Sensibiliser les enfants aux bienfaits de l’école : une mission Twam au Cambodge
0| Mis à jour le 25 février 2019
Par Stéphanie et Emmanuel du blog Backpacks & Bridges
Dans le cadre de notre tour du monde solidaire, on a posé nos sacs-à-dos un peu fatigués de 5 mois de voyage à Siem Reap, pour 1 mois et demi. 1 mois et demi pour continuer à développer bénévolement le projet associatif Cours avec Moi au Cambodge, sur le terrain, et en profiter pour redécouvrir (encore et encore, on ne s’en lasse pas !) les sublimes temples d’Angkor.
Twaming : l’opportunité peut se trouver au coin de la rue
Comme notre mission est davantage axée sur ce que l’on sait faire (gestion, administratif, communication, levée de fonds etc), on n’a pas besoin d’être toute la journée sur place, dans la salle de classe ou dans la cour de cette structure qui donne des cours de français. On a besoin de calme, d’une bonne connexion internet et de nos claviers pour jouer avec Word et Excel. On opte donc pour un charmant petit appartement, dans le quartier de Wat Bo, et ainsi vivre, au cours de notre long voyage, une vie de sédentaire : faire les courses au marché, se faire la cuisine, discuter de tout et de rien avec les voisins, prendre le scooter pour aller travailler. Et de temps en temps, aller au restaurant du coin !
Il y en a un justement, pas loin, qui a retenu notre attention en passant devant quelques fois. Difficile en même temps de passer à côté : le « Love U » est écrit en lettres lumineuses roses, flanquées d’un énorme coeur, lumineux et rose lui aussi. On a décidé d’y dîner un soir, quelques jours après nous être installés à Wat Bo. On est très bien accueillis, et un jeune homme nous explique, dans un anglais timide, le concept du restaurant : ce sont nos premiers échanges avec Okdam, un des fondateurs du projet. Il nous explique que le restaurant sert à payer les études des patrons, une bande d’étudiants d’une vingtaine d’années à peine, qui viennent de l’université d’à côté. Mais aussi à financer leurs actions associatives : régulièrement, l’équipe du « Love U », sous l’impulsion d’Okdam, se rend dans des écoles de campagne pour non seulement distribuer des fournitures scolaires, mais aussi sensibiliser les enfants à l’éducation, les encourager à s’accrocher, à rester sur les bancs de l’école, à s’instruire. Bon nombre d’enfants, au Cambodge, quittent l’école à l’aube de l’adolescence, pour travailler et ainsi participer aux besoins de leur famille.
Au cours de la conversation (car forcément ce genre d’initiatives nous intéressent), on cherche à en savoir plus sur leurs actions. Et là, on peut dire que le hasard fait bien les choses : ils vont se rendre, ce samedi, dans une école à 70 kilomètres de Siem Reap, dans le village natal d’Okdam, pour une matinée de sensibilisation, jeux et distribution de fournitures scolaires. Il nous invite timidement à participer, et semble tout étonné de nous voir si enthousiastes à l’idée de nous joindre au groupe « Love U ».
Une seule matinée de Twaming peut vous en apprendre beaucoup
Nous voici donc à l’heure dite du rendez-vous ce samedi matin: 6h30. Tout est très bien organisé par cette bande d’étudiants au grand cœur : on charge les cartons de matériel scolaire dans le bus, on fait connaissance avec les membres du collectif et des autres étudiants qui sont venus leur prêter main forte pour l’occasion. Le bus est rempli, principalement d’étudiants cambodgiens. Nous sommes 4 étrangers, tous clients du restaurant. Dans le bus, on est briefés (en khmer, donc on n’a pas tout saisi, mais on a compris l’essentiel). On nous distribue des savons pour faire un cours pratique d’hygiène aux enfants, on nous apprend le salut khmer (mains jointes au niveau du front, des yeux, du nez, du menton selon la personne que l’on salue) qu’on devra apprendre à notre tour aux enfants, et on nous demande de réfléchir aux activités qu’on leur fera faire et au discours sur l’éducation. Et oui, il n’y a pas mieux placés que des étudiants khmers motivés, issus de familles défavorisées, pour motiver des enfants khmers d’un même milieu !
On s’organise en groupes : pour une immersion totale, les étudiants nous font la surprise de nous séparer. Chaque étranger ira dans un groupe, avec des membres du collectif rompus à l’exercice, qui nous dirigeront et nous feront participer aux activités. C’est parti !
On commence par un rassemblement général. Okdam, responsable en chef de cette intervention, fait un discours d’introduction aux enfants qui écoutent attentivement en rang d’oignons. Tous les niveaux sont là : des petits de maternelle aux jeunes adolescents. Okdam semble content. il n’y a que peu d’absents. 15 minutes plus tard, on se sépare en groupes d’activités. Stéphanie commencera par transmettre les bons gestes pour se laver les mains (et les apprendre elle-même par la même occasion), tandis qu’Emmanuel gonflera des ballons pour des jeux. Puis tout s’enchaîne. On distribue le goûter du matin, les cahiers et les crayons, on chante, on danse, on fait des jeux dans la cour. C’est la fête.
Puis on rentre à nouveau dans la classe, on enseigne le salut khmer, et on demande à Stéphanie de faire son activité avec les enfants, car ils sont curieux d’en savoir plus sur elle. Elle fait donc ce qu’elle sait faire, et ce qu’elle fait à chaque fois lorsqu’elle commence un cours de dessin avec des enfants, à l’étranger ou en France: « Dessine-moi ta maison ». Elle dessine la sienne au tableau, ce qui lui vaut quelques éclats de rire, puis tous s’appliquent à lui montrer leur chez-eux. Toutes ont un point commun : elles sont sur pilotis, et elles sont en bois, là où en Inde, lors de notre dernier twaming, les maisons étaient à même le sol et toutes pourvues d’un ventilateur au plafond. Les membres du collectif « Love U » lui soufflent d’aller mettre des notes sur les dessins. Elle n’a su mettre que des 10/10, tant elle était contente de l’implication des enfants ! En revanche, elle pense que les membres du collectif s’attendaient à des niveaux de notes différents : un mystère de différence culturelle pas encore résolu (on posera la question quand on reviendra au Cambodge !).
Puis, on finit sur du sérieux : le discours des différents intervenants pour inciter les enfants à persévérer dans les études. Et c’est passionnant : chacun donne un peu de soi, de son histoire personnelle, et l’ambition, la soif d’apprendre, l’envie de se créer l’opportunité de bien s’en sortir, sont bien présentes chez ces jeunes de « Love U ». Les voir partager cela avec la toute jeune garde, c’est formidable.
Habitués à du bénévolat sur du plus long terme (1 mois minimum), on vous conseille ce genre d’expérience TWAM sur une courte durée : c’est ponctuel, certes, mais on en ressort malgré tout plein d’enseignements. Un dialogue s’est installé, on a pu apporter notre petite pierre à l’édifice, en suivant les instructions des personnes référentes, pour avoir un impact positif.
Voilà, au bout de 2h30 d’intervention, il est temps de quitter l’école. Sauf que… on ne savait pas qu’une autre belle surprise nous attendait !
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Le bus s’arrête, quelques centaines de mètres plus loin, le long de la piste en terre rouge. Un repas à la khmère nous attend dans la maison de la mère d’Okdam. On monte à l’étage de la maison en bois sur pilotis, et on s’assied tous par-terre, en petits groupes, pour partager un délicieux déjeuner.
Riz, légumes, poissons en sauce, un peu de poulet, encore du riz, mangue verte au piment, et nous voilà heureux. Voici une nouvelle occasion d’échanger avec les étudiants, d’en apprendre plus sur eux et leurs motivations. La mère d’Okdam et ses sœurs sont aux petits soins pour nous, et rigolent bien lorsque Stéphanie ramène les bols à la cuisine. En réponse, on lui fait signe de se rasseoir et on lui amène une paillasse: c’est l’heure de la sieste. Et oui, la sieste est sacrée au Cambodge. On se lève tôt, entre 4 heures et 5 heures du matin, mais on fait la sieste à midi, jusque 13 heures minimum. Autour de nous, tous se sont déjà assoupis… qu’elle est douce, la vie de Twamer !
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