Stéphie : « J’ai vécu pendant 10 ans dans une dizaine de pays différents »
0| Mis à jour le 27 septembre 2016
Vous aussi vous avez la bougeotte ? Aujourd’hui la mobilité fait partie de notre vie et de nombreux Français se lancent dans l’aventure. Monter une auberge de jeunesse en Thaïlande, un business en Colombie, travailler pour une agence d’architectes à Hong Kong … autant de projets qui sont possibles aujourd’hui. Seul(e) ou en famille, l’expatriation ne fait plus peur et permet à beaucoup de réaliser leurs rêves.
Nous avons échangé avec Stéphie, une jeune maman adepte de l’« anti-routine » et de l’expatriation . Elle a vécu pendant dix ans dans une dizaine de pays différents. De retour depuis deux ans en France (mais pas pour longtemps), elle a bien voulu nous parler de son incroyable parcours d’abord seule, puis à deux et enfin en famille à travers le monde.
Retour sur un parcours international et peu banal !
Le parcours d’expatrié de Stéphie
Etudiante, alors que je m’apprête à passer les épreuves écrites du CAPES de lettres modernes, je ne pense qu’à une seule chose : partir ! Je bifurque vers une maîtrise de FLE (Français Langue Étrangère) avec comme seul objectif : mettre les voiles le plus vite possible.
Première expatriation : l’Inde – 5 mois
Mars 2004 : c’est le grand saut de l’expatriation. Et quel saut ! J’ai 24 ans, et alors que je n’ai jamais vécu ailleurs qu’à Nantes, ma ville natale, sauf pour les vacances, je pars effectuer un stage de quatre mois à l’Alliance Française de Chennai, en Inde ! Je profite de la période de mon stage pour explorer les Etats du Sud – Tamil Nadu, Kerala et Karnataka, et je resterai dans le pays un mois de plus, pour découvrir le Nord.
Deuxième expatriation : la Tanzanie – 1 an
Septembre 2005 : Je repars à l’étranger, cette fois en Tanzanie, pour effectuer un Volontariat International d’un an (VIA) auprès de l’Alliance française de Dar es Salaam, en tant que coordinatrice pédagogique.
C’est là que je rencontre mon mari, en Volontariat International lui aussi (VIE). Des rêves plein la tête et des étincelles plein les yeux, nous décidons de partir en voyage pour une durée indéterminée.
Notre idée n’est pas vraiment de faire un « tour du monde » classique (boucle en passant par les cinq continents), mais plutôt de prendre le temps et de nous laisser porter. Nous nous lançons dans l’aventure sans rien organiser, ou presque ! Pas d’itinéraire, quelques passages en France sur le parcours, pas de date de retour … juste une liste d’envies !
Long voyage d’un an et demi
Septembre 2006 : C’est parti pour un long voyage !
Notre voyage, initié en Tanzanie (deux mois), nous entraînera au Malawi (quelques jours), puis au Sénégal et au Mali (trois mois). De retour en France pour notre mariage, nous décidons de poursuivre notre voyage en Europe, histoire de me refaire une santé, bien éprouvée après ces aventures africaines (et en particulier à cause du paludisme contracté en Tanzanie). Nous achetons une voiture et enchaînons avec un road-trip en Europe : France, Espagne, Suisse, Italie, puis cap sur l’Asie : Inde du nord (deux mois), Thaïlande (deux semaines à Bangkok), et Cambodge (deux semaines). C’est ici, sur la route menant de Phnom Penh aux temples d’Angkor, que s’achève brutalement notre voyage, par un accident de moto qui me vaut plusieurs fractures au genou. Je suis rapatriée à Nantes, où je me fais opérer et où je suis hospitalisée deux mois dans un centre de rééducation.
Six mois plus tard, je lâche mes béquilles. J’ai profité de cette immobilisation forcée pour reprendre mes études et j’ai obtenu un poste de Directrice des cours à l’Alliance Française de Cayenne en Guyane. C’est le début d’une nouvelle aventure !
Troisième « expatriation » : la Guyane – 1 an et demi
Nous resterons un an et demi en Guyane et c’est là que naîtra notre premier garçon.
Quatrième expatriation : la Malaisie – 7 mois au total entrecoupés de voyages
Février 2010 : L’expatriation en Thaïlande nous tente. Mais le pays vit l’un des épisodes les plus sanglants de son histoire. En attendant, nous décidons de rejoindre le pays voisin, la Malaisie (avec une étape en France, puis en Égypte tant qu’à faire !), sans trop savoir où cela va nous mener, et avec un bébé de sept mois dans les bras.
Onze mois, de février à décembre 2010, c’est le temps qu’il faut à Alex, mon mari, pour décrocher un emploi confortable à Jakarta en Indonésie et à moi pour boucler et valider mon mémoire de master. Onze mois sans domicile fixe, principalement à Kuala Lumpur en Malaisie (trois mois), avec des sauts à Singapour, en Australie, en France, au Cambodge et en Thaïlande (par deux reprises). A un an, Nolan est un vrai globe-trotteur, qui a déjà posé ses quatre pattes sur les cinq continents !
De janvier à avril 2011, Alex passe plus de temps au siège de sa boîte, à Kuala Lumpur, qu’à Jakarta. En attendant que la situation se stabilise, nous posons nos valises dans la capitale malaise.
Cinquième expatriation : l’Indonésie – deux ans
Juin 2011 : Après un petit passage par la France, Nolan et moi partons rejoindre Alex en Indonésie. Nous y resterons deux ans, au cours desquels je serais bénévole dans une association internationale et salariée à l’Institut Français Indonesia (IFI). Né en France en mars 2012, notre deuxième garçon, Timéo, vivra ses premières années là-bas ! Nous profitons d’être sur place pour explorer à fond l’Indonésie, et pour rendre visite à mon frère qui vit en Australie. Sydney n’est qu’à huit heures de vol de Jakarta !
Deux ans à Jakarta nous a suffi. En juin 2013, nous fuyons la pollution et la circulation pour retourner nous installer à Kuala Lumpur, où siège l’entreprise d’Alex. Mais après presque quatre ans en Asie, l’envie de prendre le large nous démange fortement. Cinq mois plus tard, nous quittons définitivement la Malaisie pour un second long voyage, cette fois en famille, et en Afrique, notre continent de prédilection.
Long voyage de quatre mois en Afrique
Février 2014 : Direction l’Éthiopie, où un bon ami nous a invités à son mariage. Une belle occasion de découvrir l’Afrique de l’Est avec nos enfants (Kenya, Tanzanie, Mozambique) et de leur faire découvrir le pays où leurs parents se sont rencontrés neuf ans plus tôt !
Retrouvez d’ailleurs tous les conseils de Stéphie pour voyager avec des enfants dans les pays tropicaux.
Le Retour en France
Comment avez-vous pris la décision de rentrer en France après tant d’années d’expatriation ?
Pendant notre voyage, nous avons pris une grande décision : revenir vivre en France quelques années. L’idée a germé dans nos têtes, alors que nous étions encore en Indonésie, en voyant tous ces expatriés faire des allers venus entre leur pays d’origine et leur pays d’accueil pour s’occuper de leurs parents vieillissants et malades. Nous voulons que nos enfants profitent de leurs grands-parents tant qu’ils sont en forme. Et ça vaut pour nous aussi. C’est pourquoi nous avons choisi de nous installer à Nantes, où vit ma famille.
Deux ans que vous êtes rentrés. Le bilan ?
Ce retour en France a été l’occasion pour mon mari de se mettre à son compte, ce à quoi il pensait depuis un moment, et pour moi de développer de nouvelles compétences, puisque à peine rentrée, j’ai décroché un poste dans l’événementiel culturel.
Et puis bien-sûr, nous profitons à fond de nos proches ! Mais après deux ans, nous ne pensons qu’à repartir vivre à l’étranger !
Nous ne souhaitons pas nous établir en France, même si notre situation financière nous permettait de nous payer de beaux voyages pendant les vacances. Ce que nous aimons, c’est d’abord profiter du soleil toute l’année et déconnecter chaque weekend de la routine quotidienne ! C’est ensuite toucher le cœur d’un pays pour en découvrir l’âme… poser nos valises dans un pays où l’on a tout à apprendre, s’immerger dans la culture du pays, la comprendre et l’intégrer, parler la langue, rayonner, l’explorer… jusqu’à ce qu’on ait le sentiment d’en avoir fait le tour…
Justement, quels sont tes projets du moment ?
Nous projetons de repartir vivre à l’étranger, mais nous ne savons pas encore quand, ni où, ni comment. Avec deux enfants, nous ne pouvons pas nous permettre de faire comme nous l’avons fait dans le passé pour l’Asie avec Nolan qui avait alors sept mois, enfiler nos sacs sur le dos et partir… Nous ne partirons que si nous avons des revenus assurés. Quand on vit à l’étranger, qui plus est avec des enfants en âge d’être scolarisés, il faut penser à tous les frais que ça engendre : la couverture maladie, l’école,…
J’ai arrêté de travailler depuis bientôt deux mois. Je me lance dans un projet d’écriture d’un roman qui racontera, sur toile de fond historique, les voyages de trois générations dans ma famille : ceux de mon arrière-grand-père, marin à l’époque coloniale, ceux de mon oncle, marin dans les années 70, et les miens. Sans le savoir, j’ai voyagé dans leurs pas, à Pondichéry, à Cayenne… j’ai envie de fouiller les mémoires et l’histoire, de faire des connexions, et de partager mes trouvailles avec le public. Ce livre se veut aussi pour moi un questionnement intérieur, une sorte de quête d’identité : pourquoi ai-je ce besoin constant de voyager, de partir ? Une autre forme de voyage en quelque sorte…
Parallèlement, j’espère trouver plus de temps pour alimenter mon blog www.mavienomade.com. Sur ce blog, et dans des conférences que j’anime, je parle de nos voyages, des bienfaits du voyage avec les enfants et j’essaie de faire passer l’idée que voyager avec des enfants dans les pays exotiques, c’est possible !
Merci à Stéphie d’avoir partagé avec nous sa vie nomade. Retrouvez toutes ses aventures et expériences sur son blog « Ma Vie Nomade » et sur Facebook. Si vous partez voyager ou vous expatrier avec des enfants, n’hésitez pas à la contacter, elle a des milliers d’infos à vous donner et sera ravie de vous conseiller.
Et n’oubliez pas ! Des beaux projets d’expatriation, il y en a aussi à découvrir ans notre film Génération Expat :
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