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Le blog voyage by Chapka

Un petit pas en Australie, un pas de géant dans cette culture

Article rédigé par Samuel du blog Marcel Vibes, également présent sur Instagram et Facebook.

Le Kimberley, tu connais ? Probablement si tu es un adepte de l’Australie, du Western Australia ou encore des cow-boys ! Western, cow-boys…oui c’est aussi ça l’Australie, pas uniquement la plage ou le surf !

Cette région septentrionale aussi appelée le joyau de l’Australie est certainement une des plus touristiques mais aussi une des plus hostiles ! Hostile ? Oui, car même si elle est peuplée, voire surpeuplée de touristes l’hiver – dû à son climat chaud et sec – elle est aussi la terre de vie de nombreux prédateurs de l’Homme, dont le fameux crocodile australien.

Chaque fois que je dis ça, le béotien et « traveller » que tu es, me fait la même remarque : « Ahah, le freshy, ce n’est pas dangereux ! ». Mais sache qu’ici on ne parle pas de freshy – ou crocodile d’eau douce – mais bien de salty, le crocodile d’eau salée, celui qui atteint allègrement la dizaine de mètres et, pour les plus courants 4 à 5 mètres ! Ce fameux salty est capable de parcourir de nombreux kilomètres durant la nuit, allant ainsi nidifier dans les eaux fraîches, en plein milieu de nulle part, et surtout, là où tu ne t’attends absolument pas à le trouver ! C’est une bonne entrée en matière avec le Kimberley, n’est-il pas ?

Je vais d’ores et déjà te faire une confidence. Partant du Sud depuis Esperance – le paradis du surf et des requins – je m’étais dit qu’assurément je ne pourrai surfer en empruntant les « remote- roads » jusque dans le nord, mais, qu’il n’était pas impossible d’avoir de bonnes sessions de Stand-up paddle ! Inutile de te dire que je n’ai pas gonfler une seule fois mon SUP, mais ça tu l’avais déjà compris !

C’est aussi ça le charme de l’Australie, tu te fais de belles idées de tout, et puis chemin faisant tu te ravises. Non pas que ce soit si dangereux, mais, tout seul dans l’immensité, parfois – souvent – tu es un peu pétochard et, tu passes ton tour ! Avoue-le, toi aussi !

Pour exemple, alors que je faisais un stop des plus agréables aux alentours de Halls Creek, et après avoir parcouru jusqu’à ce fameux spot une piste d’une bonne trentaine de kilomètres, je m’installe dans le berceau d’un ruisseau. Traces de feu et de campement récents, pour sûr c’est un bon spot. Et puis, tu sais, ce que j’appelle la pétoche mais qui est davantage de la sagesse…chemin faisant, je me ravise, et remonte sur la berge pour y installer mon ute.

Comme à l’accoutumée, lorsque j’arrive sur un spot, j’adore aller explorer les alentours, c’est un peu comme un rituel. Certains s’installent confortablement directement, c’est l’aventure qui attise mon esprit et, dans 100% des cas, c’est dans la nuit noire que j’établis mon campement. Bref, je pars en exploration, je marche le long du ruisseau, ramasse du bois pour le feu de camp – je ne peux pas imaginer un seul instant de ne pas allumer un feu – et puis, observant les alentours, un énorme plongeon derrière moi… tu devines ? Un de ces putains de crocodiles ! Un frisson d’abord, puis dans un second temps, un réflexe, je m’écarte de la berge… et enfin je réalise que la douche dans le ruisseau ne sera pas encore pour ce soir !

Bien sûr comme toi, je suis parfois intrépide. Tout comme toi j’ai campé des dizaines, voire des centaines de fois « en mode sauvage » à travers le monde, car comme toi j’aime toucher du doigt l’émotion, le grand frisson ! L’Australie est fertile de tout çà. Mais, au risque de me paraphraser, il y a tout de même quelque chose de curieusement différent ici. L’immensité d’une part et la  solitude d’autre part.

Si comme moi tu voyages seul, tu en prendras encore plus conscience notamment dans le Western Australia. Ici tu es seul face à ta conscience, dans ce territoire qui à lui seul est presque 5 fois plus grand que la France. Parfois, à la seule pensée d’imaginer être seul, avec pour uniques voisins des animaux à des centaines de kilomètres à la ronde, le vertige te gagne.

Il faut aussi que je te l’avoue, cette expérience dans le Kimberley a changé à tout jamais ma vision de l’Australie. Et tant pis si je te livre ce qui pourrait être la conclusion de ce récit.

Oui, le Kimberley fut une révélation, il m’a ouvert les yeux sur les coutumes australiennes, sur le pourquoi ils vivent ainsi. Car souvent tu pourrais imaginer qu’ils sont un peu – beaucoup – dans l’exagération quotidienne en mode explorateurs.

En réalité, non. Si tu fais l’effort d’aller à la découverte de cette vie « up north », si tu traverses le pays par l’intérieur, par ces fameuses « dirt-roads », et non pas comme le touriste lambda par la côte, alors tu en saisis toutes les nuances. Et, après ces quelques semaines aux côtés des cow-boys australiens, dans cette vie que les australiens eux-mêmes qualifient de « Wild Aussie Life », ce qui était un rêve pour moi, est devenu une réalité. Oui, grâce – ou à cause – du Kimberley, je suis tombé amoureux encore plus, et malheureusement toujours pas d’une australienne, mais de l’Australie ! Amoureux de cette vie, amoureux de ces gens, amoureux de la simplicité et de la fraternité que tu peux encore vivre ici. Certainement pas encore pour des dizaines de générations, mais fort heureusement ces traditions sont encore fortement ancrées.

Je voulais absolument connaître ça, cette Australie telle que l’on me l’a si souvent décrite. D’ailleurs, tous mes amis natifs australiens m’ont conseillé, encouragé à aller « Up North » comme ils disent. Alors il est vrai que pour beaucoup ce n’est pas la recherche de l’aventure ou de l’introspection qui guide leurs pas, mais celle de la chaleur ! Oui, si le Kimberley est une pépite de nature sauvage, avec la densité de population la plus faible en Australie, c’est aussi la région la plus chaude d’Australie. Extrêmement chaude et humide en hiver, très chaude et sèche en hiver.

C’est comme çà que je me retrouve ici, à Diggers Rest Station, dans l’East-Kimberley, à la frontière avec le Nothern Territory, non loin du au combien fameux et majestueux lac Argyle.

Ici, à Diggers, petit paradis de quiétude, aux allures de « Little house in the Prairie » – JCVD, sors de ce corps ! – tu es au milieu de nulle part. Wyndham, la ville la plus proche, est à une bonne cinquante de kilomètres…easy me diras-tu ! Oui et non. Arrivé dans cet écrin préservé se mérite. Il te faudra emprunter une piste depuis la route goudronnée jusqu’à Diggers. Si à la saison sèche, tout ça parait facile, en plein été lorsque la pluie a fait son apparition et change radicalement le visage de la région, faisant surgir des lacs et immensités d’eaux de tous les côtés, ce n’est pas la même histoire ! Alida et Roderick, les propriétaires de Diggers, me confient que bien souvent ils sont « bloqués » chez eux, devant attendre que l’eau ne se retire ! C’est assez étrange d’imaginer cette région avec autant d’eau, lorsque tu la pratiques comme moi à la période la plus sèche.

Poussière, cailloux, et une température moyenne de 36°.

Alida & Roderick, il me faut te les présenter avant d’aller plus loin. Ils sont les heureux propriétaires de Diggers. Amoureux – eux aussi – de cette vie en « remote », amoureux des animaux, épris de liberté, ils opèrent cette station de bétail. Producteurs de viande, leur gagne-pain, dans un pays probablement l’un des plus viandards du monde. Mais pas que, ils sont aussi les pionniers de l’activité de horse riding, jouissant d’une très grande notoriété. Des cavaliers du monde entier viennent ici en villégiature pour se confronter à la vie sauvage. Oublier et perdre l’espace de quelques temps tout semblant de confort moderne, et partir pour plusieurs jours en trek au milieu des étendues de Diggers. Presque 45 ans que Roderick pratique cette activité, presque 45 ans qu’il a installé sa vie, sa maison et son exploitation, ici, en plein milieu de ces terres qui furent si longtemps abandonnées. Pourquoi ? Probablement parce que la vie n’y est réellement pas simple, c’est le bout du bout du monde. Les communautés aborigènes sont encore très présentes, un signe.

Il fut un « squatteur », s’appropriant des terres sauvages sur lesquelles personne ne voulait vivre. Si le Kimberley est un joyau, il ne l’a pas toujours été, ou tout du moins n’a pas toujours été considéré ainsi.

Alors, bloqués à Diggers, c’est un bien grand mot. Ils n’en sortent que très peu, environ une fois par semaine pour Alida faisant route vers Kununura, la ville la plus proche à 150kms pour faire le plein de provisions. Quant à Roderick, il peut rester plusieurs semaines sans sortir de ses terres.

Sans sortir de chez lui ! Là aussi un concept bien difficile à comprendre vu depuis l’Europe. Diggers Rest Station, est comme son nom l’indique une « Station ». Station ? Peut-être es-tu comme moi et ce faux ami t’induit en erreur. J’ai imaginé sur la route voyant ces panneaux…« Station », des stations balnéaires, genre d’hôtels de luxe nichés sur la plage, dans une crique ou au bord de l’Ocean.

Je vais casser le mythe ! D’une part, peu d’hôtels de luxe en Western Australia, ce n’est pas le concept de cette vie-ci, et ça tombe plutôt bien car je n’ai absolument pas les moyens de m’offrir ça, mais je ne te cache pas que les idées de confort et de douche chaude me trottent dans la tête parfois. Et d’autre part, une station est un lieu théorique de travail, un genre d’immense ferme, beaucoup plus grande que la plus grande des fermes que tu n’aies jamais pu voir en Europe !

Je ne peux pas te parler de Diggers sans te planter un peu plus le décor. Une cattle station, c’est quoi ? C’est donc une immense ferme, celle-ci s’étend sur 180 000 acres. Le bétail pâture sur plus de 500 000 acres. Alors une fois par an, comme une grande tradition, la récolte d’une année de production, le bétail est rassemblé pour être trié, marqué puis vendu !

C’est ce que l’on appelle plus communément le mustering ! Et qu’elle n’est pas ma chance d’arriver juste à ce moment !

L’ambiance est donc un peu plus survoltée qu’à l’accoutumée, mais rassure-toi rien de ce que l’on peut connaitre en Europe, c’est à l’australienne, tout est cool, easy. Les véritables cow-boys australiens, ces aborigènes issus du Bush sont aussi là, prêts à entamer quelques semaines trépidantes !

Diggers c’est donc un harmonieux mélange d’écurie et de grosse exploitation agricole. Ici tout respire la passion que l’on parle de chevaux ou de bétail.

Le Homestead est une maison cossue entourée d’une large véranda où se mêlent volontiers les guests, les chiens, les poules et les chevaux. Oui, ici le cheval est roi et évolue en liberté !

Immenses canapés, longues tables, hamacs suspendus, cuisine commune et autant de souvenirs accrochés aux murs. Pas de doute, ici tu es au pays des cavaliers.

Tu vis au rythme du soleil et des animaux…et tu choisis ton mode d’hébergement, camping en tente ou swag, hutte ou encore chambres en dur !

Swag, tu connais ? La aussi, je te dois une explication de texte, car je pense que le swag est une particularité de l’Australie, ou peut être ce simplement moi qui ne suis qu’un béotien ! Imagine un confortable matelas enveloppé dans ce qui pourrait être un sac de couchage en beaucoup plus élaboré, presque comme si tu emportais ta couette avec toi. Le principe est simple, roulé, tu transportes ton swag partout, et d’un simple geste, tu le jettes à même le sol. Ton lit est fait !

C’est donc une particularité australienne, ici tu jettes ton swag n’importe ou dans la nature , en plein milieu du Bush et tu dors a la belle étoile.

Je dois t’avouer que le concept est déroutant de prime abord. Oui tu dors comme ça, sans protection contre tous les insectes et autres monstruosités qui pourraient, éventuellement, venir se blottir dans ton swag !

Et puis, tu sais quoi, tu t’y fais ! Et c’est particulièrement en ça que le Kimberley a aussi modifié ma vision de l’Australie, en m’éduquant d’une part à ses dangers et d’autre part à ses coutumes et à ses plaisir immenses tels que celui-ci. Dormir en sécurité au milieu de nulle part, jouir d’une nuit à contempler la voie lactée comme tu ne l’as probablement jamais vu – sans aucune perturbation – ou encore les étoiles filantes. Alors c’est sûr, c’est particulier, on aime ou aime pas, il n’y pas de demi-mesure !

©MarcelVibes

Si comme moi, l’écoute du silence et la contemplation sont de tes passe-temps préférées, alors tu ne pourras que te réjouir de cette vie.

Apres une longue journée de travail ou de balade, tout le monde se rassemble autour du feu de camp, discutant à n’en plus finir, et puis petit à petit chacun s’échappe dans son coin de solitude pour méditer, dormir, ronfler, fumer ou encore boire une énième bière…je t’assure que j’en redemande. Ces nuits d’un noir si profond, si intense, le hurlement des dingos au loin, l’horizon parfois orangé et les volutes d’un feu de Bush – malheureusement !

Diggers c’est aussi ce paradis la ! Cet endroit de contemplation ou chaque personne connaît son pays et sa région sur le bout des doigts, et va au grés d’une balade dans le Bush ou d’une activité agricole, te parler de telle ou telle fleur, te faire découvrir les saveurs des fruits ou plantes que tu peux manger et dont la nature produit en abondance. C’est comme à chaque fois, comme dans chaque voyage ou chaque rencontre, tu viens avec des convictions ou des certitudes, ils t’apportent leurs connaissances de leurs habitats.

Alors il est aussi vrai que bien souvent chacun envie l’autre de sa position, que chacun convoite la vie de l’autre, l’un pour conquérir le calme, l’autre pour s’en échapper. Le monde est ainsi fait !

Mais sache qu’à Diggers, que tu sois touriste, backpacker, amoureux de la nature ou que sais-je encore, tu auras toujours une place dans cette immensité. Alida & Roderick sont de ces âmes qui aiment à partager, qui aiment à rencontrer et tisser des liens inaliénables avec celui qui fera l’effort de comprendre leur mode de vie, reculé, hostile, austère parfois mais foutrement vrai !

©MarcelVibes

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