Sur la route de la Pachamama, d’Argentine en Colombie
0| Mis à jour le 20 juillet 2017
Angélique, 28 ans, est une journaliste engagée dans les causes environnementales. Après avoir passé quatre ans à vadrouiller dans l’Hexagone pour France 3, elle a décidé de faire du tourisme responsable en Amérique du Sud. Elle nous raconte son expérience, ses rencontres, ses découvertes, ses espérances…
Raconte-nous le projet Sur la route de la Pachamama ?
Pachamama signifie Madre Tierra, la Terre Mère pour les peuples indigènes comme les Quechua et les Aymara. L’objectif de mon projet est de travailler sur le lien entre l’homme et la nature. Depuis bientôt neuf mois, je voyage à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui ont un lien fort à la terre et qui s’engagent pour la préserver. Il peut s’agir de membres de communautés indigènes, de paysans ou de citoyens engagés.
Tu es adeptes du slow travel. Peux-tu nous en dire plus sur ce mode de voyage ?
J’aime prendre le temps de profiter au maximum du moment présent. Mon objectif n’est pas de cocher des cases dans une liste pour dire « j’ai fait cela et cela » mais plutôt de prendre le temps de la rencontre, de l’échange. Le voyage est beaucoup plus riche aussi. C’est certain que cela implique d’avoir du temps devant soi.
Tu as commencé ton voyage en Uruguay. As-tu fait des découvertes intéressantes sur place ?
En Uruguay, la rencontre la plus marquante était celle de Miguel, un ingénieur agronome de 76 ans qui travaille la terre avec passion. Il pratique l’agro-écologie, c’est à dire qu’il n’utilise aucun pesticide ni engrais chimique. À la place, il associe des légumes entre eux afin qu’ils se protègent. Il travaille aussi avec des écoles pour transmettre son savoir aux enfants.
J’y ai également rencontré un groupe de jeunes amis qui ont uni leurs forces pour construire la première école latino-américaine autonome en énergie. Un bel exemple. Cela montre qu’agir pour la planète est à la portée de tous.
Tu as découvert une communauté proche de Buenos Aires. Raconte-nous.
Les personnes qui se réunissent là-bas souhaitent inventer un nouveau mode de vie plus durable. Ils développent notamment la permaculture et l’éco-construction. Chacun vient avec ses atouts. On apprend beaucoup des autres.
As-tu trouvé des projets alternatifs et solidaires au Chili ?
J’ai passé beaucoup de temps dans les communautés mapuche du Chili. C’est un peuple très lié à son territoire. Leur cosmovision a un rapport étroit avec la nature.
J’ai participé à la construction d’une maison écologique en forme d’escargot vers Valparaiso, avec un architecte charpentier un peu fou. C’était un homme passionnant qui m’a beaucoup appris sur la construction écologique. Cette maison est construite dans un endroit qui s’appelle Pio Pio, une communauté où l’art s’inscrit dans le décor.
Quelle est la rencontre qui t’as le plus marqué pour le moment ?
Je pense que c’est celle avec Carlos Pailamanque, lonko (chef spirituel) d’une communauté mapuche au Chili. C’est un homme sage qui vit de manière très humble, même s’il est conscient du monde qui l’entoure et des menaces qui pèsent sur son environnement. Nous avons parlé pendant de longues heures et j’ai beaucoup appris à ses côtés.
En Bolivie, j’ai rencontré German, un ingénieur agronome qui travaille avec les petits producteurs pour développer l’agroforesterie. Cela consiste à associer arbres fruitiers, légumes et arbres natifs afin qu’ils se protègent mutuellement et enrichissent le sol. Ensemble, nous avons beaucoup rêvé et refait le monde. Il m’a dit quelque chose qui restera gravé dans ma mémoire :
« On ne devrait pas labelliser l’agriculture biologique car cela devrait être l’agriculture normale. Il faudrait plutôt indiquer lorsque la nourriture est produite avec des produits chimiques. Comme sur les paquets de cigarettes, on devrait écrire « manger tue ». German, ingénieur agronome bolivien.
Qu’as-tu découvert d’incroyable en remontant le continent latino-américain ?
En Bolivie, j’ai découvert les cultures Quechua, Tacana et je me suis éduqué à l’agroforesterie. Aujourd’hui, une nouvelle porte s’ouvre, celle de l’Amazonie. J’espère rencontre des hommes et des femmes qui vivent en communion avec la nature. Il me reste encore beaucoup à apprendre au Pérou, en Equateur et en Colombie. J’espère découvrir les cultures indigènes et faire du volontariat dans des projets agricoles ou de constructions écologiques.
Tu as fait un partenariat avec des établissements scolaires. Concrètement, comment ça se passe ?
J’ai été enchanté par ces projets avec les enfants. C’était très important pour moi de partager mes découvertes avec les élèves de l’école dans laquelle je suis allée étant petite. Voyager est possible pour tous, même quand on vient d’une famille modeste d’un petit village de campagne. Régulièrement, je leur envoie un mail avec des photos. Cela leur permet d’apprendre énormément sur la géographie, les cultures, etc.
En partant, ils m’ont offert une figurine du Petit Prince. Je la photographie dans les destinations que je visite. Les enfants ont écrit pendant l’année scolaire le récit de mes aventures avec le Petit Prince. C’est à la fois ludique et drôle.
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