Pérou : 3 jours de randonnée dans le canyon de Colca
0| Mis à jour le 30 juin 2020
Une histoire racontée par Romain Hamon
« Canyon de Colca, el más profundo del mundo », voilà ce qu’on pouvait lire il y a encore quelques années dans les guides de voyage. C’est ce qu’on lit encore souvent sur les flyers publicitaires que l’on trouve à Chivay, le chef-lieu du coin. Or, le canyon de Colca n’est pas le plus profond du monde. Avec ses quelques 3 400 mètres de profondeur, il se classe en deuxième position, derrière le canyon de Cotahuasi (3 500 mètres et des brouettes), toujours au Pérou mais plus à l’ouest. Qu’importe les records, nous sommes surtout là pour en prendre plein la vue pendant trois jours et étrenner nos nouvelles chaussures de sport, achetées chez Décathlon. On comprendra plus tard qu’il fallait mieux s’équiper au rayon randonnée qu’à celui consacré au tennis. Ce n’est pourtant pas faute de marcher dans de la terre battue…
Comment visiter le canyon de Colca ?
En règle générale, le trek dans le canyon de Colca s’effectue sur trois jours. Le point de départ se situe dans le joli village de Cabanaconde.
Pour arriver à Cabanaconde depuis la grande ville d’Arequipa, embarquez dans un bus de la compagnie Andalucia. Le confort est rudimentaire, la lenteur de mise (6 heures de trajet) mais le prix modique (20 Soles par personne). Si vous disposez d’un budget plus confortable, optez pour une compagnie de bus touristique.
Si vous débarquez depuis Puno et le lac Titicaca, la plupart des bus vous feront passer par Arequipa. Des compagnies de bus touristiques (Tour Rutas del Sur et 4M) vous emmènent directement jusqu’à Chivay, une ville située à une heure de route de Cabanaconde (prix : env. 150 Soles). Sur la route entre Chivay et Cabanaconde, vous pourrez vous arrêter dans les bleds de Yanque et Maca, frappés il y a quelques années par un fort séisme, mais également à de nombreux miradors, d’où vous aurez une vue époustouflante sur le canyon. Le plus fréquenté est le mirador Cruz del Condor. Levez la tête, vous pourrez observer de nombreux condors.
Où dormir à Cabanaconde ?
C’est un peu un repaire à Français -il faut dire que le barman parle la langue de Molière- mais on vous conseille vivement de dormir à l’hostel Pachamama. Les chambres doubles et les dortoirs sont propres, le petit-déjeuner copieux, la carte du restaurant alléchante (goûtez l’alpaga !) et notre bartender préféré est un spécialiste du Pisco Sour. Un conseil pour bien démarrer la randonnée : arrêtez-vous après le deuxième cocktail. Bonne nouvelle, le paiement en carte bancaire est autorisé, ce qui n’est pas le cas aux étapes suivantes.
Jour 1 : La descente de Cabanaconde à Llahuar
10 bornes, départ à 3 300 mètres d’altitude et une arrivée à 2 120 mètres d’altitude, soit un dénivelé de mille mètres en descente. Pour les tire-au-flanc comme nous, comptez 5 à 6 heures de marche.
C’est un peu avant 8h que nous entamons notre randonnée, après un bon petit-déjeuner à base de huevos revueltos (les œufs brouillés) et de paracétamol. Le Pisco Sour d’hier a laissé des traces mais il ne faut pas tarder à démarrer car le soleil cogne fort. Le début de la randonnée est une promenade de santé et nous sommes agréablement surpris d’apercevoir aussi rapidement l’oasis Sangalle, à mille mètre en contrebas.
La suite se corse un peu. Il faut descendre. La pente est abrupte, le trajet en zigzag, le chemin poussiéreux. Nos cuisses et nos mollets sont mis à rude épreuve. Personne ne parle, on serre les dents pendant deux-trois heures. On passe le premier pont, puis le deuxième. Nous rencontrons alors un campeur Australien. Dans un français impeccable, le hippie nous indique une petite « plage » de galets au bord du rio Colca, avec en prime la présence de geysers qui réchauffent l’eau. C’est l’occasion idéale pour se rafraîchir le corps et les jambes tout en se cramant (un peu) les pieds.
La fin de la randonnée est tout aussi harassante. Il faut désormais grimper pendant une heure un camino de poussière. Nous rallions enfin le Llahuar Lodge, notre refuge. Une fois sur place, on se récompense par un Coca Cola bien frais, un almuerzo (le menu soupe-riz du déjeuner) et enfin par un grand plouf dans les piscines d’eau thermale, avec une vue magnifique sur le canyon et le rio Huaruro.
Jour 2 : L’expédition jusqu’à l’oasis Sangalle
10 bornes si vous passez par Malata. 8 bornes si vous faites du hors-piste. Petit foufou ! Comptez environ 4 heures de marche.
C’est l’étape la plus facile, ou la moins difficile de cette randonnée sur trois jours à travers le canyon de Colca. Au départ de Llahuar, une ascension plutôt agréable nous emmène vers le petit village de Paccla, puis vers un mirador vous donnant encore une fois un joli point de vue sur le canyon. Partez suffisamment tôt pour ne pas vous faire piéger par le soleil. La suite ? C’est une balade sans difficulté jusqu’au petit village de Malata, puis une descente en douceur vers l’oasis Sangalle.
Si l’oasis ressemble à un havre de paix avec ses petits hôtels et ses piscines « naturelles », nous avons été surpris par l’afflux de touristes qui arrivent depuis Cabanaconde avec des guides et des mules. Les petits joueurs !
Nous avons donc largement préféré notre après-midi et notre soirée de la veille à Llahuar, plus roots et surtout plus cool.
Jour 3 : La folle remontée vers Cabanaconde
4 bornes, tout en ascension. Plus de mille mètres de dénivelé. Comptez 3h.
C’est le jour de la remontée vers Cabanaconde. Nous partons tôt (6h30 !) pour ne pas nous faire piéger par le soleil, en douce pour ne pas tomber sur le directeur de l’hôtel de Sangalle qui nous a fait cadeau des repas (soupe-riz) sans faire exprès…et surtout parce que les bus qui vont de Cabanaconde à Arequipa partent tôt : 13h ou 14h (attention, les horaires sont susceptibles de changer).
L’ascension est fatigante mais notre rythme est bon. Toutes les demi-heures, nous nous faisons doubler par une petite dizaine de touristes à dos de mule (les petits joueurs !). Finalement, après deux heures et demi d’un effort soutenu, nous arrivons au sommet, d’où la vue sur le canyon est dégagée. Il n’y a plus qu’à terminer la balade à travers les champs en direction de Cabanaconde. 20 minutes de plaisir et le sentiment du devoir accompli !
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