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Le blog voyage by Chapka

Océane et Clément sur la Panaméricaine

Océane et Clément aiment prendre leur temps. Ils sont d’ailleurs adeptes du slow travel. Ce couple de Bretons a décidé de partir à la rencontre des cultures le long de la fameuse Panaméricaine, une route partant de la Patagonie chilienne au Canada…et inversement.

Ils racontent leurs aventures sur leur blog Sur les chemins de la Panaméricaine. Pour Chapka, ils se livrent.

route panaméricaine

La Panaméricaine comme projet de voyage

À la sortie de nos études on rêvait de voyages, de rencontres. Une connaissance par-ci, un contact par-là, des initiatives outre-Atlantique qui nous inspirent…et nous voilà partis vers la Patagonie chilienne fin décembre 2018. Nous imaginons alors partir à la rencontre d’initiatives sociales et environnementales innovantes à travers le continent américain.

Nous avions étudié des projets intéressants en Amérique du Nord et on nous avait parlé de différentes luttes et mouvements sociaux en Amérique latine. On s’imaginait deux mondes totalement opposés, qui pourtant étaient sujets au même rapport de force face au capitalisme.

On a décidé d’aller s’intéresser à cette culture de la lutte d’une part, à cette contre-culture dans un modèle consumériste d’autre part. Surtout, on voulait rencontrer leurs acteurs qui, malgré leurs différentes nationalités, sont tous et toutes à la recherche d’un monde meilleur. 

La Panaméricaine c’était aussi le rêve de pouvoir se dire qu’on ferait tout ce voyage par la terre, sans prendre d’avion, en suivant à peu près un axe Sud-Nord, au fil des zones climatiques et au gré des saisons et des rencontres.

 La montagne Palcoyo, Pérou – Octobre 2019

Covid, le grand chamboulement

Février 2020 : on commence à entendre parler d’une grippe qui petit à petit devient mondiale.

Mars 2020 : on continue nos plans de voyage, on se projette dans des aventures avant de monter à bord d’un voilier pour rentrer quelques temps en France.

18 mars 2020 : le Covid-19 effraie la Colombie qui décide du jour au lendemain de fermer ses frontières. On a du mal à comprendre ce qui arrive mais on comprend qu’il va falloir qu’on se trouve un petit coin tranquille où voir venir. L’aventure s’est achevée un peu brutalement c’est sûr, mais on peut dire qu’on a été bien plus chanceux que de nombreux voyageurs en cours ou en début de voyage.

Lorsque nous avons commencé à sentir que les choses se gâtaient nous étions à Bogotá en Colombie. N’ayant pas encore vraiment pris conscience de l’ampleur de la crise, nous sommes restés encore quelques jours dans cette ambiance un peu chaotique : les musées fermaient les uns après les autres, les autres touristes contactaient leurs ambassades et rentraient en urgence…

Nous,  on ne s’inquiétait pas trop car nous avions rendez-vous au Panama trois semaines plus tard, pour prendre un voilier en direction de l’Espagne. On est complètement naïfs et on continue d’aller au restaurant sans prendre la mesure de ce qui est en train de se préparer mondialement.

Les serveurs nous saluent en nous offrant des masques (nos premiers !) et nous souhaitent « bonne chance pour le futur ».

Transfert de Bogota à Barichara, le premier jour du confinement.

Malgré tout on décide de s’arrêter à Villa de Leyva, un beau petit village qui nous permet de faire la route en deux fois et de découvrir un peu plus de la Colombie. C’est à partir de là qu’on prend un peu plus conscience de ce qu’il se passe, car une fois dans le bus, nous sommes regardés de tous côtés et certains demandent à ce qu’on descende du bus. On ressent la peur qu’on occasionne chez les gens. Expérience peu plaisante mais compréhensible à ce moment de la pandémie.

Mais finalement nous arrivons à rejoindre notre destination, le petit village de Barichara, où logent depuis quelques temps un couple de copains à nous. Nous trouvons une chambre chez l’habitante pour quelques nuits, qui se transformeront finalement en colocation pendant 2 mois.

Barichara.

Carolina nous accueille à bras ouverts et est très contente de pouvoir partager avec nous son nouveau quotidien. Et nous, on profite d’avoir une maison, de dormir dans le même lit tous les soirs, de vider nos sacs à dos, d’appeler nos proches tous disponibles…puis on entame de grands projets : potager, peinture, échanges et découvertes culinaires franco-colombiennes, sport… Et pour cause, il faut s’occuper car les règles mises en place en Colombie sont très strictes : on nous attribue un jour de sortie par semaine et on a le droit de sortir uniquement pour faire les courses.

Confinement à Barichara.

S’en suivent alors des stratégies complexes pour survivre à l’ennui du confinement : les rendez-vous dans les queues des magasins pour Clément et Rémi qui ont le même jour de sortie, le détour par des petites ruelles peu fréquentées pour pouvoir se promener, la sortie pour les courses à l’heure du coucher du soleil dans le canyon… Au total, on aura 6 sorties chacun à notre actif en deux mois. Autant dire qu’après ça, la maison de Carolina n’avait plus de secrets pour nous.

Le retour en France

Est arrivée la pénible période du « rapatriement ». On n’était pas prioritaires car nous n’avions pas de billet d’avion retour prévu (eh oui, quelle idée de vouloir rentrer en voilier ?). On a donc attendu 2 mois (entre temps tous les vols ont été annulés, même ceux organisés par les ambassades), puis finalement on a été mis sur les listes d’attente…Et par un heureux concours de circonstances (car il faut savoir qu’à ce moment-là les frais étaient très élevés et qu’on était au bout du budget), nous avons pu embarquer fin mai dans un vol organisé par l’ambassade allemande et atterrir après un an et demi de voyage dans la ville de Munich : à nous les bières et les kebabs avant de reprendre le train direction la Bretagne !

Une sensation étrange en France. Ne pas embrasser nos proches après tant de temps, retrouver les rues tant rêvées sans animation, les bars et restaurants fermés… Il faut dire qu’on est rentrés seulement quelques jours après l’annonce du déconfinement. On est retombés dans nos baskets qui nous attendaient toujours mais qui ne nous allaient plus si bien que ça. On s’est renfermés sur nos quotidiens et concentrés sur le travail (pour pouvoir repartir), on a retrouvé timidement les copains et peu à peu la vie est (presque) revenue à la normale. Mais on a trouvé ça « violent » : on a dû gérer les émotions du retour (revenir dans la vie d’avant, peiner à raconter ce qu’on a vécu…) combinées aux traumatismes liés au Covid.

Premier repas de retour en France en mai 2020

La Transatlantique pour repartir vers les Amériques

Après avoir vu partir en fumée cette envie d’aventure à la voile pour notre retour en 2020, on s’est dit que c’est de cette manière qu’on repartirait. Après plusieurs mois de veille sur les différentes plateformes de cobaturage, on est partis 3 jours dans le sud de la France, début juillet, rencontrer Thierry et son voilier Charly Brown. Première expérience à la voile, mal de mer, découverte du cabotage à Porquerolles. On signe pour une transatlantique quelques mois plus tard ! Rendez-vous mi-octobre aux Canaries pour traverser l’Atlantique puis les Caraïbes.

On est partis le 19 octobre et on est arrivés au Guatemala le 7 avril en passant par 2 îles des Canaries, 2 îles du Cap Vert, la Martinique, la Guadeloupe (où nous sommes restés 2 mois à terre), Saint Barthélémy, Saint Martin, la République Dominicaine et la Jamaïque.

On aura passés au total 55 jours à naviguer. Une sacrée aventure ! A la fois intense, terrifiante, enivrante, magique, humble, exigeante… On se replonge dans nos carnets de bord et on relit avec passion et étonnement nos mots : on y lit la découverte, la splendeur, l’émerveillement, l’effort, la fatigue, la morosité, la contemplation, la gourmandise, l’intérêt, l’impatience, l’incompréhension, la rêverie… Un mélange d’émotions, de récits, où chaque jour paraît s’étendre à l’infini et laisse place à une nuit sans fin.

On ne sait pas trop comment raconter ces journées. Il y a beaucoup à dire et en même temps peu à raconter. Imaginez une journée découpée en 3, sur des intervalles de 4 heures. Clément se lève à minuit, Océane vient le relayer à 4h, Thierry vient à 8h ; puis Clément reprend la barre à midi, Océane à 16h, puis Thierry à 20h. Entre temps, chacun.e est libre de son temps. On prépare à manger (on a pêché 2 poissons, dont une belle dorade coryphène qui nous a fait pas moins de 5 repas… à toutes les sauces possibles !). On dort (malgré la chaleur de plus en plus étouffante !). On lit. On écoute de la musique. On se douche. On relève notre position. On vire de bord. On dort. On mange. On change de voile. On écoute des podcasts. On règle les voiles. On mange. On fait la vaisselle sur la jupe du bateau. On regarde la météo. On fait un gâteau. On se douche (à l’aide d’un pulvérisateur de 5L pour contrôler notre consommation d’eau douce). On regarde le soleil se coucher et les étoiles apparaître. On dort. On vire de bord. On admire un lever de lune. On reporte notre position sur la carte…

Il y a des moments intenses qui chamboulent notre quotidien : un ballet de dauphins ; le spi (la grande voile de 110 m2 violette et jaune) qui tombe à l’eau et qu’on doit repêcher tous les 3 en un temps record pour éviter le danger ; Thierry qui doit monter par 2 fois en haut du mat au milieu de l’océan pour réparer des problèmes de poulies ; un petit oiseau qui passe la nuit sur le bateau pour se reposer au milieu de cette immensité… Et d’autres comme la brosse à dents qui termine dans les toilettes avec le remous des vagues, une belle tarte cuisinée pendant 2h qui finit en crêpe sur le plancher du bateau puis se transforme en crumble dans le plat (en mer, rien ne se perd !)… On se retrouve régulièrement dans des moments de contemplation, de méditation. Passer des heures à regarder la mer, le soleil se lever et se coucher, les étoiles briller intensément, la lune apparaître puis disparaître. Des scènes qu’on a déjà vues mais qui, ici, ont une autre saveur. Et pour une fois, on a le luxe du temps, pouvoir observer pendant des dizaines de jours le ballet des éléments.

De retour sur la Panaméricaine

On a passé 3 mois au Guatemala et on a adoré ce pays tant pour l’accueil de ses habitants que pour sa culture et ses paysages. On a adoré la randonnée et la nuit face au volcan Fuego en éruption. Nous avons passé un mois extraordinaire à vivre au sein d’un projet social et environnemental au Lac Atitlan, un lieu mystique, que nous avons pu observer depuis les airs en parapente, une expérience magique. Enfin, avant de passer la frontière pour le Belize, nous avons randonné pendant 3 jours dans la jungle près de Flores pour rejoindre le site Maya Tik’al. Une fois arrivés sur le site, la vue en haut des pyramides au son des cris des singes hurleurs est spectaculaire.

SIite Maya Tik’al – Guatemala

Nous n’avons fait que transiter une semaine par le Belize et sommes restés sur l’île de Caye Caulker rythmée par le festival de la langouste. Sa faune marine et ses eaux turquoises sont incroyables. On a adoré marcher au rythme de l’île dans les ruelles de sable.

Caye Caulker, Belize.

Nous sommes arrivés au Mexique par la côte Caraïbe, au Quintana Roo. Nous sommes tombés sous le charme de Bacalar et sa lagune aux 7 nuances de bleu. Après un road-trip dans la péninsule du Yucatan, nous avons rejoint la magnifique région du Chiapas par Palenque et San Cristobal de las Casas. Les ruines mayas de Palenque et les piscines naturelles et cascades de Roberto Barrios font partie de nos plus gros coups de cœurs. La ville coloniale de San Cristobal nous a enchantés par sa beauté, son ambiance militante et la rencontre avec ses habitants. La région du Chiapas regorge de merveilles naturelles et son histoire et sa culture sont vraiment passionnantes.

Lagune de Bacalar, Mexique.

On est actuellement dans l’état de Oaxaca et on compte continuer doucement à voyager vers le nord du Mexique jusqu’à mi-décembre (la fin de notre visa). Ensuite, on projette d’acheter un véhicule pour passer 3 mois à parcourir la côte Ouest des Etats-Unis. Et après cette aventure prometteuse, le projet est de conduire en direction du Canada pour environ 4 mois, le tout en rencontrant au maximum les habitants sur notre route et en visitant des initiatives inspirantes. 

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