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Le blog voyage by Chapka

Vanlife : La véritable histoire de Marcel Vibes

On retrouve aujourd’hui Samuel et Marcel, qui nous écrivent depuis un café de Perth en Australie. Ils seront tous les deux à l’affiche du prochain film des Coflocs, « Génération Vanlife », dont le tournage est actuellement en cours (spoiler : Jean-Claude Van Damme n’est pas annoncé au casting). En attendant, on a plein de questions à leur poser sur la vie en van !

Qui est Samuel ? Qui est Marcel ?

Comment se présenter ? Simplement, sans artifice. Commençons par Marcel, celui qui attire toutes les sympathies, celui sur qui tous les yeux sont rivés et surtout celui sans qui mon aventure ne serait probablement – certainement – pas la même ! Marcel c’est un Citroen type H d’un autre temps ! Aussi connu sous le nom de « tôlé » ou « tube », il arpente les routes depuis 1954… un monstre de puissance, 3 vitesses, un moteur dans l’habitacle « so soundly », un gros pepere de 1T5… enfin après aménagement, rempli de toute ma vie et « self contained », il approche plutôt les 2T3. Des « Marcel » tu n’en as certainement pas connu, mis à part celui de Louis La brocante à la télévision, mais je pense que même ce feuilleton est daté, d’un autre temps également ! Le H, c’est un des premiers utilitaires, souvent utilisés par les marchands de lait, les bouchers, les boulangers… pour parcourir la France profonde à l’heure où les supermarchés et autres marchands de malheur n’existaient pas encore ! La belle époque, celle ou tout était plus simple, plus franc, moins tordu… peut-être plus rude également… mais finalement c’est cette époque qui me fait rêver depuis que je suis tout gamin, cette époque ou tu ne triches pas, les sentiments sont affirmés tout comme les caractères.

Marcel, aimé ! ©Marcel Vibes

Mais comme tu t’en doutes, je suis le benjamin de l’histoire, si Marcel à 66 ans cette année, je n’ai que 42 ans ! Presque un bébé… si ce n’est en apparence, mon esprit lui l’est resté ! Attention, je ne te dis pas que je suis inconscient ou plutôt inconsistant, non, je regarde simplement la vie au travers de mes yeux d’enfants, à la recherche de la concrétisation de mes rêves les plus fous, avec ses yeux d’enfants oui, qui rendent d’une part tout possible, et d’autre part qui m’émerveillent à chaque instant, à chaque rencontre !

Hmm, je vois…mais c’est quoi ton passé ?

Mon passé, mon background ? Je n’aime pas m’en souvenir, juste ceci, je suis un gamin issu d’une famille modeste – très modeste- et à haut potentiel comme on dit maintenant. Fou ou prétentieux… à toi de choisir le vocable qui te sied le plus. Toujours est-il que j’ai parcouru les années le couteau entre les dents pour conquérir tout ce que je n’avais pas. D’un milieu modeste, j’ai gravi l’ascenseur social pour me hisser parmi les plus aisés, les plus enviés. Chef d’entreprises pendant 15 très longues années, fortuné, vivant dans l’opulence, la tristesse et la morosité me gagnent très vite. Et comme beaucoup, je n’ai pas eu le courage de tout quitter, de changer de vie, ou plus simplement d’organiser ma vie autour de ma famille, de mes passions plutôt qu’autour de mon travail et du matériel ! Bref ce courage je ne l’ai pas eu… sans regret aujourd’hui, mais comme beaucoup, la maladie physique d’abord puis psychologique m’a rattrapé et emporté… m’obligeant à changer radicalement pour ne pas partir plus vite que prévu. Cette descente aux enfers m’ a permis de me retrouver. Lorsque tu passes du faste à rien, à vivre dans un garage insalubre sans eau, sans électricité, sans chiotte, sans rien, tu apprends à redevenir humble, et si tu fais un petit effort intellectuel, tu arrives à te connaitre. Ce chemin il n’est pas simple, il m’a pris 4 ans, 4 très longues années à lutter presque quotidiennement contre la mort… aujourd’hui je suis guéri, je me connais parfaitement, je connais mes travers, ceux qui me referont chuter… mais je connais également mes forces, je sais où je veux aller, comment et avec qui ! Bref , un parcours atypique…quoi que, je te laisse seul juge !

Et Marcel dans tout ça ?

Alors que j’étais en pleine « gloire », un de mes amis du moment – je te rassure il ne l’est plus maintenant, un SDF ne garde pas beaucoup de vrais amis ! – dégote ce H en visitant un entrepôt de vins en vente dans le centre de Bordeaux. Il me passe l’information, c’est à 2 rues de mes bureaux, le matin même je fonce voir cette pépite. Le jour même, je fais « affaire » et repars avec ! Il restera environ 2 ans sans aménagement, au moins 1 an sans servir, juste remisé, puis il devient ma maison. Mais pas celle que tu imagines aujourd’hui ! C’est si simple en le voyant en photos de se dire … wow elle est chouette cette maison. Non, pendant plus d’un an je vis avec Marcel, mais il n’y a rien à l’intérieur, juste un vague matelas gonflable, une couverture and… that’s it ! Je vis la, comme un « romano », et tu vois, en y repensant, que ce temps était bon, je me sentais protégé, à cette période où tout le monde me tournait le dos – par ma faute en partie – à cette période où mon esprit se sentait persécuté !

Alors voila comment tout a commencé, tu n’as plus rien, tu n’as plus beaucoup de choix… vivre dans ton camion old school… ou vivre dans la rue… ou encore te foutre en l’air ! Tu l’auras deviné j’ai choisi la première solution ! Et puis le temps filant, mes enfants – j’en ai 3 ! – ont passé beaucoup de temps avec Marcel, ils adoraient venir et dormir dedans, ils se contentaient de peu. Tu sais quoi, c’était ma maison alors ils l’adoraient !

Tu te doutes bien, que lorsque tu commences à reprendre ta lucidité, tu ne peux pas concevoir une vie pareille pour tes enfants… oui mais voila, tu n’as plus un sou en poche, criblé de dettes et pas tout à fait guéri ! Pourtant l’envie de vivre autrement chevillée au corps, ce but, cette lumière qui te tient debout qui ne te fait pas espérer, mais qui te donne la force chaque jour de mettre un pied devant l’autre pour l’atteindre. A cette période, je ne me doutais pas que nous allions parcourir un si long chemin… de paix !

Le camion du laitier ©Marcel Vibes

Et c’est là que tu décides de partir en road-trip ?

Je ne sais quelle idée m’a traversé l’esprit, souhaitant offrir des vacances peu ordinaires à mes enfants et avec mes faibles moyens, je leur propose de partir en Espagne, en van, en camping sauvage… à la roots ! Ils adhérent au projet avec enthousiasme ! Et c’est comme çà que tout a commencé … l’aménagement, la conversion… pour arriver à ce que tu connais quelques années plus tard. Le dessin n’a pas été parfait des le début, mais à force d’y vivre, il se peaufine pour ne garder que l’essentiel, le fonctionnel… et surtout être le plus cosy possible pour ne jamais regretter un seul instant de ne pas avoir une grande et belle maison ! Tu veux que je te fasse une confidence ? Aujourd’hui je n’échangerai pour rien au monde Marcel contre mon ancienne maison si spacieuse, si belle… ni même pour ma piscine !… et encore moins ma vie !

Regard vers les dunes ©Marcel Vibes

Ce premier road trip de 2 semaines en Espagne, à seulement quelques centaines de kilomètres de notre home spot a été une révélation, pour mes enfants et pour moi ! Le sourire et la joie sont revenus s’agripper à moi, à mon esprit, me redonnant la force de vivre, mais surtout l’envie profonde de réaliser mes rêves les plus fous. Ces rêves, quels sont ils ? Des rêves de voyage, d’évasion, de rencontres, d’écriture, de photographie …. Et me voila 2 ans et demi plus tard en Australie avec Marcel… à plus de 15 000 kilomètres de chez nous.

C’est facile de choisir le bon van ?

Je te parlais tout à l’heure du charisme de Marcel. A l’heure ou je t’écris, je suis dans un café, à Perth, de retour d’un week-end à Lancelin, ou j’ai partagé des moments intenses avec mes potes australiens d’ici … pourquoi te dis-je cela ? Sur le retour, je m’arrête à la plage, à Scarborough, running, Sunset et je repars… sur la route, un roulement de roue avant casse… encore une fois – parenthèse, je pense qu’il y a vraiment un problème de conception sur ce roulement conique, et je comprends pourquoi les modèles postérieurs se sont vus attribués des roulements droits, bref – j’opère une réparation de fortune, me déplace au bord d’un parc. J’envoie un message à un contact rencontré quelques jours auparavant qui possède un garage dédié à sa passion – les véhicules de collection – il est sous le charme de Marcel, car crois-le si tu veux, il est fan de Citroën ! Bref, ce matin il m’organise le « tow », et demain nous travaillerons ensemble à la réparation !

Un coucher de soleil…ou serait-ce un lever ? ©Marcel Vibes

Alors comment choisir le bon van, je ne sais pas, Marcel s’est imposé à moi, il me ressemble, il est ma vie… nous transportons nos bonnes énergies partout où l’on peut ! Cette vie tu t’en doutes, elle n’est pas si simple, car il y a toujours quelqu’un autour de toi qui te jugera, qui te dira que tes choix, que ton choix de vivre dans un camion n’est pas le bon. Jusqu’à tes parents … et pourtant, une fois terminé, mes parents se sont assis à l’arrière et ne voulaient plus en descendre. Ma mère qui a toujours essayé de me comprendre malgré ma différence, mon originalité comme elle dit, doutait de cette entreprise… car à cette période, c’étaient plus les idées noires qui me guidaient ! Les photos de mes enfants rayonnants de bonheur en voyage, les témoignages photographiques que je livre, mon feeling du quotidien…. Tout ça a contribué à changer la vision des plus proches, certains mêmes très aisés enviant mes choix ! Marcel, c’est ma maison, c’est une extension de qui je suis mais c’est aussi la maison de mes enfants, la maison du bonheur !

Tes enfants l’aiment vraiment Marcel ?

S’ils l’aiment ? Parfois je me pose la question et je pense qu’ils sont peut être encore plus aimants que je ne le suis … tu imagines ! Pour anedocte, mon fils Gaston au sujet des incendies en Australe était presque plus inquiet pour Marcel que pour moi… « Papa il peut s’enfuir dans l’eau, mais Marcel, comment il va faire ? ». En résumé, voila, Marcel ce n’est pas un van, ce n’est pas une maison sur roues, c’est un membre de la famille, mon meilleur ami, mon confident…Celui comme je le dis assez souvent qui est le témoin privilégié de mes pleurs et de tous ces moments de joie !

Il doit quand même y avoir des inconvénients à vivre en van, non ?

Je vais être tout a fait franc avec toi, je n’en vois aucun ! Cette vie, ces choix sont pris en pleine conscience… ce qui pourrait être une galère pour certains se transforme pour moi en la magie d’une rencontre… j’ai le temps, le temps de vivre, je ne suis plus ni stressé ni angoissé… alors des inconvénients … non je n’en vois pas ! Et donc en te disant cela, je t’ai déjà parlé des avantages… les rencontres, ou que tu sois, tu rencontres de nouvelles personnes, des parcours de vies incroyables ! Et lorsque tu veux t’isoler, être seule face à ta conscience, te ressourcer, il te suffit de faire quelques kilomètres, de choisir un endroit qui te plait, d’ouvrir le hayon et de contempler !

La mobilité pour moi, c’est la vie, la vraie vie… celle comme au temps jadis, ou tu dois bouger au grès des saison, au grès des envies, au grès des rencontres… jamais plus je ne pourrai me contenter d’une vie sédentaire, bien trop surfaite, sans aventure, sans magie. Je ne suis pas un explorateur, juste un aventurier du moment présent ! Dans cette vie de voyages en van, j’en ai fait des « spots », des grandioses, des magiques, des citadins… mais vois-tu, celui qui restera à jamais gravé dans mon esprit, c’est l’anniversaire de Prune – ses 10 ans – un spot au bord de l’océan au fin fond du Portugal, au milieu de nulle part, une guirlande lumineuse, cuisinant en plein air ce qu’ils préfèrent, un bon gâteau, des bougies, le silence, la solitude, l’immensité ! Mes enfants Prune et Gaston avec moi… what else… à part ma grande Jeanne, qui nous a manqué … et qui me manque chaque jour un peu plus… mais cela malheureusement c’est une autre histoire, une plaie… toujours à vif !

Bon anniversaire ! ©Marcel Vibes

Tiens, en parlant de gâteau, c’est facile de faire à manger dans un van ?

La bouffe, c’est aussi le fil conducteur de ma vie en van… c’est le partage, l’émotion… j’aime cuisiner, surprendre l’autre en préparant un plat ou un dessert qu’il n’aurait pas imaginer possible en van … Mon plat signature est un cake qui se mange à toute heure, le Marcel’s spécial Banana bread vegan et gluten free… qui se dévore du p’tit dej au goûter ! Et puis, il y a toutes les variantes autour des légumes, des salades… des découvertes sensorielles au travers de nouveaux goûts… des épices, des graines… et même si tu n’es ni végétarien ou vegan, tu seras surpris…. Confidence pour confidence, tu en redemanderas… ou pas !

La meilleure vanne que tu as entendu sur ton van ?

Je te promets, je ne suis pas van-tard !


Retrouvez les aventures de Samuel et Marcel sur le blog Marcel Vibes et également sur Instagram et Facebook.

1 commentaire

Odile-France Girardet
Odile-France Girardet

3 octobre 2021

Bonsoir Samuel. Je t'écris depuis mon lit, couchée, émue et des aspirations chevillées au cœur et à la tête. Cela fait maintenant des années que je rêve de tout plaquer, de prendre la route et de "m'envoler" vers la liberté, les ailleurs. Te lire est un déclic de plus. Mes dernières années ont été difficiles, douloureuses et je ne supporte plus cette société qui nous malmène sans cesse. La seule chose qui me retient encore sont... mes trois enfants. Comme toi ! 42 ans aussi. Ma grande va avoir 19 ans et va prendre son envol après un parcours compliqué dans lequel je l'ai accompagnée, soutenue mais qui m'a passablement brisée. Mes deux plus jeunes ont 15 et très bientôt 10 ans. Ils sont mes Amours, mes trésors, ma vie. C'est pour eux que je me lève le matin. Je suis séparée de leur père depuis 6 ans et je ne sais pas comment je pourrais faire sans eux au quotidien... Bref, j'avais envie de partager ce doute avec toi et, peut-être, de te demander comment tu fais pour gérer ça et quel accord tu as passé avec la mère des tiens ? Merci pour ton témoignage qui a fait résonner beaucoup de choses en moi. Douce nuit à l'intérieur de Marcel.

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