Cambodge : le développement d’une structure éducative pour les enfants
0| Mis à jour le 17 mai 2019
Par Stéphanie et Emmanuel du blog Backpacks & Bridges
Nous voici arrivés à Siem Reap, au Cambodge, pour effectuer la deuxième mission TWAM de notre tour du monde positif et solidaire. Le Cambodge est le pays de cœur de Stéphanie, pays qu’elle a découvert lors d’un voyage en solo avec son backpack en 2014. Depuis, elle y est revenue quatre fois. Elle y a donc des attaches particulières.
Le voyage solidaire : une histoire de rencontres et d’aventures humaines
C’est après un voyage au Cambodge que tout a commencé. De retour en France, elle était décidée à aider les gens qu’elle avait rencontrés sur place. C’est donc tout naturellement qu’elle a créé son association, pour mettre ses compétences professionnelles en gestion de projets à profit, mobiliser son entourage et lever des fonds. L’objectif : accompagner les projets solidaires de ces personnes rencontrées sur la route, pour qu’ils grandissent, deviennent autonomes, et faire en sorte que leurs rêves deviennent réalité.
C’est donc pour ce projet que Stéphanie travaille depuis février 2016. Nous posons nos valises pour un mois et demi, en plein pendant notre tour du monde. Objectif de ce mois et demi de travail studieux et bien chargé : donner un coup d’accélérateur au projet (l’idée étant qu’il devienne autonome d’ici 3 ans), en faisant le point après la première année d’activité. Et les domaines sont variés : administratif, gestion, financements, communication, partenariats, recrutement des bénévoles, résultats qualitatifs et quantitatifs, achats d’équipement et de matériel, projections sur le futur, stratégies de développement, etc. Oui oui, on fait tout ça ! On est des passionnés et les tâches sont passionnantes. Côté pratique : les cours sont assurés par les bénévoles que Stéphanie recrute, notamment via TWAM. Et oui, nous sommes Twamers mais aussi Twamhosts !
Mais au fait, c’est quoi, ce fameux projet ?
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Notre volontariat au Cambodge : bienvenue chez Cours avec Moi!
Cours avec Moi! est un projet solidaire initié par un local, à destination des locaux…comprenez à destination des gens de sa communauté. D’initiative privée, c’est une structure à taille humaine, et l’idée est de ne pas aller trop vite, pour bien consolider les acquis et grandir en bonne intelligence, pour que cela profite à tous, et dans la durée.
Le fondateur de ce projet, c’est Proeun, que nous avons rencontré lors d’un de nos voyages au Cambodge, en février 2016. Il était notre guide (francophone) dans les temples d’Angkor, et nous avait été chaudement recommandé par une amie. Le courant passe tout de suite, et assez vite, il nous parle de son rêve : son projet d’école.
Proeun a aujourd’hui 35 ans: issu d’une famille très pauvre dans la région de Prey Veng, Proeun s’est accroché pour pouvoir prétendre à des études et ainsi échapper au métier qui lui était prédestiné, berger. A l’âge de 15 ans, il rentre à la Pagode pour étudier, et a la chance d’apprendre le français grâce à une association. Il parvient à devenir instituteur, puis passe le concours pour devenir guide francophone et ainsi espérer s’en sortir. Ce sera chose faite, il réussit son pari. Aujourd’hui, établi dans un village pauvre à six kilomètres du centre ville de Siem Reap, il souhaite aider sa communauté, en leur donnant les moyens d’avoir de meilleures conditions de vie. Son idée ? L’apprentissage du français !
Voilà, depuis cette rencontre avec Proeun, nous ne nous sommes plus quittés (du moins par écrans interposés), et avons passé un mois et demi formidable dans la structure cette année. Si nous n’avons pas donné de cours pour nous concentrer sur notre mission, nous avons pu tout de même avoir des moments privilégiés avec les élèves en leur organisant un goûter pour la remise de leurs t-shirts aux couleurs du projet. Ils étaient si fiers ! Sinon, le reste du temps passé avec eux, on s’installait au fond de la classe pendant les cours pour observer… sans les distraire. Sans compter les moments privilégiés avec Proeun et sa famille (ils vivent sur place) et les bénévoles. On a même donné un cours de cuisine à Simorn, la femme de Proeun, certes avec les ingrédients qu’on a pu trouver sur place (adaptation culturelle oblige), mais c’était pas trop mal réussi : on leur a fait goûter des pâtes à l’aubergine et à la feta. C’était un peu… fade à leur goût ! Mais notre grande victoire, c’est que leur plus jeune fils, Hokleng, a semblé bien apprécier.
Depuis, nous avons quitté l’association pour continuer notre bout de chemin et nos aventures autour du monde, mais nous continuons bien entendu à travailler sur le projet. Et nous reviendrons régulièrement, jusqu’à ce que le projet soit autonome, et sans doute par la suite.
Le business du volontourisme au Cambodge: un fléau à combattre
« Demander à des bénévoles de donner des cours de français ? Ce n’est pas une mission réservée à des professionnels expérimentés ? ». Voilà la question que vous devriez vous poser.
Pourquoi ? Parce qu’en effet, tout le monde ne peut pas donner des cours de français, tout le monde ne peut pas enseigner. C’est un métier, et surtout lorsqu’on parle d’enseigner une langue étrangère. C’est pourquoi nous recrutons un bénévole pour être professeur référent sur du long terme (6 mois minimum), avec le profil et le CV adéquats, et que nous faisons appel à des bénévoles pour l’assister et animer les cours, en organisant des ateliers, des jeux de groupes sur les week-ends, etc. C’est aussi pourquoi nous suivons une progression définie par des professeurs de FLE expérimentés, basée sur une méthode d’enseignement mise au point par l’Alliance Française.
« Si je n’ai pas le profil enseignant/FLE, je ne peux pas venir enseigner à Cours avec Moi sans suivre le programme et sans être encadré. Pourquoi est-ce que je peux le faire dans d’autres associations alors ? Au Cambodge, j’ai le choix : on cherche des volontaires partout et on me donne des responsabilités ! »
Oui, c’est vrai. Dans d’autres structures, vous aurez la possibilité de faire plein de choses sans expérience. Et c’est bien là le problème : le volontourisme est un fléau au Cambodge. Les orphelinats, notamment, font partie des organismes les plus lucratifs dans le domaine en abusant de la crédulité et de la générosité des touristes, et en enlevant ou en payant les enfants pour remplir leurs chambres et salles de classe. Ou encore en promettant à leurs parents une éducation gratuite et donc une promesse d’avenir… Selon l’Unicef, 77 % des enfants dans ces orphelinats ne sont pas véritablement orphelins.
Il faut savoir qu’au Cambodge, le nombre d’orphelinats a triplé en dix ans, et qu’une grande partie n’a pas été enregistrée de manière légale auprès du gouvernement. Si, depuis août 2015, une nouvelle loi est passée pour renforcer le contrôle des associations et ONG et ainsi éviter les dérives, en faisant par exemple fermer les « fausses » structures. Cela reste encore un problème très répandu. En effet, vous n’aurez pas de mal à trouver une mission qui vous donnera le sentiment de vous rendre utiles, sauf que…vous participerez peut-être, sans le vouloir, à alimenter ce business intolérable.
Amis Twamers, on vous invite, comme nous, à combattre à votre échelle ce fléau en vous informant et en informant les autres, et en choisissant bien vos Twamhosts !
En attendant, si vous passez par Siem Reap, vous pouvez toujours passer voir Cours avec Moi! Le Cambodge est un pays incroyable, au peuple merveilleux… ne tardez pas à le découvrir !
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