Bellavita, une famille digital nomade en tour du monde

Aujourd’hui, on rencontre la famille Bellavita autour du monde ! Clémence et Cédric sont partis faire le tour du monde en camion tout en continuant à travailler en tant que digital nomade. Pour les accompagner dans cette aventure, leurs deux fils et leur chien !

Présentation des membres de la famille

• Clémence, 38 ans. Un parcours d’expertise comptable, de commissariat aux comptes, Directrice financière depuis plusieurs années. Elle a choisi de repenser son métier, pour être libre de le faire à son compte et à son rythme. Cette maman poule a l’envie indescriptible de montrer à ses enfants le monde des possibilités qui s’offre à eux. 
• Cédric, 36 ans et vingt ans de carrière en mécanique automobile au compteur. Passionné par tout ce qui touche au bricolage, débrouillard et inventif, il trouve toujours des solutions ! Un papa qui n’a peur de rien et encourage ses enfants à s’amuser avec ce que la nature a à offrir, comme des bambous.
• Alessio, qui va fêter ses 8 ans en Argentine dans quelques jours. Un petit bonhomme qui s’inquiète beaucoup du devenir de sa planète, de la pauvreté des familles qu’il croise sur la route. Bref, un petit grand qui voudrait changer le monde et qui répète tous les jours qu’il a une chance de dingue de voir ce qu’il voit, et que « la vie est belle » en famille.
• Léandro, 5 ans et demi, le casse-cou de la bande. Il ne manque pas de vous sortir LA réflexion qui va bien pile au bon moment. Un p’tit bonhomme qui ne se laisse pas faire pour son âge et qui croque la vie à pleine dent.
• Paquito, un chien âgé de 3 ans. À la base censé être un cane corso mais qui a beaucoup du boxer. Un mariole, toujours entrain de faire le clown et des têtes bizarres. Sa grande passion : dormir au soleil ! 

Et il y a aussi Marcel, leur camion. Un Mercedes 1117 de 1985. Un look vintage qui fait des ravages là où il passe. Son p’tit nom : Marcelus de la Véga ! 

Comment avez-vous eu l’idée de partir faire un tour du monde en mode digital nomade ?

Voyageuse dans l’âme, faire le tour du monde était un rêve depuis toujours. J’ai refilé le virus à mon mari et mes enfants, et nous voyagions régulièrement avant ce grand départ. Avec nos carrières, l’arrivée des bébés, ça n’était pas le bon moment. Et puis le Covid est arrivé, mettant en exergue la véracité du monde face à l’argent, le plus fort écrasant le plus faible pour s’en sortir, constat écœurant qui a donné le coup de départ à notre aventure pour de bon. Mais il fallait une source de revenus en voyageant, alors j’ai imaginé comment pouvoir faire mon métier à distance, sans patron, et libre, et j’ai mis en ligne mes services. Tout cela, un an et demi avant notre départ pour nous laisser le temps de voir si les revenus suffisaient et pour ne pas tout lâcher.

Est-ce facile de lier tour du monde et travail ?

Oui avec un grand O… Il suffit d’avoir une carte sim pour le partage de connexion et même au Paraguay, je n’ai jamais manqué de réseau pour bosser ! Quant aux horaires de travail, je n’en ai pas, je préviens mes clients que je leur répondrai « dès que possible » (et généralement ça ne dépasse pas 48 h). Je profite que le repas mijote, ou que les enfants jouent dehors (sous surveillance toujours) pour travailler. Bref, je m’organise, j’automatise au maximum, et connaissant mon métier par cœur, le temps n’est pas un problème.

Comment avez-vous déniché et aménagé votre camion Marcel ?

Une recherche acharnée sur Le Bon Coin, avec des alertes programmées pour ne louper aucune annonce, car ces véhicules sont très recherchés. Lorsqu’une annonce est en ligne, le vendeur est pris d’assaut en quelques minutes, il était donc nécessaire d’être hyper réactif.

Un gros stress et en même temps il fallait être prudents et vite analyser l’annonce pour voir si le véhicule convenait réellement ou pas. Nous en avons écarté plusieurs, notamment par rapport à la nécessité qu’il y ait écrit « vasp caravane » sur la carte grise pour que les assurances acceptent de l’assurer. Il fallait aussi éviter ceux qui ont l’air bien mais qui sont en réalité des nids à problème. Et puis, il fallait un camion assez grand pour vivre à 4, enfin 5 avec notre chien.

Une fois trouvé, nous avons immédiatement appelé le vendeur et nous lui avons posé toutes les questions nécessaires pour une fois de plus être sûrs que le véhicule convienne. Puis nous avons pris l’avion pour aller le voir, l’essayer, avec un chèque de banque dans les valises. Cédric a enfilé sa casquette de mécano pour passer le moteur sous contrôle et voir s’il était sain ou pas…Et le verdict fut positif : nous avions trouvé notre camion et nous repartions avec pour rentrer chez nous. 1500 km à faire, de quoi nous laisser le temps de lui trouver son p’tit nom !

Pour l’aménager, nous avons décidé d’utiliser des matériaux de recup’ au maximum pour faire nos placards, nos toilettes sèches, notre sol, notre table, une tablette pliable, nos rideaux. Puis, nous avons démarché des entreprises par téléphone dans l’espoir de décrocher un sponsor pour un matériau dont nous rêvions pour recouvrir les murs de notre camion : un matériau ininflammable, reflétant la lumière et léger, car nous devons respectés le poids maximum inscrit sur la carte grise… Et une chance de fou :la société MATEL a adoré notre projet et, souhaitant nous accompagner pour réaliser notre rêve, nous a fourni gratuitement autant de MATELBOND que nécessaire pour recouvrir l’ensemble de nos murs, 2 cartons entiers de leds en 12 volt pour l’éclairage de notre camion avec peu de consommation, ainsi que nos stickers. Nous n’en croyions pas nos yeux. Tout a été livré devant notre maison, le rêve pour nous.

La société Myshop solaire nous a aussi accordé une remise intéressante sur l’achat de tous nos équipements en panneaux solaires, batteries, transformateurs et tout ce qu’il faut pour être autonome en électricité. Encore une grande chance pour nous.

La société TOTAL, appréciant Cédric dans son travail, nous a sponsorisé en nous fournissant suffisamment de bidons d’huile pour l’entretien de notre 11 tonnes. 

Avez-vous eu des galères avec le camion ?

Ohhh oui, ça fait parti de l’aventure ! Nous nous sommes ensablés (une fois dans chaque pays), un panneau solaire s’est cassé à cause d’un impact, notre truma (chauffage & chauffe eau) est tombée en panne (bien sûr quand il faisait froid, sinon ça n’est pas drôle), notre traverse moteur et nos amortisseurs ont cassé à force de prendre les routes défoncées de l’Uruguay. Une semaine aussi sans électricité sous les pluies diluviennes du Brésil. Depuis, nous avons investi dans un groupe électrogène, ça nous a servi de leçon….

Est-ce facile de voyager avec des enfants ?

Oh oui ! Ils ont une faculté d’adaptation incroyable, très factuels, ils comprennent vite et agissent en fonction. Nous leur expliquons tout, on ne cache rien. Par exemple, si nous savons la police corrompue dans certaines régions que nous traversons, ils sont prévenus que si la police armée veut rentrer dans le camion, elle le fera et qu’ il arrive qu’ils se servent au passage. Ils ne trouvent pas ça juste, nous non plus, mais on accepte les règles du jeu. Notre vie est plus importante. 

Pour manger, ils n’ont jamais été difficile, ils adorent goûter à tout et encore plus quand c’est eux qui cuisinent ! 

Sur la route, ils s’occupent, ils jouent avec leur légo, avec leurs doudou, ils font des coloriages, ils s’inventent des histoires… 

Pour dormir, personne ne se fait prier ! Les journées sont tellement pleines de découvertes ,il faut dire. Puis chacun a son lit avec son espace, ses jeux…

Comment gérez-vous leur scolarisation ?

Ils suivent le programme français (Alessio en CE2, Léandro en CP), sans contrôle, à part les évaluations que nous mêmes leur faisons passer. Nous avons les fiches du programme dans toutes les matières, et le livre d’exercice de maths. Chaque jour de la semaine, Léandro fait 4 pages (2 de lectures, avec une dictée, et 2 pages de maths). Mais il s’est mis dans la tête de vouloir être dans la même classe que son frère alors il ne veut plus s’arrêter et passer dans la classe suivante ! Alessio, lui doit faire 6 pages par jour. Il a des leçons à lire le soir avant de s’endormir pour les savoir pour la semaine suivante. Lui aussi s’est mis un challenge : avoir fini le programme avant ses copains de France pour avoir des vacances plus longues ! Bref, c’est assez simple lorsque les enfants eux-mêmes sont moteurs de leur instruction !

Quels sont les plats que vos enfants ont découvert et adoré en Amérique du Sud ?

Alessio adore les empanadas d’Uruguay, les chippas au Paraguay, la Fejoida au Brésil…Et aussi le manioc qui, ici, remplace la pomme de terre de chez nous, y compris pour les frites. 

Pour Léandro ceux sont les escalopes milanaises, le Dulce de Leche et les gros cornichons du Brésil.

Vous voyagez avec votre chien Paquito. Quelles sont les principales difficultés pour un tour du monde avec un toutou ?

La première a été de trouver une compagnie aérienne qui l’accepte ! Ensuite c’est assez simple tout le temps. Mais, 10 jours avant le passage d’une frontière, il faut anticiper, car il doit voir un vétérinaire, recevoir des antiparasitaires internes et externes, et le vétérinaire doit remplir une attestation de bonne santé, mentionnant tous ses vaccins à jour. Cette attestation doit ensuite être tamponnée par les services d’hygiènes du Ministère de l’agriculture. En Uruguay, très facile ! Au Brésil, un enfer ! Après des jours et des jours d’attente, le ministère a refusé la validation au motif qu’il avait un vaccin contre la rage français et qu’au Brésil, seuls les vaccins brésiliens sont reconnus ! Il a donc fallu refaire un vaccin et recommencer le processus ! Au Paraguay, très simple aussimais 10 jours d’attente pour avoir ce tampon sachant que le document n’est valable que…10 jours. Donc il a fallu sortir vite.

Si c’était a refaire, nous le referions. D’abord parce que partir sans lui était inconcevable ! C’est notre 3ème enfant. On l’aime, impossible de vivre sans lui ! Ensuite parce qu’il y a un très bon côté : il impressionne, il monte la garde et peut dissuader les esprits mal intentionnés. Il nous a d’ailleurs « sauver la mise » dans le nord du Paraguay (zone risquée) : la police corrompue, accompagnée par des militaires armés et cagoulés, a voulu rentrer dans notre camion pour faire ses « emplettes ». Mais en ouvrant la porte, ils se sont retrouvés « nez à museau » avec notre Paqui’ et, pris de peur, ont reculé et fermé la porte sans monter à bord.

Vous avez visité deux pays méconnus, à savoir l’Uruguay et le Paraguay. C’est comment ?

Nous avons visité en premier l’Uruguay et nous avons été conquis par sa beauté. Des grands champs avec des autruches, des lamas, des palmiers…mais aussi la rencontre avec des éléphants de mer, des lions de mer en pleine nature, entrain de se dorer la pilule sur les rochers. Le pays le plus safe d’Amérique Latine sans doute. Des plages immenses et magnifiques. Le gros point noir : le coût de la nourriture, plus cher qu’en France pour des produits basiques.

Les habitants ont la main sur le cœur et vous invitent spontanément. Selon leurs propres propos, ils nous remercient d’avoir fait l’effort de venir connaître leur beau pays Certains nous ont invités à parquer le camion sur leur terrain et à partager des moments de vie avec eux. C’est d’ailleurs comme ça que nous avons fait un safari dans une ascienda. Les enfants ont été à l’école du village avec leurs fils du même âge qu’Alessio. C’était magique pour eux comme pour nous.

Après le Brésil, nous sommes allés au Paraguay. En rentrant par le nord, ça a été compliqué avec la corruption. Nous avons donc dû vite descendre vers le sud où la police était correcte.

Le Paraguay, c’est l’impression de reculer 100 ans en arrière. Dans les villages, il y a des charrues tirées par les bœufs, pas d’électricité ni eau chaude par endroit. Les maisons sont faites seulement de briques et de tôles, sans fenêtre ni porte. Les villes sont plus développées avec des habitations sans prétention mais tout à fait correctes et jolies. 

Les routes principales ne sont pas en bonne état et les axes secondaires en sable ! Ils roulent sans casque, à 4 ou 5 sur la même mobylette. C’est un autre monde, mais c’est ce qu’on cherche en voyageant autour du monde, non ? 

Les gens viennent aussi spontanément à nous, ils nous disent être émerveillés par de telles aventures, ils nous invitent à partager un repas avec eux, nous demandent comment ils peuvent nous aider. Ils toquent à la porte de Marcel, nous amenant des glaces, des empanadas. C’est dingue et ça fait tellement chaud au cœur ! Nous adorons passer du temps avec eux et découvrir leur culture, leur histoire dont ils sont fiers de nous parler. Ils sont encore très marqués par la guerre de la Triple Alliance.

D’ailleurs, savez vous que le Paraguay a gagné le prix de la meilleure viande du monde plusieurs années de suite ? Et ils n’ont pas volés ce prix : la viande est simplement un délice ici, et bon marché.

Un bon plan au Brésil ?

Tellement de paysages différents, de coins féeriques, mais celui qui nous a subjugué à l’unanimité c’est la « Praia do Sirù » : des dunes de sables blanc à l’infini, la mer paradisiaques en contrebas. Tout le monde s’est éclaté, les étoiles plein les yeux, nous ne voulions plus partir de ce lieu incroyable !