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Le blog voyage by Chapka

Parcourir les Andes à cheval, le défi de Paul et Justine

Paul et Justine ont vécu pendant quatre ans au Pérou. Ils ont eu la chance de faire des volontariats internationaux. Justine travaillait à l’Agence Française de Développement, banque publique qui finance des projets de lutte contre le dérèglement climatique et qui œuvre pour l’entrepreneuriat dans tout le pays. Quant à Paul, il travaillait pour le compte d’EDF sur le développement des centrales solaires dans des petites villes en Amazonie.

Ils ont eu un coup de cœur pour l’Amérique latine et ils parcourent désormais les Andes à cheval.

Comment avez-vous eu l’idée de parcourir les Andes à cheval ?

Paul est un baroudeur expérimenté, qui a l’habitude de la randonnée et des bivouacs en pleine nature. Justine est une passionnée d’équitation et de chevaux. Les premiers ingrédients pour le voyage étaient présents ! Après plusieurs années à travailler à Paris puis à Lima dans des jobs intéressants mais très prenants, l’idée de faire un voyage qui nous permette de vivre autrement et de rompre avec nos modes de vie a commencé à germer.

Nous avions eu l’occasion de parcourir les Andes péruviennes où nous avons découvert une culture très riche et des paysages magnifiques et préservés. Le fait de maîtriser l’espagnol et d’avoir une première expérience du continent a confirmé notre choix de voyager sur le continent latino-américain. Par sa culture équestre importante et sa tradition de l’accueil, le choix de l’Argentine s’est imposé à nous pour débuter le voyage.

Comment vous êtes-vous préparés pour ce voyage à cheval à travers l’Amérique latine ?

La préparation d’un voyage au long cours à cheval est assez longue, surtout que nous avions beaucoup de choses à apprendre, s’agissant de notre premier voyage de ce type ! Nous avons commencé à réfléchir à l’itinéraire un an et demi avant le départ et à nous renseigner sur les formalités administratives notamment de passage des frontières avec les chevaux.

Par le biais de l’association des Cavaliers au Long Cours (CALC), qui regroupe des passionnés de voyage à cheval, nous avons pu recevoir de nombreux conseils et nous former : maréchalerie, premiers soins vétérinaires, bâtage (le fait de charger un cheval avec tout l’équipement nécessaire au voyage, soit une cinquantaine de kilos) à travers un stage de 5 jours. Nous avons aussi fait un mois de Woofing (volontariat contre gîte et couvert) dans une ferme équestre dans la Drôme pour approfondir nos connaissances en soin des chevaux.

Enfin, notre petite fierté : nous nous sommes formés à Lima auprès d’un artisan au travail du cuir et nous avons pu ainsi fabriquer nous-mêmes nos sacoches, fixées a l’avant et a l’arrière de nos selles. Et elles font leurs preuves !

Est-ce facile d’acheter des chevaux en Patagonie ?

Trouver des chevaux qui remplissent tous les critères pour réaliser ce type de voyage dans de bonnes conditions n’est pas une chose aisée : les chevaux doivent être rustiques, en bonne santé, dans la force de l’âge et avec suffisamment de sang froid. Par ailleurs, si San Carlos de Bariloche est un bon point de départ du fait de son accessibilité depuis Buenos Aires et la présences des administrations, sa bonne situation touristique rend la recherche de chevaux plus difficile. Les propriétaires de bons chevaux préfèrent les garder pour organiser des balades avec des touristes l’été. De plus, les méthodes de dressage de certains gauchos sont parfois assez brutales ce qui rend les chevaux méfiants envers l’homme. Enfin, nous sommes arrivés à Bariloche mi-août, soit a la fin de l’hiver, et de nombreux chevaux étaient très maigres. La recherche de chevaux n’a donc pas été aisée et nous avons mis 2 mois a compléter notre équipe et à pouvoir prendre la route.

Nos trois chevaux ont entre 8 et 12 ans. Et chaque cheval a son petit caractère, ils sont assez différents les uns des autres, mais ils forment maintenant, après deux mois de voyage, une équipe très soudée qu’il est difficile de séparer !

Mapu est le premier cheval qui nous a rejoint, quelques jours après notre arrivée. Quand nous l’avons essayé, bien qu’il fut très maigre et avec des marques anciennes de blessures de harnachement, nous avons eu un coup de cœur pour lui. C’était donc un pari, mais nous avions plusieurs semaines pour le remettre en état. Il est maintenant très bien portant, et très gourmand ! Il adore goûter toutes les plantes possibles, même s’il reste passionné par le coiron, un type d’herbe sèche qui pousse dans les zones arides de Patagonie. Mapu avait déjà tout fait dans sa vie d’avant, il est toujours partant et de bonne volonté même s’il reste assez indépendant. Son péché mignon : les bains de pied dans les rivières et flaques de boue !

Tango, lui, a un caractère assez spécial : très gourmand, paresseux sauf quand il marche sur la route et dans les descentes, il est aussi un peu peureux et il lui arrive de s’effrayer pour des choses inattendues. S’il s’est bien habitué aux voitures, il lui arrive parfois d’avoir peur de son tapis de selle qu’il voit pourtant tous les jours ! Tango est très malin : il ne s’emmêle jamais dans ses cordes, trouve toujours la meilleure solution pour améliorer son confort et est en train d’apprendre à défaire les nœuds…

Turca, la jument du groupe, est la plus volontaire et dynamique : jamais elle n’est fatiguée et elle n’affectionne rien de plus qu’un petit galop dans les champs. A ce moment là, difficile de l’arrêter ! Elle est très soudée avec ses deux compagnons et peut se montrer très angoissée si elle les perd de vue. Quand elle porte le bat, et que nous sommes sur des chemins sans risques de voitures, elle nous suit sans corde pour ne pas perdre ses copains.

Turca et Mapu s’alternent pour porter le bat. Ce sont le reste du temps les chevaux de selle de Pau. Justine monte Tango la plupart du temps.

Comment s’adapte votre chien à ce voyage ?

Palta, notre chien, a une bonne capacité d’adaptation : il est né dans un quartier défavorisé de Lima et a ensuite pas mal voyagé depuis que nous l’avons adopté. Il est aussi bien habitué à la vie en ville qu’au grand air. Grace à l’entrainement physique avant le voyage et à ses bonnes aptitudes, il n’a pas eu de mal à tenir le rythme du voyage. Cependant, ses coussinets peuvent le faire souffrir si le chemin est trop pierreux ou le bitume trop chaud : nous alternons dans ces cas là entre le port de petites chaussures, que Palta apprécie peu, et de le charger à cheval, devant la selle. Il adore ça : il a pris l’habitude de demander à être chargé quand il est un peu fatigué et observe le monde d’en haut comme un roi le ferait pour son royaume !

Il est aussi très protecteur envers nos affaires et les chevaux. Il lance l’alarme quand un intrus, humain ou animal, s’approche. Alors qu’il était avant parfois un peu bagarreur avec les autres mâles, il marche entre les chevaux quand nous rencontrons des chiens agressifs, ce qui les dissuade souvent  de s’approcher. Il adore poursuivre les nombreux lièvres que nous croisons – sans jamais les attraper – et déteste la chaleur, qui est plus pesante avec l’entrée dans l’été.

Est-ce que vous avez défini votre itinéraire à l’avance ?

Nous avons défini un itinéraire au fur et à mesure de la préparation du projet, sans pour autant s’obliger à le suivre lors du voyage. En effet, les conditions rencontrées sur le terrain sont parfois très différentes de ce que l’on s’imagine pendant la préparation. Les nombreuses rencontres faites en chemin de gauchos et de bergers qui cheminent à cheval nous ouvrent aussi d’autres options d’itinéraires basées sur leur connaissance de ces régions. Ce sont généralement ces recommandations, souvent très avisées, que nous suivons pour nous guider. Nous cherchons par ailleurs à nous éloigner des routes au profit des chemins de montagne, où le trafic est bien moindre et les accès libres à l’eau et à l’herbe plus nombreux.

Combien de kilomètres parcourez vous par jour environ ?

Nous parcourons entre 20 et 40 km par jour, avec la nécessité quotidienne de trouver un lieu de bivouac avec de l’herbe et de l’eau en suffisance pour assurer le bon affouragement des chevaux. Cela nous demande de vivre avec une incertitude quotidienne sur le lieu de bivouac. Le kilométrage quotidien est défini in fine par le lieu qui remplira ces caractéristiques. Jusqu’à présent nous avons toujours pu assurer à nos chevaux un bivouac adéquat, souvent grâce à l’accueil sans faille des Argentins ! Nous alternons ainsi entre campements en pleine nature et nuits chez l’habitants, de nombreuses personnes nous accueillant à bras ouverts.

Vous avez pour projet de remonter jusqu’au Pérou en passant par la Bolivie. Le projet vous semble-t-il toujours aussi réaliste ?

L’itinéraire que nous avons prévu est assez ambitieux puisque il nécessite de passer deux frontières : entrer en Bolivie depuis le nord de l’Argentine, puis arriver au Pérou, dans un contexte réglementaire peu clair sur les prérequis nécessaires pour passer ces frontières malgré de nombreux contacts avec les autorités sanitaires des trois pays. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas nous presser et voulons profiter de notre voyage et des rencontres que nous faisons, nous nous laissons donc le temps de voir ou nous serons dans un ou deux mois pour valider la possibilité de poursuivre en Bolivie et au Pérou. Encore de l’incertitude !

D’où est-ce que vous nous écrivez actuellement ?

Nous sommes actuellement dans la petite ville de Malargüe, située dans la province de Mendoza. Depuis San Carlos de Bariloche, nous avons parcouru plus de 1200 kilomètres en deux mois soit autour de 600 km par mois en comptant une pause de deux a trois jours tous les 8 a 10 jours.

Est-ce que vous avez eu des pépins pendant votre voyage ?

Un voyage sans pépins n’existe pas ! Heureusement les nôtres ont été sans gravité ou se sont bien résolus : un début de pneumonie bien soignée alors que nous étions en train de trouver des chevaux, une paire de lunettes cassée suite à une chute de cheval sans gravité, des petites blessures sans gravité de notre côté ou chez les chevaux…

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

De bonnes conditions de voyage et la chance de poursuivre les très belles rencontres avec les habitants des Andes qui enrichissent énormément notre voyage !

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