficultés de l’enfant. Si l’apprentissage scolaire est facile et agréable pour l’enfant, il devrait pouvoir bien se réadapter au retour. Si c’est plus difficile, ce sera vraiment à prendre en compte pendant le voyage, peut être lui montrer une autre façon d’apprendre, plus en lien avec les expériences vécues qui permettent de travailler les sciences, la géographie…
Le mot de la fin ?
Si un projet de tour du monde ou voyage au long cours est pensé bien en amont et expliqué sans l’enjoliver et sans nier les craintes de l’enfant, il a toutes les chances d’être bien accepté et bien supporté par l’enfant, et cela peut devenir une belle aventure familiale.
Réécoutez le podcast Allo La Planète spécial « Enfants en voyage » avec notamment la famille Poussin, explorateurs en herbe, et la photographe Madame Oreille.
Quel budget pour un tour du monde en famille ?
C’est une question qui revient souvent : quel est le coût d’un tour du monde en famille ? Difficile à dire. Tout dépend à combien vous partez (avec 1 enfant, 2, 3…), comment vous voyagez (vous réservez toutes les nuits en hôtel, vous voyagez en van, vous faites du couchsurfing…) et dans quel pays vous vous rendez. Un voyage en Amérique du nord coûte forcément beaucoup plus cher qu’un voyage en Asie du sud-est. Evidemment, votre budget varie selon vos activités. Un musée et un resto, ça coûte plus cher qu’une balade en forêt avec un pique-nique.
Globalement, on estime qu’un tour du monde en solitaire pendant un an coûte en moyenne 15 000 €. Le comparateur A-contresens estime que ceux qui voyagent pendant un an en sac à dos et en limitant les dépenses au maximum peuvent s’en tirer pour 4 000 € par personne tandis que ceux qui ont un budget « no limit » peuvent dépenser jusqu’à 50 000 € par tête !!
La bonne nouvelle, c’est que les enfants coûtent moins cher que les adultes en voyage. Les tickets pour les parcs naturels ou les musées sont généralement à tarif réduit, ou même offerts !
Voici quelques tips pour vous aider à limiter les dépenses de votre tour du monde.
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