Roxy et Tommy ont travaillé dans une ferme à crocodiles en Australie

Une histoire racontée par Roxy et Tommy on the road

Nous avions depuis longtemps nourri le rêve de partir en PVT en Australie, mais les contraintes de la vie professionnelle semblaient rendre cette idée difficile à concrétiser. Puis la crise sanitaire du Covid et ses restrictions sont arrivées, et pour nous, ce fut le déclic : « dès que ce sera fini, nous partirons à l’aventure ! » Cependant, étant déjà de fervents amateurs de péripéties en tous genres et de dépassement de soi, simplement prendre un avion pour arriver en Australie ne nous satisfaisait pas vraiment. Alors pourquoi  ne pas y aller à vélo ? C’est ainsi que nous nous sommes lancés dans un voyage à vélo de 20 500 km, emportant avec nous tout l’essentiel pour une telle aventure.

Après 18  mois et 25 pays traversés, nous avons enfin  atteint notre destination  : l’Australie. Nous   mettions pied à  terre dans l’un des coins les plus sauvages du pays : Darwin, dans le Northern Territory.  Là, nous avons trouvé exactement ce à quoi nous nous attendions en imaginant l’Australie depuis  la France : une terre rouge, des kangourous, des serpents, des crocodiles et des étendues à perte de vue.

Il était temps de chercher un emploi après ces longs mois de vadrouille à travers le monde, d’autant plus  que le coût de la  vie dans le pays du « Down Under » n’est pas donné. Contre toute attente, notre expérience d’explorateurs à deux roues nous a immédiatement ouvert les  portes d’un emploi bien particulier : travailler dans une ferme à  crocodiles.

Le manager nous avait prévenus “Je vous ai pris parce que vous avez l’air d’avoir le goût de l’aventure ! » La  ferme se trouvant de  l’autre côté  de la  rivière  Victoria, elle n’est donc pas accessible pendant la période des pluies, qui commençait sous peu. Nous avons dû faire des courses pour trois  mois, donc bien calculer la quantité de nourriture et…de papiers toilettes ! Ce fut un beau défi, à notre image. Nous avons laissé nos vélos à Darwin et sommes partis au fin fond de l’outback, où se trouvait la ferme.  Heureusement, il y  avait de la wifi grâce au satellite et la clim à la maison !

Une fois sur place, après seulement quelques jours de formation avec notre manager, il nous a laissés  tout  seuls  pour  retourner  gérer  une  seconde  ferme  dans  le  Queensland, à plusieurs milliers de  kilomètres de là. Bon, on était pas vraiment tous seuls. Nous étions quand même accompagnés par  3000 crocodiles ! Pendant 2 mois, nous avons été seuls à gérer les reptiles, à les nourrir, à nettoyer les enclos… Ces crocos « d’eau salée », mesurant entre 40 et 100 cm, se  nourrissent de viande de kangourou  conservée dans une  immense chambre  froide. La zone est tellement reculée qu’il n’est pas possible d’y faire des allers/retours, qui plus est les crocodiles ne demandent pas beaucoup d’attention. À part nourrir nos petits bébés et nettoyer des enclos, nous n’avions pas grand-chose à faire. Une fois toutes les deux semaines, nous devions faire la maintenance du générateur qui nous approvisionnait en électricité. Au total, nous travaillons 4 à 5 heures par jour, et le reste du temps, nous trions des photos de notre voyage à vélo et écrivons des articles. Une expérience inimaginable. Nous étions seuls au  monde.

De temps en temps, des hélicoptères atterrissaient dans le jardin pour nous livrer des œufs de crocodiles collectés dans les zones sauvages, directement dans les nids de maman crocodiles. Ensuite, nous devions les nettoyer, marquer l’évolution et les placer dans l’incubateur pendant 70  jours. Après cette période, des milliers de petits nez commençaient à percer des œufs et nous avons dû placer tous les bébés crocos dans de petites baignoires et les nourrir.

La saison des pluies s’est avérée plus cataclysmique que d’habitude et la rivière est sortie de son lit pour inonder la ferme. Petit à petit, jour après jour, nous voyions la rivière monter. Après une semaine de  pluie, l’eau était dans le salon. Nous avions les pieds dans l’eau et avons dû être héliportés vers la ville la plus proche, à 250 km de là. Nous avons profité de cette situation un peu stressante pour admirer le territoire depuis les airs. C’était magnifique.

Finalement, à notre retour 10 jours plus tard, la ferme était   en mauvais état et il a fallu tout nettoyer. Heureusement, les crocodiles étaient toujours là. Nous nous en  sommes occupés pendant encore un mois, puis avons décidé de poursuivre nos aventures, cette  fois-ci  vers la civilisation, au sud, à Perth.

Ce fut une expérience inoubliable, que beaucoup d’Australiens nous envient lors de nos discussions  quotidiennes. Comme ils le disent eux-mêmes : « vous êtes bien plus Australiens que nous ! »