On lève le pouce pour Clément, auto-stoppeur voyageur
0| Mis à jour le 27 septembre 2016
Il y a quelques mois, nous vous présentions Clément, notre reporter baroudeur. Aujourd’hui, il continue à nous émerveiller avec toujours son voyage en stop. Mais n’allez pas lui dire qu’il fait ça uniquement pour économiser de l’argent. Derrière cette démarche culottée, il y a l’envie de perpétuer la culture du stop, de rencontrer des personnes toutes plus différentes les unes que les autres, et qui partagent comme lui la passion de la découverte et de l’entraide. Clément Osé, un auto-stoppeur à qui on a forcément envie de donner un coup de pouce !
Pourquoi est-ce que tu effectues des voyages en stop ?
Faire du stop c’est un vrai lâché prise. On s’en remet à la chance pour avancer et c’est cette sensation d’incertitude qui enchante les kilomètres. J’aime ce rituel de l’auto-stoppeur. Trouver de quoi faire une pancarte, élaborer un plan pour se lancer du bon endroit (souvent pas le plus charmant il faut bien le dire) et lever son pouce pour la première fois comme on hisse le pavillon d’un bateau. En stop, vous avez une microseconde pour convaincre, ce moment où votre regard croise celui de votre conducteur potentiel. Il faut tout donner et c’est une leçon de vie. La chance sourit à ceux qui sourient. Pendant cette microseconde, le conducteur vous scanne, si vous avez le « mojo » et que vous partagez la même destination, il s’arrête. À ce moment-là, c’est la consécration, une montée d’adrénaline systématique et une sensation d’exploit.
On n’est jamais aussi content d’embarquer que quand on fait du stop.
Quels sont les pays les plus ouverts au voyage en stop ? Et ceux qui à l’inverse ne le sont pas ?
Je suis allé de Paris à Riga en stop et ça a marché partout globalement. Contrairement à ce qui se dit souvent, le stop fonctionne. À ceux qui disent que c’était plus facile avant, je réplique en levant le pouce. Je crois que faire du stop c’est militer pour que subsiste cette culture.
En quoi voyager en stop te permet de faire des rencontres ?
Je crois beaucoup à l’influence de la configuration spatiale sur les relations sociales. En stop, vous vous retrouvez avec de parfaits inconnus dans un tout petit habitacle et pendant longtemps. Autant dire que la conversation s’engage à coup sûr. Et puis les gens rencontrés en stop sont généralement ouverts et curieux, sinon ils ne se seraient pas arrêtés. C’est donc très facile de parler. J’ai ma petite histoire en réserve et ils me racontent la leur. Il y a toujours quelque chose à en tirer. J’ajouterai que quand on voyage longtemps, le stop permet de rencontrer une population qu’on n’aurait pas croisé dans des auberges de jeunesse ou dans des coins touristiques. Là, le seul dénominateur commun c’est d’être motorisé. C’est large et ça permet de rencontrer tout type de personne.
La rencontre la plus marquante que tu ais faite sur la route ?
Il y en a eu plusieurs et des très différentes justement. Si je devais parler d’une en particulier, ce serait peut-être Edgar, un type avec qui j’ai traversé la Lituanie alors que je n’avais pas prévu de le faire. La conversation était tellement prenante, on a continué sur 200 kilomètres jusqu’à sa destination et j’ai fini par l’interviewer dans le cadre des portraits de travailleurs que je réalise pour mon blog. On est encore en contact.
Quelles sont les techniques pour être pris plus rapidement ? Combien de temps attends-tu en général ?
Pour être pris plus rapidement, il faut un panneau. C’est assez fondamental pour créer le déclic chez les automobilistes. L’attitude est déterminante et c’est comme pour les entretiens d’embauche. Ça paye bien plus de sourire avec confiance que d’implorer la pitié des automobilistes. Je ne pense pas que les gens s’arrêtent uniquement pour rendre service.
Pour l’attente, elle n’a jamais dépassé deux heures et demi. En moyenne, quarante minutes peut-être. Le temps d’attente dépend faiblement du lieu.
Peux-tu nous parler d’une galère lors de tes voyages en stop ?
Il y a eu plusieurs galères mais en réalité, elles ont juste pimenté l’expérience. La première galère, c’est quand on ne partage aucune langue avec le conducteur. C’est souvent assez drôle. Je me souviens de Bogdan, chauffeur de camion à moitié sourd qui me criait du polonais à travers la cabine sans que je puisse lui répondre. On a beaucoup ri de la situation ensemble et on s’en est sorti. J’ai enregistré la conversation et je la réécoute parfois
En fait, la vraie galère c’est de ne pas être pris. L’auto-stoppeur a deux ennemis. Premièrement, la pluie. Elle le mouille et rend le jeu beaucoup moins drôle en plus de ne susciter aucune pitié chez le conducteur trop occupé avec ses essuies glaces. Deuxièmement, la nuit. Une fois que le soleil est caché, l’auto-stoppeur devient louche. Je me souviens que je faisais du stop en début de soirée dans un bois en Pologne après une jonction à pied. Les voitures accéléraient en me voyant. J’ai dû terminer à pied. Heureusement je n’étais pas loin.
N’hésitez pas à lire le récit de ses rencontres palpitantes sur son blog le Baladographe. Vous y découvrirez des belles histoires, des conversations chaleureuses mais aussi son apprentissage de la culture locale. Si vous voulez le suivre quotidiennement, il est aussi sur Instagram sous le nom de melcotenes. On retrouvera aussi prochainement d’autres histoires de Clément sur notre blog. Pouce en l’air !
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