Histoires de confinement : 8 mois au Pérou pour la famille « 8 pieds sur Terre »
0| Publié le 16 novembre 2020
Les « 8 pieds sur Terre », ce sont Véronique (40 ans), Arnaud (42 ans) et leurs enfants Sarah et Thomas, respectivement dix et sept ans. Cette famille, amoureuse des voyages et des grands espaces, était partis en novembre 2019 pour un périple initial de 15 mois en Amérique du Sud et en Océanie, sacs au dos. Forcément, le Covid est passé par là. Ils nous racontent donc leur confinement au Pérou.
Est-ce facile de faire un tour du monde en période de Covid ?
Nous ne pensions rester qu’un petit mois au Pérou ; nous y sommes désormais depuis près de 8 mois ! La seule façon pour nous d’adapter notre itinéraire a été de décaler nos vols à l’année prochaine en rallongeant la durée de notre voyage. Comme nous ne pouvions pas quitter le pays, sauf pour rentrer en France, nous avons essayé de profiter au maximum du Pérou, au fur et à mesure des phases de déconfinement. Nous nous sommes armés de beaucoup de patience. Pour la suite, nous ne mesurons pas encore totalement les difficultés auxquelles nous serons confrontés…
Racontez-nous ce confinement au Pérou.
Le Covid nous a rattrapé au cours du mois de mars, une semaine après notre arrivée au Pérou. L’état d’urgence et un confinement ont été décrétés en même temps qu’en France. Nous avons d’abord été confinés dans le petit village de Cabanaconde, situé dans la région du canyon de Colca. L’hôtel où nous étions a très bien pris les choses en main et a tout fait pour que les touristes présents soient dans les meilleures conditions possibles. Tous ont fini par être rapatriés via leur ambassade respective, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que nous !
Dès l’annonce du confinement, nous avons choisi de rester. Nous étions sur un voyage au long cours et pouvions donc nous permettre d’attendre en espérant une durée de confinement courte, ou du moins pas trop longue. Les prolongations du confinement se sont ensuite succédées, de 15 jours en 15 jours, mais nous avons persisté à choisir de rester. Nous ne voulions pas renoncer à notre voyage. Surtout, la situation sanitaire au Pérou était bien meilleure qu’en France à cette période !
Nous nous sommes construit un nouveau quotidien, partagé avec deux employés de l’hôtel adorables coincés avec nous. Au bout de 2 mois, nous avons réussi à changer de lieu de confinement en passant à Yanque, un autre petit village du canyon. Là, nous avons retrouvé trois familles françaises en camping-car, confinées ici depuis le mois de mars. Leur rencontre nous a redonné de l’énergie et a fait du bien aux enfants. Une fois encore, nous avons été très bien accueillis par les habitants et avons partagé de belles expériences humaines, notamment en travaillant dans les champs.
La durée totale du confinement aura été de 4 mois, mais nous avons eu la chance de pouvoir le passer dans des endroits non touchés par le virus, donc beaucoup plus libres que dans les grandes villes.
Est-ce facile de voyager avec des enfants ?
Voyager avec des enfants n’est pas plus difficile que sans, c’est simplement différent. Les enfants ont une immense capacité d’adaptation, surtout lorsqu’ils sont habitués à voyager dès le plus jeune âge. Nous n’étions jamais partis aussi longtemps avec eux et nous ignorions leurs réactions sur le long terme. Nous approchons de notre première année de voyage et, contrairement à ce que nous pensions, ils ne nous ont toujours pas réclamé de rentrer… Les 4 premiers mois du voyage, nous nous efforcions d’adopter un rythme pas trop soutenu.
Prendre le temps de journées off entre les visites, ne pas bouger trop vite entre les étapes permet de tenir la distance, tant pour eux que pour nous. Ils ont ensuite vécu le confinement un peu comme des vacances. Depuis juillet, nous avons pu reprendre la route, à l’intérieur du Pérou, mais à un rythme beaucoup plus lent qu’auparavant. Nous restons en général une semaine à chaque endroit.
Comment assurez-vous la scolarisation de vos enfants ?
Nous sommes partis avec 2 kilos de cahiers d’activité couvrant les deux années scolaires qu’ils vont manquer à l’école. Ils ont tout terminé durant les 4 mois de confinement ! Désormais, nous utilisons des ressources mises à disposition par les professeurs sur internet pour bien ancrer les notions. Certains sites sont une mine d’or et sont faits par des profs passionnés. Nous essayons d’être le plus réguliers possible en faisant des séances assez courtes.
Le Pérou a connu une grosse vague de Covid en août-septembre. Comment ça fonctionne au quotidien ?
Le Pérou, avec son record du monde de taux de mortalité lié au Covid (35 000 morts en novembre 2020), est particulièrement prudent. Il sort tout juste de la première vague depuis le début du mois d’octobre et craint beaucoup ce qui se passe actuellement en Europe. Un couvre-feu est en vigueur depuis mars et les restrictions sont particulièrement dures pour les enfants de moins de 12 ans qui n’ont, en théorie, pas le droit de sortir de chez eux au-delà de 500 m et plus d’une heure par jour depuis maintenant plus de 7 mois !
Les sites touristiques commencent seulement à ouvrir depuis mi-octobre et début novembre, avec des protocoles sanitaires et des circuits imposés plus ou moins libres. Tous n’ont cependant pas encore ré-ouvert, et les communautés sont toujours frileuses et bloquent parfois les accès. Les restrictions relatives aux enfants ne nous ont pas posé trop de problèmes, à l’exception de la visite du Machu Picchu dont l’accès leur est interdit pour l’instant. Ils ont tout de même réussi à le visiter sur invitation spéciale du ministère de la culture péruvien ! Le gros avantage pour nous a par contre été de pouvoir visiter le Pérou sans touristes. Et le fait de rester aussi longtemps nous a amené à partager beaucoup plus avec les péruviens que nous ne l’aurions fait.
Quelles ont été les expériences les plus incroyables que vous avez faites en voyage ?
Parmi les expériences les plus marquantes, nous retiendrons pour l’instant :
- avoir débarqué au cap Horn, tout au bout du monde.
- rester scotché devant la beauté du glacier Perito Moreno.
- marcher pieds nus sur le désert de sel d’Uyuni inondé.
- récolter le blé et le quinoa à la serpe avec les péruviens.
- faire des treks et monter jusqu’à 5 200 m d’altitude avec les enfants
- réussir à visiter le Machu Picchu sans presque aucun touriste !
Au niveau de la gastronomie, nous avons particulièrement apprécié le ceviche, le carpaccio d’alpaga et le quinoa atamalada.
Savez-vous ce que vous allez faire dans les prochains mois ?
Avec la pandémie, nous avons appris à nous adapter et à ne plus rien planifier trop à l’avance puisque nos plans initiaux sont tombés à l’eau. Nous ferons en fonction de ce qui est possible. Nous pensons quitter le Pérou dans le courant du mois de novembre pour rejoindre l’Amérique centrale qui a ouvert ses portes. L’objectif est ensuite de redescendre jusqu’en Equateur pour reprendre en partie l’itinéraire initial. Toutefois, il y aura toujours la place pour l’improvisation, notamment en fonction de l’évolution de la pandémie…
La suite sur le blog « 8 pieds sur Terre »
0 commentaire