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Le blog voyage by Chapka

Uralistan, un voyage à moto à travers l’Eurasie

Marion et Jérémy ont vécu au Laos pendant quatre ans et ont fait un tour de France pour écrire un livre d’itinéraires à moto. Ils sont également partis en side-car Ural sur les pistes et les routes d’Eurasie.

Le projet se nomme Uralistan, « Ural » fait référence à leur monture soviétique et « stan » évoque les pays traversés que le commun du mortel ne sait pas trop où placer sur une mappemonde : Afghanistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Pakistan, Tadjikistan, Turkménistan.

Ils partagent leurs péripéties sur leur site internet, sur Facebook, Instagram et YouTube. Et désormais dans une interview pour le blog Chapka.

Vous êtes adeptes des voyages à moto et vous avez sorti un livre d’itinéraires insolites en France

A l’origine, nous devions partir pour notre périple eurasien en avril 2020. Sauf que ? Patatras, le Covid débarque et nos plans tombent à l’eau. Mais un beau matin de 2021, les éditions Larousse nous proposent de concevoir un livre compilant 50 itinéraires moto à travers la France. Nous voilà donc lancés dans une exploration de l’hexagone avec notre side-car Ural pour concocter des trajets entre incontournables et hors des sentiers battus. Après un mois de préparations avec l’aide de motards locaux, nous sommes partis arpenter les routes françaises, soit plus de 18 000 km en 5 mois. Notre livre : Week-ends à moto, 50 itinéraires insolites en France est paru en avril 2022. Il est disponible en librairie et sur les sites de vente en ligne.

Vous êtes désormais spécialistes des voyages à moto en Eurasie. Pourquoi cette région du monde plus qu’une autre ?

Le goût de l’inconnu sans doute. Cette partie du globe est restée assez peu touristique alors forcément ça nous attire. Loin de nous l’idée d’être des découvreurs de coins inexplorés ! Seulement, les rencontres que nous y avons fait avaient ce génial parfum d’authenticité et de spontanéité. Des échanges purement motivés par la curiosité. Et puis, n’oublions pas que les -stans et la Mongolie sont les terres du nomadisme ! Là-bas, se déplacer avec sa maison dans le coffre est un mode de vie, s’offrir aux éléments extérieurs une philosophie. Alors, pour nous qui voyageons en mode moto-tente, le lien est très fort. Dans un tout autre registre, cette zone du monde est accessible par la route. Pourquoi c’est important ? Nous ne souhaitions pas faire envoyer l’Ural en bateau ou en avion. Exit donc les Amériques ou l’Australie.

voyage à moto eurasie

Quel est le plus beau pays en stan ?

C’est une question compliquée ! Cependant, nous avons eu un énorme coup de cœur pour la diversité des paysages du Kirghizistan. Ses décors verts font un bien fou après les centaines de kilomètres de steppes kazakhes désertiques. Les montagnes du Pamir au Tadjikistan sont aussi spectaculaires mais parfois la piste est si inconfortable qu’il est moins facile de les apprécier pleinement. Quant à l’Ouzbékistan, ce sont surtout les villes qui sont magnifiques (Khiva, Boukhara, Samarcande…). Quant au Kazakhstan ? Disons qu’y parcourir des milliers de kilomètres sur des routes rectilignes aux paysages absolument plat relève de l’exercice méditatif. Une sorte de challenge introspectif.

Les routes du Pamir au Tadjikistan.

Quel est le pays en stan le plus accessible ?

Sans aucun doute le Kirghizistan. Il est facile de camper et de trouver des hébergements chez l’habitant ou en yourte. C’est le pays qui présente – selon nous – la plus belle diversité de paysages et de types de piste. Il y est tout à fait possible d’atteindre des coins reculés en prenant un pied fou sur des petits sentiers roulants. Comment savoir où passer ? Nous concernant, nous avons fait confiance au guide d’aventure d’Ountravela répertoriant les plus belles pistes du pays.

Paisible Kirghizstan.

Quel est le pays en stan où vous avez été le mieux accueilli ?

Le meilleur accueil a été au Kazakhstan. Le pays est gigantesque, peu dense et les touristes sont assez rares. De plus nous roulions avec un sidecar Ural, une bécane soviétique très populaire à l’époque. Voir débarquer cette moto chargée de bagages avec deux français à bord, ça fait sensation. Alors dès que nous nous arrêtions, des locaux curieux venaient nous voir avec un grand sourire. Petits cadeaux, séances photo, rires, c’était génial !

Rencontre improbable au Kazakhstan.

Où est-ce que vous dormiez en règle générale ?

Nous avons emporté avec nous notre matériel de camping. Nous bivouaquions la plupart du temps en essayant de dénicher un joli endroit dans la nature (ce qui n’est pas toujours facile). Cependant quand l’appel de la douche se fait sentir ou que la météo est vraiment trop mauvaise, nous dormions en auberge de jeunesse, guesthouse ou chez l’habitant. Evidemment, bivouaquer permet de limiter les dépenses liées à l’hébergement.

Découverte des yourtes de Mongolie.

Est-ce que vous avez eu des pépins sur la route avec votre véhicule ?

Disons plutôt quelques petites tuiles. Pistes scabreuses, capteur d’allumage HS, démarreur en rade, fils électrique qui crament, carbus encrassés, crevaison, on en passe et des meilleurs. Mais il y a une chose à retenir : nous avons toujours pu nous en sortir par nous-mêmes sans être bloqués. Serait-ce dû à la chance ? Je ne pense pas. En fait, nous avions anticipé certaines pannes connues et puis surtout, l’Ural est une machine à la conception simpliste, bricolable n’importe où avec des outils rudimentaire. C’est d’ailleurs ce qui a motivé notre décision de rouler avec ce véhicule.

Le Turkménistan est le dernier pays du monde à avoir ouvert après la crise Covid. Est-ce que vous envisagez d’aller le découvrir un jour ?

La visite du Turkménistan n’est pas vraiment à l’ordre du jour. En fait, ce pays nous attire, mais pour l’instant, ses conditions d’accès ne nous permettent pas d’en profiter comme nous le voudrions. En effet, il est actuellement obligatoire d’y voyager accompagné par un guide et un chauffeur via le biais d’une agence de voyage locale organisant tout le séjour.

Vous avez roulé jusqu’en Mongolie. Avez-vous pensé à continuer vers la Chine ?

Notre projet de voyage était de faire une boucle France – Mongolie – Asie centrale – France. Notre visa russe multi-entrée de 6 mois, contraignait notre durée d’exploration de cette région du monde. Nous avions envisagé un passage par la Chine mais les contraintes de visa, de planning, d’accompagnement obligatoire par un guide et un chauffeur local ainsi que les coûts que cela engendraient, nous ont fait renoncer à cette option. Nous avons donc fait demi-tour en Mongolie, ce qui nous a aussi permis de faire une boucle dans ce pays immense. Le désert d’Elsen Tasarkhai fut le lieu le plus à l’est de notre aventure.

Quels sont les avantages et les inconvénients d’un long séjour à moto ?

Il est difficile de répondre à cette question en seulement quelques lignes. Un livre suffirait à peine pour disserter de la philosophie du voyageur à moto. En fait, ce que certains considèrent comme un aspect négatif, d’autres le voient comme une qualité. Un exemple ? Être à la merci des éléments extérieurs. Évidemment, rouler sous la drache ou par -20°C ne parait pas être une expérience particulièrement jouissive. Le cumul journée sur la moto et le bivouac peut devenir épuisant et très inconfortable par météo pluvieuse. Mais en roulant ainsi (sans habitacle), on s’offre aux autres. Il n’y a pas de barrière physique. Cette ouverture sur le monde déclenche des rencontres uniques et permet de profiter à fond des paysages. Même chose pour la capacité d’emport réduite. Nous avons dû réfléchir à chaque cm³ de bagage, mais cela nous a appris à nous contenter du minimum. Donc, pour faire une réponse de normand, je dirais qu’il n’y a pas de réponse tranchée sur les avantages et inconvénients, tout est une histoire de perception. Et si c’était à refaire ? Nous repartirions avec exactement le même véhicule.

Quels sont vos futurs projets ?

Nous sommes tous les deux atteints de bougeotte aigue. Prochaine destination ? La Croatie. Mais, cette fois, ce sera pour s’y installer au long terme. Un challenge aussi excitant que flippant car nous recommencerons tout à zéro : trouver un boulot, un lieu où vivre, apprendre la langue, etc…

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