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Le blog voyage by Chapka

Nantes à l’eau, l’histoire d’un tour du monde en bateau

Nantes à l'eauC’est un tour du monde en voilier…et à la couleur Nantes à l’eau. A la barre, Julie et Victor, deux jeunes « dans le vent » depuis qu’ils voguent sur les océans.

Sur le continent, Julie est designer graphique dans le secteur de la littérature jeunesse. La jeune femme de 27 ans a souhaité s’emporter un peu de travail à bord. Ce n’est pas parce qu’on part voyager qu’on ne peut pas continuer à travailler. Elle a lancé le site Encre Sèche, un dispositif d’ateliers graphique autour de l’univers marin à destination des enfants. C’est tout naturellement qu’elle prend en charge les activités de communication autour du projet Nantes à l’eau.

Victor, 32 ans, est plombier chauffagiste. La voile, c’est son dada. Il a commencé à l’adolescence aux côtés de ses parents. En 2007, il traversait l’Atlantique avec son père. Son expérience le nomme directement capitaine en chef ! En-dehors de ce titre, il est aussi bricoleur multi-casquettes, pêcheur par loisir, cuisinier hors pair et heureux guitariste. Nous les avons rencontrés pour une interview à bon port…

Julie, comment as-tu commencé la voile ?

Mise à part quelques cabotages en vacances sur les côtes bretonnes dans l’enfance, j’ai concrètement débuté lorsque j’ai rencontré Victor. Alors les trois années de préparation ont à la fois été riches en apprentissage et courtes pour emmagasiner tout ce qui est nécessaire à un tel voyage.

Présente-nous ce projet Nantes à l’eau…

Nous avons tous les deux grandi à Pontivy en centre Bretagne, mais nous habitions à Nantes depuis quatre ans avant de partir en voyage à bord d’un voilier… d’où Nantes à l’eau. Nous avons largué les amarres le 8 juillet du chantier de l’Esclain (Nantes), sur nôtre Happy Squid, un Gib’sea 312 de 9 m, afin d’aller préparer notre aventure en famille à Quiberon. Nous sommes véritablement partis le 22 août dernier vers Madère, notre première escale.

Pourquoi avez-vous eu l’idée de faire ce tour du monde en voilier ?

Pour le goût de l’aventure bien sûr ! On avait très envie de faire (encore) un grand voyage avant que trop de responsabilités ne s’abattent sur nous (job, achat immobilier, enfants, etc.). Mais nous étions lassé par le sac à dos. C’est Victor qui a apporté l’idée d’un tour du monde en voilier. J’ai bien aimé le délire. Ce n’est pas tout d’en avoir l’idée car monter un tel projet s’avère être un véritable engagement sur du long-terme. Petit à petit, nous avions pris conscience de l’ampleur de la tâche qui nous attendait. Ce n’est pas plus mal car ce genre d’aventure a besoin d’être mûri, afin d’être fin prêt dans sa tête le jour du départ.

Ce projet nous aura demandé et nous demande toujours énormément d’investissement personnel, de rigueur et de dépassement de soi. C’est 3 ans de préparations et 3 ans sur l’eau.

Comment s’organise la vie à bord ?

Comme dans une maison, les rôles sont répartis, afin qu’il n’y ai pas deux chefs au même poste…pas toujours simple. Ils divergent aussi en fonction du moment, de l’état et de l’envie de chacun.

Avec notre budget, nous sommes forcés à être le plus autonome possible. Il faut faire un maximum de choses par nous-même et à tous les niveaux : entretien du bateau, cuisine, démarches administratives, organisation des activités à terre. Nous savons bien évidemment passer la main, quand nos compétences sont limitées dans un domaine. Mais la vie en bateau nous donne le temps nécessaire pour en apprendre tous les jours…

En fait, tout prend du temps. C’est encore plus flagrant sur un petit bateau comme le notre. Les corvées cadencent nos escales. Il faut faire le plein (eau, gaz, nourritures), réparer, nettoyer. Nous sommes rarement seuls en cas de pépin. Il règne une vraie solidarité en mer, que ce soit en marina ou au mouillage. Les gens ne sont pas avares en bons conseils, coups de mains ou bons plans.

Tour du monde sur l'eau

A bord, chaque chose a sa place et chaque place a son utilité, tout est optimisé. La rangement est méthodique de façon à disposer des éléments les plus importants à portée de main. A savoir, le bateau est agencé différemment en escale et en navigation. Nous n’avons pas besoin des mêmes instruments, nous ne dormons pas au même endroit, les priorités ne sont pas les mêmes. Dans l’un, on sort les masques et tubas, on reçoit pour l’apéro et on en met un peu partout… Et dans l’autre, tout doit être calé pour ne pas voler, le réveil sonne toute les trois ou quatre heures, rien ne doit traîner… Plus nous avançons dans le voyage, plus nous trouvons le bateau grand.

A bord, la vie nous contraint a tirer un trait sur notre confort. La douche se prend dehors à l’eau de mer, les déplacements sont périlleux et il n’y a pas autant de stimulations qu’en centre-ville de Nantes. Il faut aussi apprendre à s’ennuyer !

Petite douche improvisée

Au bout de 6 mois de voyage, nous pouvons enfin dire que nous avons trouvé un rythme. Une mécanique bien huilée qui ne cessera jamais de se perfectionner.

Entre Madère et les Canaries, qu’avez-vous préféré ?

Je crois que malheureusement, nous n’avons pas découvert les plus belles îles des Canaries. Si la Graciosa et Tenerife restent de très bons souvenirs, nous aurions préférés aller voir les îles de l’Ouest (La Palma…). Paraît-il, elles sont à couper le souffle et davantage préservées. Le vent et le timing nous en ont privés.

Madère est surprenante pour sa diversité végétale et pour ses randonnées. Nous ajoutons un coup de cœur pour Porto Santos, une des îles de l’archipel, paisible et bucolique. Première escale du voyage, elle avait forcément une saveur toute particulière pour nous.

Un tour du monde à la voile et en couple

Une vue magique sur l’Atlantique

Racontez-nous votre expérience au Cap Vert.

C’est le premier vrai dépaysement du voyage. Un mélange entre l’Afrique et les Antilles. Après quelques jours à Mindelo sur l’île de Sao Vicente, nous avons choisi de laisser le bateau au mouillage pendant trois jours pour aller visiter l’île voisine de Santo Antao. Ce qui est stressant, c’est que les bateaux restés au mouillage plus d’une journée sont des proies faciles pour les visiteurs nocturnes.

Santo Antao, c’est le verger du Cap Vert. Les habitants vivent principalement de l’agriculture. Pour visiter l’île comme il se doit, il faut au moins deux semaines. Comme ce n’était pas possible, nous nous sommes établis à la Casa Espongeiro, une auberge tenue par nos hôtes Alain et Lucie.

Y a t-il des randonnées à faire dans le coin ?

La meilleure, la boucle Espongeira-Losna-Rabo Curto-Espongeiro. Comptez sept heures de marche environ. Il y a un dénivelé de plus de 1 350m. Si on dépasse toute appréhension, la récompense est de taille. Les levadas (systèmes d’irrigation) nous baladent à travers des villages, des chemins à flan de falaises, des oasis improbables encaissés dans les crevasses des montagnes où les cultures sont savamment étagées et irriguées en terrasse. Il y a une diversité des plantations : canne à sucre, cucurbitacées, café, bananes, etc. Quand vient l’heure de manger, nous tapons à une porte pour avoir un petit café. Nous sommes accueillis chaleureusement.

Dans ce coin reculé, il n’existe aucune voie permettant aux voitures de circuler. Les habitants sont à 3 heures de marche de la moindre route. Nous croisons quelques hommes accompagnés d’ânes et de gros paniers. Ils leur faut la journée pour faire les courses. Une fois en bas du mur que nous avons à gravir, une brume humide vient se déposer sur les végétaux, ajoutant à l’ascension un coté mystique. Le sentier se termine, non sans sueur, dans une forêt de beaux spécimens de pins de Canaries, au bout de laquelle on découvre un point de vue sur la caldeira de Cova. Heureusement qu’un repas gargantuesque nous attendait à notre arrivée.

Cette randonnée n’est indiquée dans aucun guide et il n’y a aucun touriste. Le tracé a été réalisé par notre hôte Alain.

Quelles sont les îles que vous avez préféré dans les Caraïbes ?

Marie Galante, car c’est bien moins touristique que ses voisines. C’est un lieu où les gens se disent encore bonjour dans la rue. C’est forcément une escale plus plaisante que les autres. Il y a aussi San Blas à Panama, juste avant de passer dans le Pacifique. Cet archipel a déjà un goût de paradis absolu et de bout du monde.

découvrir marie galante

Une virée à Marie Galante

Est-ce facile de passer le canal du Panama ?

On avait lu tout un tas de choses sur le sujet avant d’y arriver. Il y a une grosse psychose (à laquelle nous avons participé), de la part des navigateurs, qui se font tout un monde des formalités à Panama, que se soit pour l’immigration, le permis de navigation ou pour le transit du canal. La seule chose qui est sûre c’est que c’est un flou artistique quand à la marche à suivre : visa / pas visa, permis de navigation ou pas, avec un agent officiel ou sans, bakchich / pas bakchich….Toujours est-il que tout le monde parvient à passer le canal et que personne ne débourse la même chose. Même si tout le monde paye de toute façon une belle somme.

Qu’allez-vous faire de beau dans le Pacifique ?

Et bien se perdre très certainement. C’est le meilleur moyen de le découvrir. Afin de couper un peu la navigation, les Galapagos feront office de terre d’accueil pour quelques jours, avant de reprendre le large vers Les Marquises en Polynésie. Nous devrons partir de mai à la fin octobre pour rejoindre la Nouvelle-Zélande afin de se mettre à l’abri pour la saison cyclonique. Une route semée d’atolls : les Tuamotus, les îles de la Société, les îles Cooks, les Samoas, les Tongas,… qui sait peut être que nous tomberons amoureux de ces eaux turquoises. Je dis ça parce que c’est la discussion du moment : tour du monde ? 2 ans dans le Pacifique ? L’avenir nous le dira.

C’est quoi le top 3 des repas un peu cool que vous avez fait sur le voilier ?

Le top 3 des repas trop cool tu veux dire ! Car tout ce qui change un peu des pâtes et du riz devient forcément cool. Faire a manger, on adore. On y a même dédié une rubrique sur le site : De la mer à l’assiette.

  1. Un burger de dorade 100% maison au milieu de l’Atlantique.
  2. Thazards à la tahitienne.
  3. Soupe de lentilles au poisson perroquet.
Cuisiner sur un voilier autour du monde

Un appétissant burger à la dorade 100% maison…ou devait-on dire 100% bateau ?

Est-ce que vous avez eu des pépins avec le bateau ?

Les emmerdes en bateau, ça fait presque partie du quotidien. Alors on a arraché un chaumard à Aruba, déchiré un bon morceau de voile à Madère et une vague est rentrée dans le bateau au nord de la Colombie ouvrant par la même occasion un pot de lait en poudre (je vous laisse imaginer le résultat). Pour ce qui est des frayeurs, on a couché le bateau dans une vague pendant la transat et on a failli casser un haubans dans la mer des Caraïbes. Ce qui nous a valu un stop imprévu à Aruba.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

D’autres idées, d’autres îles paradisiaques, d’autres découvertes, d’autres bons petit plats à bord, d’autres galères administratives, d’autres emmerdes, d’autres rencontres… car on n’a pas envie que ça s’arrête là ! Et si au milieu de tout ça, on peut rester sain et sauf, ça nous va bien aussi…


Retrouvez leurs aventures sur leur blog Nantes à l’eau.

 

2 commentaires

Le Livec Yann
Le Livec Yann

1 juillet 2018

Récit et conseils interessants et très sages.
Corinne et moi preparons en ce moment notre depart, egalement sur un petit voilier que nous reorganisons completement pour nous deux.
A bientot dans un atole ou au beau milieu d un ocean......
Cdt
Yann

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Catineau Sandrine
Catineau Sandrine

15 septembre 2017

Article sympa.
Bon vent à vous et peu-t- être à un de ces jours sur l'eau !

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