Récit d’un tour du monde en solo de 888 jours
0| Publié le 22 juin 2016
En voilà un projet original ! C’est celui de François, un Grenoblois, expatrié à Shanghai, puis voyageur au long cours en Chine et qui habite maintenant à Paris ! Il est parti faire le tour du monde en solo pendant 888 jours ! Pourquoi 888 jours ? Parce que c’est le temps exact qu’il lui a fallu pour découvrir le monde dans sa diversité à son rythme. Et aussi parce que le chiffre 8 est sacré en Chine mais ça c’est une autre histoire !
On a discuté avec lui et on a été vraiment bluffé par le récit de son voyage. Voici quelques points clés de son aventure autour du monde 🙂 !
Le parcours de François
Quel a été le déclic pour ce voyage ?
Tout a commencé à Shanghai où je faisais un VIE (Volontariat International en Entreprise) pour des vignerons français qui souhaitaient développer leur activité sur le marché chinois. En octobre 2010, à la fin de mon contrat, j’ai pris la route, direction le sud de la Chine et je suis revenu à Shanghai 888 jours plus tard ! Mon voyage a commencé à Shanghai et s’est terminé à Shanghai : c’était important pour moi de boucler la boucle.
Je voulais vraiment m’offrir un « instantané du monde ».
« Je suis parti sans à priori. Voir le monde au plus près de sa réalité. »
Quel itinéraire pour ce tour du monde ?
J’avais une idée globale de ce que je voulais faire et grandes zones du monde que je voulais découvrir mais je n’avais absolument rien planifié.
Mon itinéraire s’est fait selon les aspirations et il s’est précisé en fonction des visas. J’ai commencé par l’Asie du Sud-Est car c’est relativement facile d’avoir un visa (il est possible de les obtenir directement aux frontières). Puis j’ai enchaîné par un tracé Sri Lanka – Inde – Népal – Chine de nouveau – Pakistan – Iran ! Et là ce fut une autre histoire, car les VISA peuvent être très compliqués à obtenir, d’autant plus en n’étant pas dans mon pays de résidence.Mais avec du temps et de la persévérance, on y arrive toujours !
J’avais des principes qui me tenaient à cœur pendant ce voyage. Ensuite, j’ai composé selon les aléas de la route, du temps …
- Trouver le meilleur compromis pour découvrir autant de pays pauvres que riches, touristiques, non-touristiques, au nord, au sud, politiquement de droite ou de gauche etc., très visités ou presque désert…
- Piocher dans toutes les diversités, tous les endroits, quels qu’ils soient dans la mesure du possible.
Je m’étais aussi fixé certaines limites : le danger, le temps et l’argent.
Quel équipement avais-tu pour ce voyage ?
Je suis parti avec un sac à dos de 20 kilos, sans équipements particuliers, puis on me l’a volé le premier jour en Iran… J’ai ensuite refais un sac à dos de 7 kilos dans un petit sac de sport Puma que j’ai gardé pendant presque un an. C’était principalement des pays chaud, donc le strict minimum suffisait.
Le voyage
Quels sont les pays coups de cœur de ce tour du monde ?
- La Chine : j’y ai habité et j’adore ce pays et l’Extrême-Orient de manière plus large
- Oman : j’ai eu aussi un gros coup de cœur pour ce petit pays avec peu de touristes mais qui vaut vraiment le détour. Je m’y sentais vraiment très bien.
- L’Algérie : c’est un très beau pays avec peu de touristes. J’y étais encore il y a quelques mois. On a l’impression d’avoir le pays pour soi et les gens sont vraiment accueillants.
- Le Chili : c’est un pays calme, sympa et varié. J’ai beaucoup aimé.
- La Corée du Nord : pour le côté insolite !
Quels sont les pays dans lesquels tu t’es senti le moins en sécurité ?
L’Iran, Cuba, la Corée du Nord et la Chine sont les pays très sûrs, qui vont contre les idées reçues. En revanche, en tant que voyageurs, il faut accepter d’avoir plus ou moins de liberté.
Les endroits les moins sûrs pour moi sont le Pakistan le long de la frontière avec l’Afghanistan et les bordures des zones de conflits en Syrie.
Une étape marquante de ton voyage ?
La frontière du Bénin et du Nigéria, entre Cotonou et Lagos, car c’est vraiment l’une des frontières les plus chaotique et anxiogène pour un étranger seul et blanc !
Peux-tu nous raconter quelques galères qui te sont arrivées pendant ce voyage ?
Durant mon voyage, je me suis fait voler 4 fois.
- Au Pakistan à Lahore : quelqu’un est rentré dans ma chambre et m’a volé mon argent, mais il m’a quand même laissé 50€ (sympa) pour, peut-être, que je puisse me débrouiller un peu par la suite !
- Iran : un taxi est parti avec mon gros sac à dos. Il faut savoir qu’en 2011, en Iran, on ne pouvait pas retirer d’argent avec une CB étrangère. Il me semble que c’est toujours le cas. Quoi qu’il en soit, ça a été un coup très dur de se retrouver seul au milieu d’un pays étranger sans rien avec soi.
Conseil : toujours répartir son argent entre vos deux sacs au cas où vous vous en faites voler un. Comme ça, vous n’aurez jamais tout perdu.
- Zambie : en échangeant de l’argent dans la rue, le gars m’a rendu 15 euros de moins. Le temps que je compte, il était déjà parti en courant.
- Colombie : c’est un touriste qui a volé mon guide de voyage ! (Comme quoi !)
Niveau santé, j’ai été chanceux car j’ai n’ai pas eu de grosses maladies : mis à part 2 ou 3 jours en Inde (c’est assez classique).
Je n’avais pas vraiment pris de précautions avant de partir car c’était inutile au début. J’ai seulement fait le vaccin de la fièvre jaune au Maroc avant d’arriver en Afrique Noire. Pour la malaria : le traitement est très cher et mauvais pour la santé. J’ai donc opté pour la solution la plus simple : avoir quelques cachets au cas où. En cas de symptômes, il faut prendre 3 cachets d’un coup et se rendre directement en hôpital pour un diagnostic, car les médicaments ont un effet à la fois préventif et curatif.
Comment as-tu vécu la solitude pendant ce voyage ?
Il y a une citation de voyage qui dit :
« il faut au moins faire un voyage seul dans sa vie, pour se découvrir »
Et je la rejoins complètement. Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose, car ce type d’opportunité, à cet âge, n’arrive qu’une fois.
Cela m’a permis vraiment de voir les choses comme elles sont, sans le regard d’un autre. A deux, qu’on le veuille ou non, on est influencé par l’autre et notre vision des choses est biaisée.
J’ai vécu mon voyage sans contraintes, sans limites, sans personne pour influencer mes choix pendant ces deux ans et demi ! C’était parfois lourd à porter bien sûr, mais la certitude d’avoir son destin en main est une sensation tellement gratifiante.
Voyageur seul m’a permis un voyage à l’état pur, c’est à dire sans aucune contrainte ni intermédiaire, pas de date de retour, pas de contrat ni sponsor, pas d’obligation professionnelle ni barrière psychologique etc…
Parfois, on aimerait partager certains moments à deux, mais excepté quelques pays particuliers, on n’est jamais vraiment seul si on veut partager certaines choses un peu plus tard. Surtout en Amérique du sud et en Asie du Sud-est, où les voyageurs sont très nombreux. Paradoxalement, on se sent seul dans ces endroits là, mais lorsqu’on se trouve dans un pays presque sans touriste étranger (Algérie, Syrie etc.), la solitude ne pèse plus du tout.
Le retour en France
Peux-tu nous parler de ton livre « Le monde en 888 jours » ?
Je l’ai rédigé à mon retour. Il m’a permis de faire la transition entre mon voyage et mon retour dans l’environnement français (que j’avais quitté depuis 2009 pour mon travail en Chine). Dans ce livre, je parle entre autres de mon voyage en sélectionnant les moments les plus intenses de mon aventure.
Par exemple, mon épopée à la frontière Bénin / Nigéria, c’est l’un des moments les plus marquant de mon voyage ! Cet épisode n’a duré que 24h, mais il s’est passé tellement de choses que j’y consacre une quinzaine de pages.
Il y a un second volet plus observateur et analytique. J’essaie par exemple de répondre à la question « Qu’est-ce que la peur ? », ou « Qu’est-ce qu’un pays dangereux ? », ou « l’évolution des routards » etc. d’un point de vue plus journalistique. Je parle aussi de la politique de certains pays ; j’ai souvent fait le grand écart pendant ce voyage entre deux extrêmes, tels que Corée du Nord – Corée du sud ; USA – Cuba, pays très riche – pays très pauvres et le contraste devient saisissant, des nouvelles idées surgissent donc.
Enfin, le dernier chapitre, le chapitre 8, traite uniquement de la quête initiatique du voyage et du cheminement philosophique qui en découle. Ce sont mes conclusions.
Quels sont tes projets futurs ? Un nouveau voyage en prévision ?
J’ai repris le travail en mars 2015, je travaille aujourd’hui au Petit Futé. Je suis pour l’heure sédentaire mais ça reste dans l’univers du voyage et ça me permet de découvrir notre belle capitale que je ne connais finalement très peu 🙂 . Je voyage occasionnellement et repartirai tôt ou tard dans de nouvelles contrées…
Quelques chiffres clés :
888 jours – 126 000 km par voie terrestre – 60 pays traversés – 30 000 euros de dépenses tout compris – 16 000 photos – 22 ambassades et consulats pour les VISA – 14 vols en avion – on m’a volé 4 fois – et enfin, 0 agression, ou l’optimisme à l’état pur !
Portrait chinois de ton tour du monde :
Si ton voyage était :
- Un son : un son grave, profond et apaisant
- Un chiffre : le 8, sans commentaire !
- Une image : un paysage de ShanShui chinois : un ciel, des nuages, une montagne, une cascade, un arbre, un homme
- Une couleur : le blanc
- Une odeur : celle du désert, quand le vent ramène des notes de sable du fin fond des dunes
- Un plat : un « ceviche » du Pérou accompagné d’un « Pisco Sour » !
- Une sensation : celle de la certitude de faire la bonne chose au bon moment au bon endroit
Merci à François d’avoir partagé avec nous cette incroyable expérience. 888 jours autour du monde, quel voyage ! Si vous voulez en savoir plus sur son histoire et son expérience, rendez-vous sur son blog Le monde en 888 jours. Vous pouvez aussi commander son livre via le blog.
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