Faire un tour du monde solidaire
0| Mis à jour le 10 mars 2016
C’est pendant son tour du monde en stop de plus de 5 ans que Jeremy a découvert le volontariat. « Donner du sens » à son tour du monde était l’une de ses priorités. Au fil des rencontres et de ses voyages, il a participé à de nombreuses missions en tant que volontaire.
Il a bien voulu nous parler de sa première mission dans un orphelinat à Mwanza en Tanzanie qui l’a particulièrement marqué et dont le but était d’aider les enfants en leur enseignant les maths et l’anglais. Une mission remplie d’émotions et de belles rencontres mais qui lui a permis de prendre conscience de certaines dérives du volontariat.
Comment as-tu trouvé cette mission ?
Je recherchais l’hospitalité chez une famille tanzanienne sur le site internet hospitalityclub.org (l’ancêtre de Couchsurfing 😉 et oui ça date un peu déjà ! ) afin de découvrir la culture locale chez l’habitant. J’avais donc lancé une requête à ce prétendu « hôte ». Une fois arrivé dans la ville de Mwanza, il s’est avéré que cet hôte était le gérant d’un orphelinat localisé dans la banlieue de la ville. J’y ai passé deux nuits puis j’ai accepté l’invitation à étendre mon séjour à un mois.
Quelles étaient les conditions de cette mission ?
Etant arrivé d’une façon différente, les conditions le furent également. Il y avait en effet quelques volontaires allemands et canadiens qui séjournaient en même temps à cet endroit. Ceux-ci avaient organisé leur séjour depuis leurs pays respectifs et avaient tous apporté une contribution financière présentée comme un don, en plus de participer pour leurs frais d’hébergement et de nourriture.
Pour ma part, n’ayant pas prévu ce séjour et n’ayant pas à ce moment-là les moyens financiers pour apporter un don conséquent à l’organisation, j’ai simplement payé mes frais d’hébergement et de nourriture, au prix tanzanien (quelque chose aux alentours de 100 € pour un mois, durée totale de mon séjour).
Qu’est-ce que cette mission apportait aux enfants ?
Je pense que le volontariat à ce niveau apportait quelque chose de positif aux enfants. Cela leur permettait de diversifier le type d’activités, mais aussi et surtout de leur ouvrir une fenêtre sur le monde. N’ayant certainement pas la possibilité de voyager par eux-mêmes, au moins il avait un accès à différentes cultures.
Et aux voyageurs ?
À l’échelle du voyageur, cela permet aussi de garder les pieds sur terre et de comprendre comment le monde fonctionne, notamment en étant témoin des inégalités frappantes qui existent sur notre planète.
As-tu un souvenir inoubliable à nous raconter ?
J’ai été frappé lors de mon séjour par la façon dont ces jeunes orphelins savaient apprécier l’intérêt qui leur était porté. N’ayant plus de famille, peu d’accès à l’éducation (150 enfants par classe était la moyenne dans cette région), subissant un régime spartiate (une vingtaine d’enfants par chambre, même repas de purée de maïs chaque jour), et un seul mot ou un seul geste de tendresse de notre part pouvaient leur donner le sourire pour la journée. Ce souvenir me revient souvent en tête au moment des fêtes de Noël, lorsque je vois certains enfants se plaindre des cadeaux reçus des parents.
« Je pense qu’être témoin des deux extrêmes permet de garder les pieds sur terre. »
As-tu des conseils à donner aux voyageurs intéressés par une mission de volontariat ?
« Je pense qu’être simplement muni de bonnes intentions ne suffit pas pour réussir une mission de volontariat. »
En effet, il faut bien se renseigner sur l’endroit où l’on va se rendre, car il arrive que derrière de jolies descriptions de projets se cachent malheureusement d’éhontés systèmes corrompus.
J’ai par exemple appris par la suite que le gérant de l’orphelinat tanzanien où je me trouvais utilisait les dons pour ses propres besoins personnels, au lieu de tenter d’améliorer le quotidien des enfants. J’ai aussi appris que certains des enfants étaient utilisés comme main d’œuvre gratuite… Il faut donc faire attention et ne rentrer en contact qu’avec des organisations sérieuses et déjà approuvées.
J’ai toujours trouvé mes missions de bénévolat durant mon voyage par le bouche à oreille. Néanmoins, je vous encourage à regarder le site internet Travel with a Mission qui possède une bonne base de données sur des projets sérieux. Je connais le fondateur du site Ludovic Hubler, et je sais que les organisations qui y sont mentionnées sont de qualité.
Merci beaucoup à Jeremy d’avoir partagé avec nous son expérience en Tanzanie. Vous l’avez compris, faire du volontariat pendant son tour du monde est une expérience inoubliable qui vous transformera à jamais. Mais surtout informez-vous bien sur l’association pour laquelle vous allez travailler avant de vous engager pour éviter d’être déçu.
Pour en savoir plus sur l’incroyable tour du monde de Jeremy :
Son blog : Le tour du monde en stop
Facebook : Jeremy Marie
Il a aussi écrit un livre dans lequel il raconte son expérience : « Mon tour du monde en 1980 jours », chez City Editions
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