Le tour d’Amérique du sud en van par Chrys et Alex
0| Mis à jour le 7 septembre 2021
Chrys et Alex ont décidé de quitter Toulouse en 2019 pour faire le tour de l’Amérique du Sud en van aménagé. Alex était depuis plus de 10 ans développeur chez un éditeur de logiciels médicaux. Chrys est photographe et rédactrice web, activités qu’elle poursuit sur la route. Rencontre avec ce couple passionné de vanlife, qui tient le blog waitandsea.
Comment avez-vous eu l’idée de partir voyager en Amérique du Sud en van ?
L’Amérique du sud, c’était mon rêve de petite fille (Chrys). Alex rêvait lui aussi de découvrir ce continent depuis quelques années. Devant l’étendue des paysages à traverser et des rencontres potentielles, il nous est rapidement devenu évident qu’un mois ou 2 de vacances ne nous suffiraient pas. Il a été question de réaliser ce voyage en sac a dos au tout début mais très rapidement également le choix du voyage en véhicule aménagé s’est imposé. Nous avions déjà un peu d’expériences du voyage en van et à long terme, cela nous paraissait le plus évident. Surtout que cela me permettait de continuer mon activité professionnelle sur la route.
Comment avez-vous trouvé votre van ?
L’achat d’un véhicule sur place nous paraissait hasardeux en terme de mécanique, surtout au vu des commentaires de voyageurs. Et nous n’avions pas un budget illimité pour en acheter un en France. Nous avons alors choisi l’option la plus complexe en ce qui concerne le choix de notre van : en aménager un nous-même. Cela nous a permis de réaliser un outil taillé pour nos besoins et notre aventure tout en apprenant de nombreuses choses sur des domaines qui nous étaient jusqu’ici assez vagues : menuiserie, électricité, gaz, plomberie…
Alors, en vrai, tout n’a pas été rose…bien au contraire. L’aménagement a été source de bien des galères mais cela en valait la peine. Au final, notre Léon (c’est comme cela qu’on l’a appelé) est unique et correspond exactement a nos besoins. C’est un modèle 4 roues motrices (bien utile sur certaines pistes), équipé comme un petit camping car avec chauffage, eau chaude, douche et toilettes sèches.
Vous avez commencé votre aventure en Uruguay. Pas trop difficile les débuts ?
Nos débuts en Uruguay se sont passés à merveille. Nous sommes restes 10 jours chez Daniela et Augusto, en attendant notre véhicule qui est arrivé par bateau. Ils nous ont formidablement bien accueillis et beaucoup aidés à retrouver un niveau convenable en espagnol. L’arrivée du véhicule et sa sortie de container se sont passés très facilement et nous avons pu prendre la sublime route de la cote vers le nord et le Brésil. Au programme : observation de baleines franches et découverte des sublimes plages de l’Uruguay.
Vous avez pas mal baroudé au Brésil. Quels spots avez-vous préféré ?
Le Brésil a été une superbe découverte. Nous y sommes restés presque 3 mois essentiellement dans la région du Nordeste. C’est une région à part dont nous avons beaucoup aimé la richesse culturelle, l’accueil, les paysages dont le désert de Lençóis Maranhenses, les plages de sable blanc et leurs cocotiers. Alex a pu en profiter pour perfectionner sa pratique du Kite Surf. Nous avons également eu de gros coups de cœur pour la Chapada Diamantina, rare mais superbe région montagneuse du Brésil. On a aimé Rio de Janeiro, fourmillante et en même temps proche de la nature et enfin les spectaculaires chutes d’Iguazu, point de frontière avec l’Argentine.
Et l’Argentine ?
Hormis la très européenne et attachante Buenos Aires, nous avons adoré la Patagonie Argentine. La route de la côte jusqu’a Ushuaia avec les manchots et les lions de mer. Les milliers de Guanacos (forme sauvage du lama) en traversant la pampa. Puis les grands Parcs de la Patagonie argentine et chilienne avec ces innombrables glaciers (on y a fait un trek fabuleux et mémorable durant 4 jours) dont le plus célèbre d’entre eux : le Perito Moreno, un monstre blanc qui ne cesse de croître malgré l’alarmante tendance mondiale.
Quels sont les avantages et les inconvénients du voyage en van ?
Le voyage en van offre une très grande indépendance et procure un fort sentiment de liberté. Il est peu coûteux au quotidien car en dehors de la nourriture que l’on cuisine très souvent nous-même et du carburant, il n’y a pratiquement aucune autre dépense. Tout n’est pas toujours aussi parfait que ce que laissent transparaître certains réseaux sociaux mais globalement ce mode de déplacement ne comporte que des avantages. Il faut malgré tout prendre garde à ce que l’autonomie ne devienne pas une forme d’isolement. Vous pouvez rapidement vous couper des réalités locales si vous ne faites pas l’effort d’aller vers les autres. Cela dit, c’est parfois le van lui-même et la curiosité qu’il fait naître, qui sera source de belles rencontres.
Il ne faut pas non plus avoir de soucis mécaniques comme nous en avons fait les frais dernièrement… difficile de trouver de bons mécanos en Amérique du sud et et ça peut vite coûter vite très cher, surtout si vous n’avez pas les pièces.
En Europe et en France en particulier c’est un moyen de voyage qui reviens très a la mode sous le nom de « vanlife ». Nous craignons un peu que dans les années à venir cette mode ne devienne une overdose pour les régions les plus touristiques sans un meilleur accompagnement. Les côtes Françaises sont évidement bien plus peuplées que celles de Patagonie. Nous espérons que les acteurs et que les usagers sauront s’entendre et se respecter pour que perdure cet esprit de liberté.
Revenons sur vos soucis mécaniques, de quel ordre étaient-ils ?
On a connu quelques soucis mécaniques. La dernière en date, c’est la boite de vitesse qui a cédé. Cela a été très long (2 mois) et angoissant mais on a pu en dénicher un nouvelle et reprendre la route. Cette histoire nous aura isolé deux mois dans un mini appartement en pleine pandémie.
Notre côté poissard vient aussi aussi du fait qu’en dehors des galères de l’aménagement et des soucis mécaniques, on a vécu :
- Une attaque à main armée au Brésil, on en dû en venir aux poings quand Chrys s’est aperçue que l’arme était fausse. Tout s’est bien terminé, la police sur place a été au top, mais on a mis du temps à s’en remettre.
- Une descente militaire, toujours au Brésil dans la région de Bahia, suite à une fausse dénonciation et l’autorisation du propriétaire du terrain sur lequel on était. On s’est retrouvés face à 3 militaires armés jusqu’aux dents qui ont vite baissé la garde en nous voyant.
- On a crevé 4 fois en quasi 3 semaines sur la carreta Australe en Patagonie, malgré nos bons pneus tout terrain !
- La pandémie…
Par chance, on a encore jamais été malades !
Quelles sont les spécialités culinaires que vous avez préféré en Amérique latine ?
Les empanadas argentines et chiliennes, frites ou au four. Les Argentins vous diront qu’ils font les meilleures mais les Chiliens vous diront que ce sont des menteurs. Nous on préfère les argentines : elles sont plus petites, alors on peut en manger plus !
Les crêpes de Tapioca (manioc), spécialités du Nordeste Brésilien qui se mangent salées ou sucrées au petit déjeuner ou à toute heure du jour et de la nuit. La farine de manioc se cuit directement sans eau ni matière grasse et s’agglomère pour former les fameuses Tapiocas.
Les spécialités de la mer : des fritures brésiliennes au ceviche chilien en passant par les ostiones (pétoncles) gratinées d’Argentine. Une mention spéciale pour l’originalité du Piure Chilien. Un mollusque rouge endémique, qui pousse à même les rochers et offre une saveur iodée et subtile entre l’huître et le crabe. Avec un peu de citron vert, on adore ou l’on déteste.
Les plats gigantesques des restaurants brésiliens : inutile d’en commander deux, un seul suffira à nourrir une petite famille.
Le Merken Chilien: un mélange d’épices composé de piments fumés et de graines de coriandre. A utiliser sans modération comme un puro Chileno! Et bien évidement les barbecues follement gargantuesques et sous toutes leurs formes : du Churrasco du brésil à l’Asado des pays hispanophones. Chrys est végétarienne et finalement, de façon générale, elle n’a pas eu de difficultés quand on mangeait à l’extérieur : toujours des options ou des petites attentions, très étonnant dans des pays réputés pour leurs « asados » !
C’est quoi la suite du programme ?
Après quelques soucis mécaniques, nous sommes a nouveau sur les routes du Chili et avons atteint le désert d’Atacama célèbre pour ces paysages andins et ses observatoires astronomiques : son ciel étant d’une grande clarté, les nuits étoilées y sont à couper le souffle.
Les frontières terrestres étant toujours fermées nous projetons de profiter au maximum de ce que le Chili peut nous offrir et de rentrer en France pour la fin de l’année. La crise sanitaire aura évidement totalement chamboulé notre programme initial qui devait nous mener dans bien d’autres pays (jusqu’à la Colombie).
Mais qu’a cela ne tienne, Léon mettra 30 jours pour nous rejoindre en bateau (la chance) et reprendra la route on l’espère début 2020 pour de nouvelles aventures européennes. C’est un peu fou et secret pour l’instant.
J’espère que cette fois c’est la bonne !
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