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Le blog voyage by Chapka

Street Organ Ritornellos : des rencontres musicales autour du monde

Alexis Paul ne voyage jamais seul. Et pour cause, il est toujours accompagné par sa musique. Ce mélomane sillonne les quatre coins du globe lors de son tour du monde musical avec son orgue mécanique pour des rencontres musicales intenses. Autour de son projet Organ Ritornellos, il nous emmène du Maroc au Japon, en passant par l’Argentine et la Mongolie. Une chose est certaine, Alexis est friand de nouveaux horizons, qu’ils soient touristiques ou artistiques.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre tour du monde musical ?

Je m’appelle Alexis Paul, je suis musicien et acteur culturel. En janvier 2014, j’ai lancé Street Organ Ritornellos, une aventure solitaire d’un an. J’ai traversé douze pays, accompagné d’un orgue mécanique – ou orgue de barbarie. Ce projet avait pour objectif de remettre au goût du jour un instrument à vent vieux de trois siècles et de diffuser un message poétique sur le « pouvoir » de l’art. Pour y parvenir, j’ai décidé de revoir les caractéristiques de l’instrument, puis de questionner simultanément les liens qu’entretiennent la musique et notre environnement.

Qu’est-ce que Saudaá Group ?

Avec le temps, l’idée initiale a évolué. D’un projet d’adaptation, j’ai choisi d’en faire un véritable projet de création, une entité artistique à part entière que j’ai nommé Saudaá Group. Ce mot m’a été inspiré par la translittération du mot arabe سوداء, qui exprime une forme de mélancolie, proche de la Saudade. Ainsi, Street Organ Ritornellos fait référence au projet de tournée sur un an. Saudaá Group est quant à elle l’entité artistique porteuse du projet.

Où avez-vous joué ? Avez-vous eu des changements de plans en dernière minute ?

Jusqu’ici, je suis passé par le Maroc, l’Uruguay, l’Argentine, le Chili, le Japon, la Mongolie, le Portugal et je suis actuellement en Islande. Je passerai par la Géorgie, l’Arménie, le Liban et la Grèce cet automne. Dans tous les pays précités, j’ai travaillé et joué en compagnie de musiciens locaux. Bien sûr, il y a eu des changements de dernières minutes. Par exemple, au Japon, suite à une incompréhension avec les artistes censés m’accueillir, j’ai dû annuler et organiser mon projet en plusieurs semaines avec un nombre de contact sur place très limité.

Quel est votre état d’esprit après 6 mois de voyage ?

Exaltant. Déjà, au cours de cette expérience, j’ai eu la chance de croiser des destins merveilleux, parfois dans des régions sublimes ou peu fréquentées comme le désert de Gobi, la Mer de Kumano ou le Haut Atlas marocain. À chaque fois, les sessions ont été documentées, enregistrées, et relayées par des cartes postales sonores, des vidéos ou des photos, via mon blog ou ceux de mes partenaires (France Musique, La Blogothèque, Kiblind). Le travail mené avec les artistes, en immense majorité des locaux, a systématiquement donné lieu à des répétitions et des concerts de restitution dont j’ai gardé les traces.

S’il y a eu des moments difficiles ou parfois décevants, je demeure éblouit par les paysages et les émotions qui m’ont traversé, par les souvenirs et les visages qui désormais m’accompagnent à jamais.

Est-ce facile de voyager avec un orgue de barbarie ?

C’est une aventure très complexe qui demande une détermination constante. Il faut être prêt à mettre en place toute une logistique et coopérer avec les agents en douanes, trouver des véhicules et de l’aide à chaque déplacement. L’orgue pèse 80 kg en caisse. Non ce n’est pas facile, mais ça vaut le coup.

Orgue de barbarie, indispensable a ce tour du mode musical

Une orgue de barbarie en plein désert

D’après vous, la musique permet-elle de faire plus de rencontres en voyage ?

Il faut d’abord s’entendre sur sa primauté. Si elle est le catalyseur et la raison du voyage, alors, non seulement elle permet, comme vous dîtes, ces rencontres, mais elle en détermine leur contenu et leur forme. Le moyen détermine le contenu. Autrement dit, partir avec un projet oblige à créer des liens avec les structures et les personnes locales, et nous plonge dans une vie plus proche du quotidien. Dans mon cas, ce projet n’est pas un tour du monde mais bien un parcours artistique autour du monde.

Pouvez-vous nous parler d’une découverte ?

Je pourrai par exemple vous parler de ma rencontre avec Mourad Belouadi au Maroc, que je décrivais dans mon article « Miracle de la grotte » : « L’autre miracle s’est produit bien plus tôt dans mon séjour, et la raison pour laquelle j’en parle aujourd’hui seulement est qu’il est saisissant : en effet, je ne pensais pas, en venant travailler sur les grottes, rencontrer le musicien qui a lui seul en symbolisait toute l’idée et que des années d’obscurité ont transcendé : non-voyant avant de ne plus l’être, une sorte de « Moondog à l’envers », avec le même génie mais venu du désert. » Notre collaboration fut donc quasi miraculeuse. Son nom, je l’ai déjà mentionné, c’est Mourad Belouadi et c’est celui qui est sur la photo avec le berger.

Mourad Belouadi, contributeur aux rencontres musicales de Street Organ Ritornellos

Mourad Belouadi, contributeur aux rencontres musicales de Street Organ Ritornellos

Pour le moment, quel est votre pays « coup de cœur » ?

Votre question me rappelle la nécessité absolue de faire des choix et je dois avouer que j’hésite profondément entre la beauté du Maroc et le mystère de la Mongolie.

Avez-vous une galère à nous raconter ? Ou une anecdote rigolote ?

Nous étions avec les musiciens argentins en train de tourner une vidéo dans le patio andalou au Bosque de Palermo à Buenos Aires, quand tout à coup, l’arrosage automatique du parc s’est mis à jaillir sur nous, nos instruments et notre matériel électronique. Une angoisse ! Une anecdote complètement improbable.

Il y aussi eu le jour où un douanier chilien en voyant mon orgue s’est mit à fredonner « Alouette gentille alouette ».

Quels sont vos projets futurs ?

Ne me lancez pas là-dessus, il y en a beaucoup trop. Bon, essayons de rester simple. Déjà, finir ce projet, qui lui est très actuel. Ensuite, rassembler l’ensemble du matériel sonore et visuel pour essayer de le restituer. Remercier tous les gens qui m’ont soutenu. Réfléchir à mon propre rapport à la musique et à la création pour dériver vers une nouvelle forme de magie, peut-être plus axée sur la poésie.

Bonus portrait chinois musical de votre voyage

Si votre voyage était :

–          Un son : La voix d’une femme

–          Une chanson : « Ma solitude » de Georges Moustaki

–          Une note de musique : Un si bémol

–          Un instrument : un doudouk (instrument de musique arménien à anche double comme le hautbois)

–          Un artiste :  Robert Filliou

Pour en savoir plus sur Saudaá Group, n’hésitez pas à faire un tour sur le blog de Street Organ Ritornellos. Retrouvez également les vidéos de ses concerts.

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