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Le blog voyage by Chapka

Revivre l’Islande

Texte et photographies de Olivier Joly, journaliste photographe et auteur

Je n’habite pas l’Islande, c’est l’Islande qui m’habite. Quand on ne peut plus monter dans les avions, c’est pratique: il suffit d’ouvrir une carte du pays, de poser son regard sur un nom évocateur, disons Maelifell, Langisjór ou Askja, et les souvenirs ressurgissent comme la neige à l’automne. Ils m’emmènent sous l’horizon des volcans, dans les déserts noirs et les steppes moussues où j’use mes semelles depuis plus de dix ans. Ils me donnent des fourmis dans les jambes et secouent mon cœur comme des remontées magmatiques.

J’ai sillonné en toutes saisons ce caillou de lave boréal en équilibre sous le cercle polaire. J’ai photographié les paysages au fusain de l’hiver, vécu le retour des oiseaux migrateurs sur les côtes de basalte, crapahuté pendant les jours éternels de l’été. J’ai aimé chaque instant passé sur cette terre austère et enchantée. Avec une prédilection pour l’automne. Durant ce court entre-deux, on trouve des couleurs rousses, des arcs-en-ciel qui tranchent un ciel épique, des sentiers déserts et un vrai parfum d’aventure. En plus, les aurores boréales sont de retour.

Pendant la transhumance automnale, appelée réttir, j’accompagne les fermiers qui s’en vont à cheval chercher leurs troupeaux dans les Hautes terres. Retrouver ses brebis dans un labyrinthe de collines, de canyons profonds et de rivières à traverser à gué est un art ancestral. Le réttir existe depuis la colonisation de l’Islande, au 9e siècle. Il est une des nombreuses traditions qui survivent sur cette île à nulle autre pareille. Les enfants portent encore des noms d’oiseaux et de volcans, ils connaissent par cœur les dates des grandes éruptions et les personnages des sagas médiévales. On trouve même sur les tables de fête du requin faisandé et des têtes de mouton, comme au temps des Vikings.

En Islande, un peuple à l’âme bien trempée a appris à vivre au contact d’une nature ardente, en sachant qu’elle aura toujours le dernier mot. D’une minute à l’autre, une rivière de boue née d’un séisme sous-glaciaire peut arracher un pont et obliger un fermier, parti acheter de la morue séchée à dix kilomètres de chez lui, à faire un détour de mille kilomètres pour rentrer à la maison. Les éruptions, les tempêtes, le blizzard et autres aléas telluriques et climatiques ont sculpté l’âme de ces femmes et de ces hommes. Leur devise, Thetta reddast («Tout finira par s’arranger»), est forgée par douze siècles de résilience.

Cette âme islandaise est au cœur de mon livre SAGAS. Pour cette échappée photographique dans une Islande millénaire, le noir & blanc s’est imposé. Il est le langage d’un temps immémorial, le seul à même de transmettre la force brute de mes émotions. Mes photos montrent les paysages et les visages de l’Islande. Elles suggèrent le sifflement du vent, le chant des ruisseaux, le fracas des cascades, le silence de la neige, la solitude et l’isolement… Entre les pages de ce livre, les chevaux galopent dans la toundra, les églises en bois défient l’Histoire et les enfants font de la liberté leur plus beau terrain de jeu. L’Islande que je vous fais découvrir est une fantaisie géographique, un miracle arraché au temps. Elle vit intensément en moi. Mais puisqu’on peut à nouveau voyager, je la retrouverai cet automne.

SAGAS, 192 pages, 140 photos. Le livre et des tirages sont en précommande à tarif préférentiel sur le site de Hemeria.

Soutenez SAGAS via la campagne de Crowdfunding.

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