Lucie, expatriée en Chine nous raconte son quotidien à travers ses BD !
1| Mis à jour le 9 décembre 2019
Expatriée à Shanghai depuis 6 ans, Lucie a 32 ans et tient un blog BD sur sa vie en Chine. Nous lui avons posé des questions sur sa vie d’expat en Chine et son quotidien shanghaien.
Pourquoi as-tu décidé de devenir expat en Chine ?
C’est à la suite d’une opportunité professionnelle que je suis arrivée en Chine. Mais ça aurait pu être n’importe où, car j’avais très envie d’une expérience à l’étranger. Je suis d’abord venue en voyage 3 semaines : en mode sac à dos et auberge de jeunesse, j’ai visité quelques villes et j’ai adoré ce pays !
6 mois après m’être installée à Shanghai, j’ai rencontré mon copain : Teng Hui. Et à partir de là, j’ai encore plus aimé la Chine !
J’ai travaillé dans trois entreprises différentes (c’est assez facile de changer de boulot ici) et j’ai fini par me mettre à mon compte depuis l’an dernier, ce qui me permet aussi de me concentrer sur des projets personnels comme mon projet de faire des petites BD sur ma vie à Shanghai. Mon personnage s’appelle « La Ptite Lu » et je publie ses histoires sur wechat (une sorte de Facebook / Whatsapp chinois qui cartonne ici). Comme mes « followers » sont de plus en plus nombreux, je m’efforce de sortir une nouvelle BD une fois par semaine en anglais, français et chinois (un ami Chinois s’occupe de faire les traductions). Mon public est français, un peu étranger mais surtout chinois.
Je travaille également sur un second livre (un recueil de BD) qui devrait sortir à la rentrée 😉
Est-ce facile de s’expatrier en Chine ?
Ça dépend de chaque personne je crois. Pour moi, ça a été facile : j’avais une entreprise qui voulait m’embaucher, un contrat, un bon CV, assez d’expérience professionnelle donc je n’ai eu aucun problème pour avoir un visa de travail. Mais c’était il y a 6 ans. C’est de plus en plus difficile car il y a beaucoup de Français qui veulent venir en Chine. Si on n’a pas une entreprise qui s’occupe de tout, ça risque d’être compliqué voire impossible. Je connais des gens qui sont arrivés avec un visa de touriste en espérant trouver du travail mais qui ont dû repartir faute d’emploi et donc de visa.
Peux-tu nous parler un peu de la vie quotidienne ?
Banale à souhait ! Surtout étant freelance… Au final une fois installé dans son pays d’adoption, la vie quotidienne est très similaire à la vie en France : travailler, sortir avec ses amis… La seule différence, c’est qu’on n’est pas dans son pays.
Mode de vie Français VS Chinois : quelles sont les plus grosses différences ?
Je dirais que c’est l’ouverture à l’interculturalité, le fait de parler anglais, de baragouiner chinois, de côtoyer des gens de différents pays et différentes cultures : j’ai des amis Chinois, Serbes, Italiens, Américains, Singapouriens…
Je trouve aussi que c’est beaucoup plus facile de rencontrer des gens. Etant étranger et loin de nos pays, on a tous le besoin de se créer son petit cocon d’amis. Du coup, les gens sont beaucoup plus ouverts. Je me rappelle qu’à Paris où j’ai habité pendant 5 ans, je n’avais pas ce sentiment. J’avais mon cercle d’amis et je n’avais pas besoin de plus. Ils étaient là et ils restaient. Ici, tout le monde repart. En France ou ailleurs. Les amitiés sont donc fragiles et à durée limitée. Même si on reste en contact, ce n’est pas pareil.
Dans le milieu du travail, il y a beaucoup de différences. Les rapports à la hiérarchie sont différents. Les façons de penser, d’agir. On apprend à être patient, à revoir ses exigences, bref on change et on s’adapte.
Est-ce facile de s’adapter au mode de vie chinois ?
Le truc à Shanghai, c’est qu’on n’a pas besoin de s’adapter au mode de vie chinois. La communauté expat est tellement importante que tout le monde parle anglais. Il y a beaucoup de restos français ou occidentaux, très peu d’étrangers ont adopté un mode de vie « à la chinoise ». Je dois admettre qu’on vit pour la plupart dans notre petite bulle occidentale. Certains expats ne mangent jamais chinois !
J’ai pris des cours de chinois les premières années mais c’est très difficile de s’y mettre sérieusement lorsqu’on a un travail prenant. Tous les étrangers que je connais qui parlent chinois sont ceux qui sont allés à l’école et ont pris plusieurs heures de cours par jour. Avec mes 2 heures hebdomadaires, je n’ai acquis que le vocabulaire de survie. Je dois admettre que c’est très frustrant mais largement suffisant à Shanghai.
Qu’est-ce que cette expérience t’apporte au quotidien ?
Ce qui m’a surtout apporté, c’est d’avoir rencontré Teng Hui, mon copain. Étant malaisien-chinois, il m’a permis de découvrir, de comprendre et d’apprécier sa culture. On peut habiter à Shanghai et vivre comme un Français en France, ne fréquenter que des Français, manger français, parler français et au final, ça n’apporte rien. Je connais plein de Français qui vivent comme ça et je trouve ça plutôt dommage. Avec Teng Hui, j’ai l’impression d’échapper à ce piège.
Y-a-t-il des choses que tu détestes en Chine ?
La pollution et l’hiver. Un hiver terriblement froid et gris. Shanghai est considéré comme une ville du sud (je n’ai jamais compris pourquoi, avec des hivers à -10°) alors peu de bâtiments sont équipés en vrai chauffage. On a des clims qui soufflent de l’air chaud. Et en hiver, c’est là que la pollution atteint son apogée à cause des usines à charbon qui fonctionnent à plein régime. Une période que je déteste particulièrement.
As-tu une anecdote, situation rigolote à nous raconter ?
En voilà une et illustrée en plus 😉
J’en ai des dizaines d’autres qu’on peut retrouver sur mon blog :
Quel est le plat le plus « bizarre » que tu aies mangé en Chine ?
Des asticots frits ! A l’époque où je travaillais dans mon entreprise chinoise, mes collègues m’emmenaient régulièrement dans des restos chinois. Un jour, ils ont commandé des asticots en me disant que c’était bon pour la peau. (Je les soupçonne d’être un peu taquins…) Mais je n’ai pas voulu paraître impolie alors j’ai goûté. Ce n’était pas mauvais du tout ! Je crois que je les ai impressionnés 😉
J’ai aussi mangé du sperme de morue, mais ça c’était dans un restaurant japonais à Shanghai et c’est absolument délicieux !
Penses-tu au retour en France parfois ?
Ma famille et mes amis me manquent beaucoup. Je n’y retourne pas souvent malheureusement. Moins d’une fois par an. Je vais davantage en Allemagne car ma petite sœur vit à Berlin.
Ayant un copain qui ne parle pas français, je doute qu’on aille s’installer en France. Pour l’instant, nous nous plaisons à Shanghai et nous resterons tant que ce sera ainsi. Un jour, nous partirons mais quand et pour aller où… l’avenir nous le dira !
1 commentaire
greg
15 janvier 2017
Typique profil génération Y: L'avenir ? Des contraintes ? "On verra !"