Le globetrotteur Tortuga a traversé l’Islande à pied
0| Mis à jour le 7 avril 2020
Il s’appelle Mathis Behaegel mais est davantage connu sous le nom de Tortuga sur les réseaux. Issu d’une famille plutôt casanière, il a passé la plupart de sa jeunesse à Paris, s’endettant comme beaucoup pour s’offrir des études en école de commerce. A 22 piges, il s’est retrouvé à taper sur un clavier dans un bureau exigu. Sa passion pour le voyage et l’aventure sera plus forte. Un jour, il plaque tout, achète une caméra et prend le premier avion vers l’Amérique latine. Un déclic !
Depuis, Tortuga a baroudé partout dans le monde. Il a eu la chance de traverser le Vietnam à moto, de vivre dans un monastère Bouddhiste ou encore descendre dans les mines de Potosi en Bolivie où la température peut monter jusqu’à 50°C.
Récemment, il a traversé l’Islande à pied, du nord au sud. Il en est revenu avec un documentaire. Celui-ci sortira le 12 avril sur Youtube.
Pourquoi avoir choisi de traverser l’Islande du nord au sud à pied ?
Quand je suis parti voyager autour du monde je me suis découvert un amour pour la nature. Et quoi de mieux que la marche pour être en contact direct avec elle. L’Islande m’a toujours attiré par la beauté de ses paysages, car cette île reflète pour moi la nature à l’état sauvage. Quand j’ai appris que ses glaciers fondaient à cause du réchauffement climatique, je me suis dis qu’il fallait que j’y aille avant qu’il soit trop tard. Je voulais voir le Vatnajökull, plus grand grand glacier d’Europe, de mes propres yeux avant qu’il ne disparaissent comme son petit frère l’été dernier, le glacier Ok.
Le problème avec l’Islande, c’est le tourisme de masse qui s’agglutine sur les lieux touristiques situés tout autour de l’île. Moi, je voulais me retrouver seul face à l’Islande pour apprendre à la connaître. Car comme l’a si bien dit Jacques-Yves Cousteau, « on ne protège que ce que l’on connaît bien ». J’ai alors décidé que le meilleur moyen de vivre pleinement l’expérience, c’était de passer par là où personne ne passait : c’est à dire en son centre et longer de près le Vatnajökull. A pied. Et seul.
Comment se prépare-t-on à une telle expédition ?
Comme je le disais auparavant, je suis passionné de voyage et d’aventure… mais je reste un amateur ! Alors, ma priorité était d’arriver en vie de cette expédition qui peut-être périlleuse si nous ne sommes pas préparés. Il fallait d’abord bien s’entourer : j’ai cherché et contacté des personnes ayant déjà effectué ce périple pour qu’ils puissent m’apporter leur aide. J’ai ensuite acheter des cartes de l’Islande et télécharger un itinéraire qui avait été tracé par un précédent aventurier ayant déjà effectué ce parcours, que j’ai adapté en fonction des cartes récentes et que j’ai rentré sur mon GPS.
Le plus important ensuite, c’est l’équipement ! Ne surtout pas lésiner sur ce qui va nous accompagner tout le long de notre périple. Un bon duvet qui nous protège du froid, un tapis de sol hermétique, une tente qui résiste à des vents extrêmes.
Mon pire ennemi était l’humidité : toujours garder ses affaires au sec. Puis, il faut avertir la sécurité sur place en partageant son itinéraire détaillé sur safetravel.is. Pour terminer, une bonne préparation physique en amont.
Comment les Islandais se préparent au développement touristique et au dérèglement climatique ?
Au centre de l’île, personne n’y vit à cause des conditions extrêmes. Cependant, j’étais accompagné d’une équipe technique qui était chargé de ma sécurité mais aussi de filmer nos rares rencontres pour le film « Seul en Islande ». Ils avaient également pour mission d’aller à la rencontre d’Islandais pour leur poser des questions sur cet enjeu majeur qu’est l’impact du réchauffement sur les glaciers islandais.
Nous avons eu la chance de rencontrer et d’interviewer Ari Trausti Gudmundsson qui est un géo-logiste reconnu et membre du parlement Islandais. Selon les scientifiques, le Vatnajökull qui occupe 8% de la superficie de l’Islande aura fondu d’ici 200 ans. Abritant plusieurs volcans en activité, la fonte du plus grand glacier d’Europe (comme les autres glaciers d’ailleurs) relâchera la pression jusque là exercé sur la roche. Les volcans rentreront alors plus souvent en activité, provoquant des Jökulhlaup, vidanges brutales de lacs glaciaires dévastant tout sur leur passages.
De mon côté, même isolé de tout, j’ai pu ramasser sur mon parcours plusieurs mégots de cigarette, des bonbonnes de gaz usagés… et même des bouteilles de bière ! Le sol islandais est très fragile et la végétations sur ce sol mets beaucoup de temps avant de se développer. L’activité touristique en forte croissance en Islande détériore dangereusement cet écosystème très fragile.
Tu as rencontré des animaux en Islande ?
Au centre de l’Islande, rien ne vit et presque rien ne pousse. Fouler les « highlands » de l’Islande (hautes terres) c’est se retrouver sur la Terre des millions d’années auparavant. Pour seule compagnie, des essaims de mouches qui parfois me suivaient pendant toute une journée, cherchant la chaleur : elles tentent de rentrer dans les oreilles, la bouche, les yeux… un équipement indispensable à apporter : un filet protecteur à se mettre sur la tête. Près de la côté, j’ai pu croiser des moutons, des chevaux qui gambadent librement et quelques macareux moine, oiseaux emblématiques de l’Islande avec son bec rouge.
Tu étais sponsorisée par Michel et Augustin pour cette aventure.
En partant pour cette expédition, Michel et Augustin m’ont offert mes cookies préférés : l’incroyable cookie aux gros morceaux de chocolat blanc. J’en avais un par jour ! C’était mon petit plaisir de la journée (je le mangeais généralement après un moment difficile : traversée d’un gué, une forte averse, une grosse montée… ou au petit déjeuner quand j’en avais marre de mes repas lyophilisés). Ils m’ont apporté l’énergie nécessaire et surtout, moralement, c’est indispensable ! Ne pas partir qu’avec de la nourriture lyophilisée. Des petits plaisirs comme l’incroyable cookie de Michel et Augustin font du bien au moral et vous aide à continuer lors des moments difficiles.
Quels sont tes futurs projets ?
Pour commencer, le film « Seul en Islande » sur mon expédition. C’est un projet à part entière…ou plutôt l’accomplissement de ce projet d’expédition. Il sera disponible le dimanche 12 avril à 18h30 ma chaîne Youtube Tortuga Vidéos (durée : 73 minutes)
Voici d’ailleurs la bande-annonce :
Plus d’informations sur l’événement Facebook.
Par la suite, j’ai plein de projets en tête, j’y pensais déjà alors que j’étais en plein milieu de l’Islande. Je vais retourner en Ecosse pour effectuer le West Highland Way, une randonnée de 5 jours qui traverse les hautes terres de l’Ecosse.
Un continent qui m’attire particulièrement en ce moment, c’est l’Afrique. J’aimerais commencer par l’Afrique du Nord et notamment le Maroc : vivre auprès des nomades berbères et partir pour l’ascension du Mont Toubkal, point culminant de l’Afrique du Nord. J’aimerais aussi beaucoup réaliser des documentaires qui traiteront plus en profondeur de l’impact du réchauffement climatique sur la nature et notamment les glaciers. Bref, beaucoup de projets à venir !
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