Bons Baisers : Découvrir la permaculture dans le désert de Thar
0| Publié le 25 février 2020
Cher Chapka,
Je voulais partager avec toi ce qui restera sans doute l’expérience la plus marquante de notre voyage en Inde : pendant une semaine, nous avons vécu avec une famille dans le désert du Thar, dans le Rajasthan. Nous sommes arrivés là comme volontaires via Workaway (le principe est d’échanger 20h de travail hebdomadaires maximum contre le gite et le couvert). La famille dans laquelle nous étions tient une petite ferme en permaculture.
En arrivant, Khamish nous accueille très chaleureusement avec un masala chaï, ce thé aux épices que l’on boit tout le temps en Inde. Il nous montre notre petit chez nous pour les jours à venir : une cabane en haut d’un arbre. Elle est magnifique, c’est un rêve d’enfant qui se réalise : nous allons vivre dans une cabane que nous partageons avec des écureuils et moineaux. Il n’y a bien sûr ni eau, ni toilettes, ni électricité. La vie dans le désert est on ne peut plus minimaliste.
Le combat de Khamish pour la vie
Cher Chapka, j’ai tant à raconter de cette expérience mais aujourd’hui je voulais surtout te parler de Khamish : Khamish a grandi dans le désert et est allé se former à la permaculture en Tanzanie et en Jordanie. Il a étudié les principes de la permaculture, a compris l’interdépendance qu’il y a entre tous les êtres vivants et a appris à faire pousser des arbres avec un minimum d’eau.
Sauf qu’autour de sa ferme, Monsanto s’est installé partout. Ses pesticides recouvrent toutes les plantations du désert. La firme promet aux petits fermiers qu’ils pourront rapidement devenir riches. Et en effet, les autres vivent dans des maisons solides et se déplacent en voiture tandis que Khamish est toujours dans sa cabane avec sa femme et ses sept filles.
Mais il résiste. Il ne veut pas des pesticides, il ne veut pas de monocultures. Ici aussi, Monsanto est influent, et comme Khamish ne veut pas de ses produits chimiques, il aura moins d’eau que les autres. Et l’eau dans le désert, c’est la vie. Khamish et sa grande famille ont appris à vivre avec le minimum. On fait la vaisselle avec du sable, on lave ses cheveux longs dans un bol, on boit de l’eau mélangée à du lait… Même le riz est un produit de luxe parce qu’il faut beaucoup d’eau pour le cuire.
La restriction se sent partout, c’est comme une présence. On vit avec le manque d’eau. Dès leur plus jeune âge, les filles savent faire attention à la moindre goutte. C’est l’or bleu.
Tu imagines bien, nos corps qui ne sont pas habitués à une telle restriction ont souffert du manque d’hygiène. Nous étions trois Européens, nous avons été malades tous les trois.
L’envie de transmettre
Mais dans ce contexte, Khamish continue son combat. Toujours le sourire aux lèvres et un chaï chaud pour le visiteur. Il élève sa voix contre le géant industriel et tente d’expliquer aux fermiers qu’il est important de garder les arbres. Chaque arbre sauvé est une victoire. Chaque arbre planté est un triomphe.
Et de temps en temps, il accueille des volontaires comme nous dans sa petite ferme. Même s’il n’avait pas beaucoup de travail à nous donner en cette saison, il avait beaucoup de choses à nous apprendre et à nous transmettre.
Nous sommes très heureux d’avoir pu partager, quelques jours durant, le quotidien de cette famille, loin de tout mais qui se bat pour préserver la vie ici. Et j’ai envie de faire porter la voix de Khamish, de mettre en lumière toute cette vie pour laquelle il lutte dans un milieu des plus hostiles pour l’humain. Mais toujours avec le sourire. Toujours avec un verre de chaï.
Alors j’espère que d’autres voyageurs nous suivront rapidement et viendront vivre quelques jours dans cette belle cabane perchée dans un arbre. Et si on te demande, il faut chercher « Organic permaculture project in Thar desert » sur Workaway.
Je t’embrasse.
Léa
Bons baisers, blog voyage épistolaire
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