Partir à l’autre bout du monde après dix ans de vie parisienne
0| Mis à jour le 19 juin 2017
Quitter Paris après dix ans de vie active pour crapahuter sur les chemins du monde entier, c’est le défi que se sont lancés Jean-Benoît, 29 ans, et Anh, 31 ans. Tous les deux travaillaient dans le domaine de la génération de trafic sur internet. Ils ont décidé désormais de partir au bout du monde. Ils nous racontent leur périple, leurs coups de cœur et leurs envies.
Quel a été le déclic pour partir en voyage au bout du monde ?
Jean-Benoît : Il n’y a pas eu de déclic particulier puisque faire un tour du monde était pour moi un rêve depuis toujours. Ça l’était un peu moins pour Anh qui a déjà eu l’occasion de vivre dans plusieurs régions du monde. Comme beaucoup, on se disait qu’on allait partir « un jour ». Finalement, cela s’est fait assez naturellement. Cela faisait dix ans que nous travaillions énormément. Nous avions les économies nécessaires pour partir et l’envie de souffler et de profiter de la vie. Nous n’avons pas encore d’enfants et c’est tout de même plus compliqué de partir une fois qu’on en a. Après quatre ans chez mon dernier employeur, j’avais également le sentiment d’avoir fait le tour. Il était temps de partir sur autre chose. Bref, pas de déclic particulier, juste le sentiment que c’était le moment ou jamais.
Pourquoi avoir créé un blog ?
Le premier objectif est assez égoïste. Se créer un maximum de souvenirs pour ne pas oublier les moments que nous avons la chance de vivre. Nous sommes partis seulement depuis trois mois et nous avons déjà un immense plaisir à revivre nos premières destinations en relisant notre blog. Le deuxième objectif est de pouvoir donner des nouvelles à nos proches. Ils sont contents de pouvoir voyager avec nous par procuration. Le troisième objectif est de donner des conseils ou des idées à d’autres voyageurs. Nous avons lu beaucoup de blogs de voyageurs pour préparer notre tour du monde, nous essayons de rendre la pareille.
Vous avez commencé par l’Afrique du Sud. Comment avez-vous vécu ces premiers jours de dépaysement total ?
A titre personnel, je redoutais un peu cette première étape. Nous avions décidé de louer une voiture dès notre arrivée à l’aéroport. Cinq heures de trajet en roulant à gauche, une première pour moi. Après douze heures de vol de nuit sachant que je n’arrive jamais à dormir dans les transports. En rajoutant l’anxiété du risque lié à la criminalité en Afrique du Sud. Finalement, tout s’est très bien passé. La fatigue était largement compensée par l’excitation. La conduite à gauche nécessitait une grande concentration, surtout en ajoutant les personnes qui traversent régulièrement l’autoroute à pied. Dès le lendemain matin, nous étions à l’intérieur du Kruger Park, encerclés par une vingtaine d’éléphants. C’était parti pour une semaine de magie et de dépaysement total. Ça y est, nous y étions, le tour du monde avait bien démarré !
7 jours dans le Kruger Park (Afrique du Sud)
Vous avez enchaîné avec une petite halte à Doha. Comment réagit-on devant tant d’opulence ?
Doha était une étape « obligatoire » pour le trajet Paris – New Delhi et nous avions décidé de rester deux jours pour découvrir un pays du Golfe Persique. Nous sommes arrivés en début de soirée et avons été accueilli à l’aéroport par un expatrié philippin que nous avions rencontré sur la plateforme Couchsurfing. Comme nous étions en plein ramadan et que nous arrivions quelques minutes après le coucher du soleil, il nous a invité à rejoindre ses amis pour partager l’iftar, le repas de rupture du jeûne. Et ce repas était un barbecue, en plein milieu du désert ! Avant de découvrir l’opulence de Doha, nous avons donc partagé un barbecue en toute simplicité avec des musulmans en plein désert, en admirant le Golfe Persique sur lequel se reflétait la lune. Une expérience inoubliable !
Ce n’est finalement que le lendemain que nous avons découverts l’opulence d’un pays ou un litre d’essence coûte moins cher qu’un litre d’eau. Les buildings immenses, les grosses voitures partout, les îles artificielles, la reconstitution de Venise dans un centre commercial. Le contraste entre cette ville « tape à l’œil » et la simplicité de notre soirée de la veille était saisissant. Nous sommes ensuite allés au souk pour partager un dernier dîner délicieux avant de nous rendre à l’aéroport en direction de l’Inde.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en Inde et au Népal ?
L’Inde était l’occasion de découvrir Agra et le Taj Mahal qui est un rêve depuis que, tout petit, j’ai découvert une photo de cette merveille dans un magazine. Il arrive régulièrement que l’on soit déçu en découvrant en vrai un monument que l’on a vu en carte postale et que l’on a idéalisé. Ce n’est pas du tout le cas du Taj Mahal qui est d’une beauté absolue de loin ou de près.
L’Inde a également été une découverte culinaire puisque nous n’avons pas mangé un bout de viande pendant plus d’une semaine. Nous nous sommes rendus compte que l’on pouvait manger des plats végétariens délicieux et variés. Je dois cependant concéder qu’après une semaine, lorsque nous sommes passés devant un McDonalds, nous nous sommes jetés dessus. Inde oblige, il n’y avait pas de bœuf mais je pense que c’était le meilleur « MacDo » de ma vie.
Concernant le Népal, nous sommes arrivés à Katmandou, sa capitale. J’en avais une image romantique liée aux voyages des hippies dans les années 60. Quelle déception ! Katmandou est une des villes les plus polluées du monde. L’air est littéralement irrespirable et notre premier achat sur place a été un masque pour limiter les dégâts. Nous avons aussi découvert un pays rythmé par les coupures d’électricité puisqu’à peine 55% de la demande est couverte. Les stigmates du séisme de 2015 sont également visibles partout et beaucoup de leurs merveilleux temples sont très sérieusement dégradés aujourd’hui.
Notre plus grande expérience au Népal restera notre semaine passée à Birgunj. Cette ville frontalière avec l’Inde n’a strictement aucun intérêt touristique et nous sommes probablement les deux seuls touristes à s’y être rendus en 2016. Nous y sommes allés car nous avions rencontrés sur la plateforme Couchsurfing le directeur d’une école qui nous proposait le gîte et le couvert en l’échange de quelques cours dans son école. Nous avons donc passés une semaine dans une famille népalaise à donner des cours de français, d’informatique et même de cuisine avec la découverte des crêpes françaises !
Culinairement parlant, parlez-nous de vos découvertes dans l’Asie du Sud-Est ?
Ce n’était pas franchement une découverte car Anh est franco-vietnamienne et c’était la cinquième fois que j’allais en Asie. Plutôt que de « découvertes culinaires », parlons plutôt de « marathon culinaire ». La nourriture vietnamienne manque en effet beaucoup à Anh. Elle attendait cette étape avec impatience depuis de nombreux mois. Elle avait donc planifié militairement, presque repas par repas ce qu’on allait manger et où.
Partout où nous sommes allés, nous avons beaucoup apprécié les salades. Que ce soit les salades de mangues vertes en Thaïlande, de feuilles de thé en Birmanie ou de tige de lotus au Vietnam. Pour ma part, mon plat préféré est le Bun Cha, du vermicelle avec du porc grillé et des nems au crabe, vendu en général à midi. Le président Obama ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Il a créé le buzz il y a quelques mois en testant le Bun Cha dans un petit restaurant populaire lors de son passage à Hanoï. Si vous voulez une bonne adresse, allez au 216 rue Doi Can à Hanoi.
Vous allez passer Noël et le Nouvel An au Chili. Pourquoi ce choix ?
Lorsqu’on part pour un voyage d’un an, il n’est ni possible ni souhaitable de tout planifier méthodiquement. Le choix de passer Noël et le Nouvel An au Chili est un hasard de calendrier. Nous souhaitons être au bon moment au désert de sel en Bolivie en Janvier, où le ciel semble toucher le sol (mouillé par la pluie) pour n’en former qu’un.
Paris (et la ligne 13) vous manque-t-il ?
A vrai dire pas vraiment puisque nous y étions il y a quelques jours. Nous étions en effet à Macao où nous avions depuis notre chambre d’hôtel vue sur la réplique de la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe ou encore le Moulin Rouge. Plus sérieusement, Paris ne nous manque pas plus que ça. Deux heures de transport quotidien sur la ligne 13 est une raison à elle seule pour fuir et partir en tour du monde.Le plus gros « manque » pour Anh est l’absence de notre chat que nous avons confié à sa sœur. Nos amis nous manquent également même si nous avons régulièrement des nouvelles. Evidemment, la nourriture française nous manque beaucoup. A Hanoï, nous avons eu l’occasion de faire le plein de vrai fromage et de charcuterie française. Qu’est-ce que c’est bon ! Il n’y a pas de débat, c’est vraiment en France qu’on mange le mieux.
Après une escale en France en mai prochain, votre voyage se poursuivra en Europe de l’est…
En Europe, nous n’avons jamais été à l’est de Berlin. Or, il y a quand même beaucoup d’autres choses à découvrir. Ce début de tour du monde nous donne l’envie de découvrir d’avantage l’Europe. Si nous réalisons ce projet, ce sera probablement à un rythme moins rapide en restant plus longtemps dans les villes où nous nous arrêterons. Changer de lieu tous les deux ou trois jours va se révéler fatiguant à la longue. Il faudra de toute façon songer sérieusement à se remettre à travailler.
Envisagez-vous de vivre au bout du monde ?
Le fait de s’expatrier ou de continuer à voyager tout en travaillant en freelance est quelque chose que nous envisageons très sérieusement, d’où l’idée de l’Europe de l’Est. Pour ne rien vous cacher, ce tour du monde est aussi l’occasion pour nous de chercher un endroit où nous souhaitons nous installer.
Et du coup, où est-ce que vous vous verrez bien vivre plus d’un an ?
Pour ma part, je me vois très bien vivre dans les îles au sud de la Thaïlande ou aux Philippines. Un vrai paradis sur terre. Nous avons également beaucoup apprécié la Birmanie. C’est une destination encore assez peu touristique et où les gens sont tous d’une très grande gentillesse. Nous attendons aussi de découvrir l’Amérique du Sud où nous ne sommes encore jamais allés.
Pour continuer à suivre Anh et Jean-Benoît, qui ont décidé de partir au bout du monde, n’hésitez pas à consulter leur blog Tour du monde 5 Continents. Vous découvrirez tous leurs bons plans voyages en Afrique du Sud, en Asie et prochainement en Amérique du sud.
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