Les Colibris Nomades, un tour du monde à vélo en période de Covid
0| Publié le 3 mai 2021
Les Colibris Nomades, ce sont Laura et Bastien, deux (anciens) ingénieurs en environnement de 28 et 30 ans ayant quitté leurs boulots et appartement, vendu leur voiture et le peu de biens matériels qu’ils avaient pour enfourcher
leurs vélos et voyager. Des vélos devenus de véritables maisons roulantes aux inspirations minimalistes !
Ils nous racontent.
Comment est née l’idée de partir faire un tour du monde à vélo ?
En 2017, nous avons réalisé un tour de France de promotion du développement durable pendant 6 mois d’Avril à Octobre. Cette première expérience de 6 000 kms ayant été un véritable succès pour nous et sur nos réseaux, nous nous sommes engagés dans ce qui devait être un tour du Monde, avec un départ initialement prévu pour Mars 2020…
Ce projet prendra le relai du tour de France. Au-delà de la découverte de nouveaux horizons, nous sommes notamment partis à la rencontre de personnes qui à leur échelle participent à un développement plus soutenable dans leurs activités : personnes que nous appelons “Colibris”. Ces découvertes sont partagées au quotidien avec des milliers d’écoliers français, suisses et marocains dont les écoles nous suivent.
Cette aventure engagée autour du Monde, c’est également l’occasion pour nous de voyager autrement et lentement grâce à deux valeureux vélos. Une envie profonde de quitter la vie sédentaire pour se confronter aux difficultés et à l’imprévu, mais c’est aussi et surtout une volonté de croire en ses rêves et de se surpasser pour les réaliser !
Le 1er projet de tour de France, dense en découvertes environnementales et sociales, dont l’utilisation du vélo n’était peut être qu’un « vecteur pour se déplacer d’initiatives en initiatives », nous a révélé une passion pour le cyclotourisme où nous nous étonnions à apprécier parfois davantage l’itinéraire emprunté, ses paysages, et la routine d’un voyageur à vélo, plutôt qu’à respecter le planning chargé et (trop ?) précautionneusement préparé des initiatives à rencontrer.
Est-ce que vous avez défini un itinéraire ou est-ce que vous vous laissez beaucoup de liberté ?
« Lâcher-prise » et « opportunités » sont devenus les maîtres mots de cette aventure : un tour du Monde (peut être ?) jusque 2022 (vraiment ?). Bien que chacun soit maître du cap qu’il donne à son voyage, l’imprévu est le nôtre. Cette fois, le terrain de jeu s’ agrandit en laissant place à de nouvelles cultures, de nouveaux territoires, à la concrétisation de nos rêves, dont l’itinéraire, juste esquissé cette fois, est le voyage. La rencontre des colibris, ces personnes qui agissent à leur échelle pour un développement plus soutenable, n’est volontairement cette fois possible que par la spontanéité des rencontres, qui nous sont maintenant primordiales !
Et c’est même avant le départ, que cette évolution de notre vision du voyage a été mise à rude épreuve. L’apparition de la crise sanitaire de la COVID-19 qui induit un décalage du départ à Septembre 2020, nous aura permis d’envisager un parcours différent tenant compte notamment des critères de saisonnalité et des conditions d’accès aux pays.
Outre le report du voyage, quelle incidence la Covid a-t-elle eu sur votre voyage ?
Au-delà d’avoir reporté de 6 mois le départ du voyage, la COVID a entraîné dans ses bagages son lot de contraintes mais aussi d’avantages. Sa présence (presque sans fin) dans le Monde nous aide dans notre quête du lâcher-prise ; la covid choisit en effet souvent nos prochaines destinations à notre place. Non loin de nous déplaire par fatalité, n’ayant souvent que très peu de marge de manœuvre, nous saisissons les opportunités de découvrir de nouveaux pays non envisagés à la base comme l’ensemble des pays des Balkans, traversés en plein hiver, ou encore le sud de la Turquie qui nous laisse son lot de surprise de jour en jour.
Qui plus est, la COVID a drastiquement fait chuter le tourisme dans l’ensemble des pays traversés, ce qui nous donne la chance de profiter des paysages, seuls, et des sites touristiques souvent habituellement bondés. Il faut cependant toujours garder un œil sur les évolutions constantes des restrictions des libertés de chacun des pays envisagés au fur et à mesure, et apprendre à voyager avec ce qu’on appelle la « veille COVID » !
Tous les matins ou presque, le suivi des sites d’informations ou des groupes de discussion de voyageurs s’invitent au petit-déjeuner : faut-il un test PCR ? Combien coûte-t-il ? Où peut-on le réaliser ? Quelles sont les contraintes de déplacement une fois sur place (quarantaine, confinement…) ? Le plan de voyage initial de partir à l’est jusqu’en Asie et de fouler ensuite le continent sud-américain est loin derrière nous. Nos idées évoluent de jour en jour au gré des évolutions du contexte sanitaire mondial. Ce n’est pas un problème, nous aurons tout le temps de découvrir le reste du Monde plus tard !
Vous avez pas mal pédalé dans les Balkans.
La péninsule des Balkans n’était pas prévue dans le plan de voyage initial. Et quelle erreur aurions-nous fait de ne pas y pédaler ! Cela a été pour nous la découverte de nouveaux territoires et de nouvelles religions (Musulmane, Chrétien orthodoxe et catholique, Bektachi…), mais surtout le début d’une générosité débordante de la part des locaux, d’autant plus en cette période hivernale où nous ne pouvions techniquement pas dormir dehors. Nous nous souviendrons d’ailleurs de notre première famille macédonienne qui nous a accueillis nous et 5 compères de voyage pour éviter que nous dormions par -14°C en extérieur. Au-delà des Balkans, et à ce jour, les côtes croates de la mer Méditerranée resteront gravées dans nos mémoires, tout comme l’hospitalité exceptionnelle en Turquie. La route y est ponctuée de mosquées, points névralgiques de chacun des villages traversés, où l’hospitalité sans faille des Imams et des fidèles est exceptionnelle… Il est d’ailleurs parfois compliqué de repartir avec les vélos surchargés d’offrandes (nourriture et autres…), mais nous sommes toujours heureux d’être enrichis par leur savoir-vivre et leur générosité. C’est fou à vivre, vraiment…. ! La nourriture, notamment sucrée, y est aussi exceptionnelle : fans de chocolat, on raffole des fameux bombas d’Izmir (et des lokoums aussi, avouons-le) !
Où dormez-vous en règle générale le soir après une journée de vélo ?
C’est une vaste question. Dans ce genre de voyage, avec un peu d’imagination, d’envie et en fonction des conditions climatiques, les possibilités sont infinies. Cela peut aller d’un hôtel abandonné vue mer, perchés au 10ème étage dans une tente comme dans une station essence en bord de route.
Dans tous les cas, par volonté, mais aussi par respect de notre budget moyen quotidien de 7€/pers/jour, nous ne dépensons que très rarement d’argent pour dormir. Au-delà d’être frugal, cette ligne de conduite nous permet de vivre la culture de l’intérieur, souvent hébergés chez l’habitant qui nous fera découvrir sa gastronomie, son histoire, ses coutumes et souvent un peu d’alcool local !
C’est quoi la panoplie idéale pour un long voyage à vélo ?
Je pense qu’aucune panoplie n’est idéale en voyage ; elle s’adapte au voyageur. À notre sens, elle dépend de nombreux facteurs tels que nos envies, notre manière de voyager ou encore nos objectifs fixés. Nous concernant, le principal est d’être autonome à tout moment, cela en respectant certaines conditions liées aux poids et à l’encombrement. Notre cuisine et notre chambre sont donc primordiales. Un voyageur autonome doit pouvoir remplir ses besoins primaires qui sont de manger et de dormir pour récupérer. Nous essayons de faire en sorte que chaque matériel puisse être léger, ne prenne que peu de place et ait la possibilité de remplir plusieurs fonctions. Au-delà des fondamentaux, nous avons choisi de réaliser des épisodes vidéos mensuels qui impliquent d’emporter caméras, drone, ordinateurs, chargeurs… Cela prend de la place et du poids, mais chaque voyageur a dans ses bagages certaines choses importantes à ses yeux.
D’autres , en fonction de leurs passions et envies, prennent parfois une guitare ou encore un nécessaire de café complet (moulins à café, etc.). Pour finir, quelques éléments liés à la maintenance du vélo sont nécessaires sans que cela devienne trop encombrant et lourd. Deux trois outils, une fiole d’huile, quelques rustines, une chambre à air, deux rayons, quelques maillons rapides, éventuellement une chaîne de rechange, de l’huile de coude et une bonne connaissance de son vélo seront suffisants. Encore une fois, si vous avez le temps, vous trouverez toujours une solution à vos problèmes sur la route. Enfin, et je pense que tout voyageur est passé par là, au fur et à mesure des kilomètres, nous nous délaissons souvent de matériels inutiles, donnés aux locaux ou renvoyés en France accompagnés de quelques cadeaux pour les amis et familles.
+ infos matériels : https://www.lescolibrisnomades.com/materiel-tour-du-monde-velo +
Est-ce que vous avez eu des galères pendant votre voyage à vélo ?
En termes de galères sur le voyage, peu de choses nous sont arrivées en sept mois, et c’est plutôt agréable 🙂 Niveau technique, on peut simplement relever 1 crevaison pour deux vélos, c’est plutôt correct ! Pour le matériel, et pour la traversée des Balkans en hiver, nous avons dû trouver très rapidement des sacs de couchage davantage adaptés aux conditions du moment, la COVID nous ayant obligés à les traverser au lieu de plonger plein sud vers la Grèce, toujours fermée à cette période ! Un nouveau partenaire est donc venu renforcer les rangs et nous a envoyé des sacs plus adaptés ! Une aubaine ! Enfin, niveau santé, on relève « simplement » une gastro ayant pointée le bout de son nez en hiver en Macédoine par -1°C la nuit, un vrai plaisir (partagé la même soirée en plus) !
La plupart des pays d’Asie sont fermés aux voyageurs français. Est-ce que vous avez un plan après le séjour en Turquie ?
Pour la suite du périple, nous espérons toujours foncer plein Est en espérant l’ouverture inopinée des frontières terrestres géorgiennes (seules les frontières aériennes le sont à ce jour). L’objectif serait alors de tempérer en Géorgie (avec la possibilité d’y rester 1 an sans visa), avant une réouverture à l’Est côté Azerbaïdjanais pour prendre un bateau de Bakou à Aktaou au Kazakhstan. C’est encore aujourd’hui utopique de penser cela, mais que serait le voyage sans espoir ? À défaut, et sans aucun remord, nous envisageons également la traversée de la mer noire en ferry pour rejoindre un pays de l’Europe de l’Est, afin de tempérer une nouvelle fois la réouverture des frontières qui nous permettrait de fouler la mythique route de la Soie. À suivre !
« Au milieu de chaque difficulté se cache toujours une opportunité. »
A. Einstein
Site internet : www.lescolibrisnomades.com RS : Facebook, Youtube et Instagram.
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